Publié le 23 septembre 2021 à 10h30 - Dernière mise à jour le 1 novembre 2022 à 16h28
Un an après l’explosion du 4 août 2020 qui a ravagé le port de Beyrouth, l’Institut du monde arabe rend hommage à la vitalité et à la résilience de la scène artistique libanaise. Avec l’exposition Lumières du Liban. Art moderne et contemporain de 1950 à aujourd’hui (21 septembre-2 janvier 2022), l’IMA célèbre la prodigieuse créativité des artistes modernes et contemporains du Liban et de ses diasporas, du lendemain de son indépendance en 1943 jusqu’à nos jours, avec des œuvres de Shafic Abboud, Etel Adnan, Saliba Douaihy, Paul Guiragossian, Hussein Madi, Assadour, Chaouki Choukini, Ayman Baalbaki, Zad Moultaka, Serwan Baran, Hala Matta, Hiba Kalache, Zena Assi ou encore Tagreed Darghouth. À cette occasion, l’IMA inaugurera un tout nouvel espace d’exposition et de formation : «L’Espace des donateurs».
Plus d’une centaine d’œuvres réalisées par 55 artistes sont révélées pour l’occasion. Elles ont été sélectionnées parmi la collection d’art moderne et contemporain arabe de l’IMA, la plus importante en Europe (avec son fonds de près de 600 œuvres libanaises) depuis sa fusion avec la donation majeure de Claude et France Lemand en 2018, donation constamment enrichie depuis lors. «Avec Lumières du Liban, l’Institut du monde arabe exprime sa pleine solidarité avec le peuple libanais, et son monde des arts et de la culture», explique Jack Lang, président de l’IMA. Claude Lemand ajoute : «Cette exposition témoigne de la face lumineuse d’un autre Liban, celle de ses artistes et de ses créateurs. Elle montre combien ce petit pays est grand, et combien, malgré ses malheurs, les victimes et la crise, il demeure le creuset humain et culturel qu’il a toujours été».
De 1950 à aujourd’hui : Trois générations d’artistes modernes et contemporains
Lumières du Liban rappelle la place singulière de la scène libanaise des arts plastiques depuis l’indépendance du pays, et rend compte de la complexité et de la richesse artistique, humaine, géographique, historique et culturelle du Liban. Scandée par des conflits et des crises allant de la guerre civile (1975-1990) jusqu’à l’explosion du port de Beyrouth en août 2020, cette histoire, parfois chaotique, ne doit pas occulter son rôle de creuset culturel majeur, toujours bien vivant aujourd’hui : Un rôle joué par ce pays depuis l’Antiquité, ainsi qu’en témoignait l’exposition «Liban, l’autre rive» présentée à l’IMA en 1998-1999. L’exposition retrace en filigrane sept décennies d’histoire de l’art que scandent l’effervescence après l’indépendance du Liban en 1943 et l’après-Deuxième Guerre mondiale, les déchirures de la guerre civile et de l’exil, le bouillonnement artistique de la mondialisation…
De nombreuses œuvres
«Lumières du Liban» réunit de nombreuses œuvres – peintures, dessins, sculptures et objets, livres d’artiste, photographies et vidéos, estampes, textiles, céramiques et installations – signées par des artistes modernes et contemporains, désormais internationalement reconnus. Peintures de Shafic Abboud, leporellos d’Etel Adnan, mais aussi des œuvres de Saliba Douaihy, Paul Guiragossian, Hussein Madi, Assadour, Chaouki Choukini, Ayman Baalbaki… La jeune création est représentée par Zad Moultaka, Serwan Baran, Hala Matta, Hiba Kalache, Zena Assi ou encore Tagreed Darghouth, tous nés dans les années 1960-1970, avec des créations de 2020 et 2021.
L’exposition illustre le dynamisme de la Donation Lemand avec ces nombreuses acquisitions en art actuel signées par 30 nouveaux artistes (Moultaka, Baran, Matta, Kalache…) ici dévoilées. À travers cette sélection, l’exposition met en avant des personnalités et des prises de positions esthétiques d’artistes, tout autant du Liban que de ses diasporas, avec une attention particulière aux trajectoires qui révèlent le dialogue ininterrompu entre Beyrouth et Paris. Elle témoigne aussi de la liberté de penser et de créer que des artistes d’autres contrées du monde arabe ont trouvé à Beyrouth. En effet, cette ville-lumière de l’Orient a été le berceau de la Nahda laïque libanaise, qui a promu une renaissance des lettres et de la pensée politique et sociale visant à inscrire le monde arabe dans la modernité.
Lumières du Liban révèle enfin les onze lauréats de l’appel à projet, lancé auprès de jeunes artistes du Liban (21-35 ans) en 2020. Invités à concevoir, dans le médium de leur choix, une œuvre évoquant Beyrouth telle qu’ils la sentent, la voient ou l’imaginent, cet appel a été initié et financé par le Fonds Claude et France Lemand-IMA, au lendemain de l’explosion des silos portuaires beyrouthins, afin d’atténuer, autant que faire se peut, son impact sur le réseau artistique de la ville, déjà fortement touché par la crise économique et sanitaire.
Lumières du Liban s’inspire du poète arabe Adonis, un des auteurs du catalogue, qui écrit : «Lumières de Beyrouth. Cette capitale a été et demeure un lieu qui favorise la liberté de penser, de créer et de vivre, elle stimule le dialogue et la confrontation des idées et des expériences, elle est ouverte à toutes les tendances en cours dans le monde, malgré la pression des conformismes et des despotismes religieux, sociaux et politiques.»
«L’Espace des donateurs» : un nouvel espace signé Carl Gerges
L’exposition Lumières du Liban inaugure également « L’Espace des donateurs ». Réalisé grâce au soutien de la Fondation Barjeel et de la Galerie Claude Lemand, l’aménagement de ce nouvel espace au sein de l’IMA a été confié à l’architecte libanais Carl Gerges, figure de la jeune génération libanaise, également connu comme batteur du groupe iconique Mashrou’ Leila.
La rédaction
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