Interview – Federico Tibone, chef assistant à l’Opéra de Marseille : « Une maison lyrique chargée d’histoire, qui veut ouvrir ses portes à toutes les générations de public »

Publié le 25 septembre 2023 à  18h59 - Dernière mise à  jour le 29 septembre 2023 à  10h07

Succédant à Clelia Cafiero et Nestor Bayona au poste de chef assistant auprès du directeur musical de l’Opéra, Federico Tibone attaque sa deuxième saison marseillaise au cours de laquelle, entre autres activités, il programmera et dirigera deux concerts en famille. Interview.

Destimed Federico Tibone chef assistant a lOpera de Marseille
Federico Tibone, chef assistant à l’Opéra de Marseille (Photo DR)

Destimed : Être assistant du directeur musical de l’Opéra de Marseille est-ce une étape importante dans le parcours d’un jeune chef d’orchestre ?

Federico Tibone : Tout à fait. Lorsqu’on est instrumentiste, on peut jouer son instrument chez soi sans problème. Le chef d’orchestre, lui, n’a pas d’instrument à sa disposition à domicile, il lui faut travailler avec un orchestre et c’est difficile d’en trouver un. Être chef assistant permet donc de pratiquer son métier mais aussi de poursuivre sa formation auprès de grands maîtres ; je cherchais ce poste et j’ai eu la chance d’être choisi par Lawrence Foster à l’issue d’auditions de recrutement.

Vous êtes pianiste de formation avant d’avoir orienté votre carrière vers la direction. Aujourd’hui avez-vous opté définitivement pour l’une des deux carrières ?

j’ai débuté comme pianiste en solo, puis j’ai fait de la musique de chambre et je suis devenu chef de chant à l’opéra. J’ai découvert un monde fascinant et j’ai eu envie d’aller plus loin et d’aborder la direction musicale ; j’avais envie d’être à la barre du navire et de n’être pas qu’un des éléments qui le fait avancer. Aujourd’hui je pense que mon choix est définitif. Mais je reste proche du piano qui est un instrument magnifique et même si je joue moins, j’adore accompagner des chanteurs en récital.

A Marseille, Michele Spotti succède à Lawrence Foster cette année, comment vit-on un tel changement ?

J’ai la chance d’avoir travaillé l’an dernier sur un concert avec Michele Spotti. Nous nous sommes très bien entendus et c’est une chance de passer d’un chef expérimenté, à la longue carrière à un chef trentenaire qui travaille de façon différente et qui donne une énergie nouvelle à un orchestre. De plus Michele Spotti est très apprécié par les membres de l’orchestre. Je pense que nous allons vivre de beaux moments musicaux ; j’ai hâte…

 Que vous apportent ces maîtres de générations différentes ?

Beaucoup de choses. Avec Lawrence Foster c’était peut-être un peu plus de la transmission d’héritage. Un jour il m’a montré une photo où il était en compagnie de Karl Böhm. Et il m’a fait travailler des partitions sur lesquelles lui même avait travaillé avec maestro Böhm… Avec Michele Spotti c’est la chance d’apprendre d’un jeune chef qui est reconnu dans les plus grandes maisons dans le monde. Ce sera bien entendu différent, plus moderne, plus en prise avec la réalité d’aujourd’hui. Dans les deux cas j’apprends et je continue mon enrichissement personnel de chef d’orchestre.

Vous être chargé de la mise en place des concerts en famille

En fait Maurice Xiberras m’a proposé l’année dernière de prendre en charge ces concerts. Nous avons pu dégager deux dates et j’ai mis en place une programmation en fonction des contraintes du plateau. J’ai mis en place deux concerts très différents l’un de l’autre, le premier classique avec Mozart et Mendelssohn, l’autre beaucoup plus varié avec plus d’instruments, de couleurs, comme un voyage à travers le monde.

Quel est le but de ces concerts ?

C’est de proposer des rendez-vous destinés à un public qui fréquente peu ou pas du tout l’Opéra. La possibilité pour un large public familial de découvrir l’opéra de Marseille, la plus grande salle de France après le Palais Garnier, d’assister à une présentation du concert au foyer ce qui permettra aux public qui le désire de mieux comprendre les œuvres avant de les écouter. Ces concerts sont assez courts, une heure environ, et on n’aura  pas le temps de s’ennuyer. Ce devrait être une belle expérience pour celles et ceux qui viendront…

Vous attaquez votre deuxième saison à l’Opéra et vous vivez donc à Marseille, ville d’accueil, notamment des Italiens à une certaine époque. On dit souvent de l’opéra local qu’il est très italien ; percevez-vous une réelle « italianité » de cette ville ?

Je trouve que Marseille est effectivement plus proche de mon pays qu’une ville comme Paris, par exemple ; les gens sont ouverts, vivent dans la rue, dans les petits cafés… Puis il y a aussi la présence de la mer qui pour moi compte beaucoup. Concernant l’opéra, c’est une maison chargée d’histoire avec une vraie tradition entretenue par un public connaisseur et chaleureux, parfois chaud lorsqu’il n’est pas satisfait… Une façon d’être très italienne. Puis c’est vrai que la programmation réserve une place au répertoire italien pour la plus grande satisfaction des mélomanes marseillais. Des œuvres servies par les distributions exceptionnelles mises en place par Maurice Xiberras. Au demeurant, nombreux sont les artistes lyriques qui désirent venir chanter à Marseille. C’est un signe !

Une fois terminée votre collaboration à Marseille, quel avenir s’ouvrira devant vous ?

Ce sera une nouvelle étape à franchir. Je ne peux pas en parler, mais il y a une piste… Pour l’heure c’est mon travail ici qui est le plus important !

Propos recueillis par Michel EGEA

«Concert en famille » sur le thème « Enfants prodiges » le samedi 7 octobre à 16 heures à l’Opéra de Marseille. Au programme : Rossini, Mozart et Mendelssohn. Échanges au foyer avec Federico Tibone 45 minutes avant le concert. Tarif : jeune public 5 €, adultes 12 €. Plus d’info et réservations opera.marseille.fr

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