Publié le 19 septembre 2014 à 8h09 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h11
Une femme suspendue à un grand élastique traversant la scène dans une presque totale obscurité. Des visages se reflétant dans une glace. Des hommes en blouse blanche. Des femmes en noir. Un homme gisant inconscient. Une ambiance d’apocalypse, de rêve, de rédemption, et de veillée funèbre. «L’oubliée» de Raphaëlle Boitel que l’on peut voir au G.T.P. d’Aix jusqu’au 20 septembre moment de danse et de théâtre où le thème du dépassement de soi est abordé de manière poétique, est une merveille visuelle et sonore. Inspiré par des femmes visionnaires à qui l’on rend hommage, (Loïe-Fuller, Camille Claudel ou la Comtesse de Cagliostro) le récit se développe avec une foule de détails tenant à la fois de la danse et de l’art cinématographique. Il y est question du deuil, de destins croisés, de l’absence du père, et de la place de l’amant, de la mort qui frappe l’innocent, de fraternité et d’amour. Raphaëlle Boitel, artiste née le 8 août 1984 que l’on a entendu aux côtés des chanteurs Joseph d’Anvers, Da Silva et Didier Zampas joue ici dans un mélange de générosité et de rigueur. Ses danses impressionnent le spectateur et ici tous les instants musicaux sont de grands moments artistiques. On le doit également au parti-pris de la metteur en scène transformant le quotidien parfois sinistre en une sonate en cœur simple. C’est très beau, et très ingénieux. Très émouvant aussi et servi par 7 comédiens le récit prend une dimension de tragédie et de fable. Une réussite avec un choix musical d’une intelligence rare. On en redemande !
Jean-Rémi BARLAND
« L’oublié (e) » au G.T.P. Jusqu’au 20 septembre à 20h30.
