Publié le 6 août 2013 à 15h09 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h07
Durant la période du Ramadan entre 170 000 et 200 000 palestiniens ont pu se rendre en Israël, les autorités militaires israéliennes ayant allégé le dispositif de contrôle aux points de passage entre la Cisjordanie et Israël. Ils ont pu librement rendre visite à des amis ou à de la famille, aller faire des achats dans les grands centres commerciaux, ou tout simplement aller à la plage. Le tourisme palestinien en Israël a permis aux commerces, aux restaurants de faire de bonnes affaires. Il n’y a eu, à ce jour, ni violence, ni incidents. Dans le même temps, à Gaza, la situation est toute autre. Les espoirs du Hamas, qui détient tous les pouvoirs, de voir le mouvement des Frères musulmans se renforcer et s’étendre, s’évanouissent avec le départ forcé du Président égyptien Morsi du pouvoir. Le nouveau régime en place en Égypte considère le Hamas comme une entité ennemie, note Alex Fishman, journaliste israélien. Les Égyptiens ont procédé à la fermeture de plus de 80% des tunnels qui relient Gaza à la région du Sinaï en Égypte, et qui assurent le passage de marchandises et de personnes.
Le Hamas a bien tenté de demander aux Égyptiens de rouvrir le point de passage de Rafah pour la fin du Ramadan. La réponse fut cinglante : adressez votre demande par l’intermédiaire de Mahmoud Abbas, Président de l’Autorité palestinienne. Selon le site égyptien Youm7, l’Égypte a décidé de bloquer le voyage que le Premier ministre turc, Erdogan, comptait effectuer à Gaza la fin du mois. Pourtant cette visite avait pour objectif de faire pression sur Israël afin que celui-ci lève le blocus naval sur Gaza. La raison invoquée par les Égyptiens : le soutien des Turcs au Président Morsi et aux Frères musulmans. De plus, le soutien financier turc accordé au Hamas est bloqué.
On comprend, dans ces conditions, que la position de Khaled Meshal, responsable du Hamas à Gaza, est de plus en plus inconfortable. Ses ennuis sur le plan extérieur, sont relayés par des soucis croissants sur le plan intérieur. Il a de plus en plus de difficultés à empêcher les activistes du Jihad Islamique à envoyer des roquettes sur Israël, entraînant des mesures de représailles. De plus, le nombre de palestiniens, probablement affiliés au Hamas, arrêtés en Cisjordanie par l’armée israélienne, aidée, semble-t-il par les services palestiniens ne cesse de croître. Dans la première moitié de 2013 plus de 1 400 palestiniens ont été arrêtés (une moyenne de 8 par jour), ce qui représente une augmentation de plus du quart par rapport au premier semestre 2012. Le nombre d’attaques violentes en Cisjordanie a ainsi diminué de plus de 50% dans la même période.
Les négociations entre israéliens et palestiniens ont repris sous l’égide des américains. L’atmosphère entre Saeb Erakat, Mohammad Shtayyeh, négociateurs palestiniens et Tsipi Livni, et Molcho, négociateurs israéliens semble bonne. Certes la négociation sera difficile et il n’est pas exclu, qu’elle puisse échouer. Dans cette hypothèse, il y aura pour les deux partenaires un prix à payer. L’optimisme répandu, affiché, à juste titre, en 1993, lors des accords d’Oslo, n’est plus de mise. Il est même de bon ton d’afficher son pessimisme. Cependant il ne faut pas tomber dans l’excès inverse et faire preuve d’un pessimisme tous aussi excessif. Il faut, à notre avis, être d’un optimisme modéré. En tout état de cause et concernant le Hamas à Gaza, il est clair que l’heure du choix approche. Soit il pense que les négociations vont échouer et il jouera alors la politique du pire, soit il recherchera à entrer dans le jeu de la négociation. Il faudra, tout d’abord, que les négociations entre le Hamas à Gaza et le Fatah en Cisjordanie reprennent et aboutissent, alors que les points de la négociation entre les deux mouvements sont nombreux et difficiles.
*Le groupe d’Aix, présidé par Gilbert Benhayoun comprend des économistes palestiniens, israéliens et internationaux, des universitaires, des experts et des politiques.