Publié le 25 mai 2015 à 23h34 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h57
Le ton est cordial, franc et sans détour. Lors de sa première rencontre avec les membres de la Commission locale d’information qui s’est tenue le lundi 18 mai dans l’ambiance feutrée de la salle du conseil, Bernard Bigot, le nouveau directeur général d’ITER ne se dérobe pas. Il dresse un tableau de la situation sans complaisance aux membres présents : représentants d’associations environnementales, d’organisations syndicales, élus, experts… Les sept premières années, de 2007 à 2014, ont été des années d’apprentissage marquées par la longue mise en place de l’organisation du projet en même temps que son démarrage, une répartition d’engagements techniques et scientifiques fixée sur des raisonnements politiques et non d’efficacité, une gestion rendue d’autant plus complexe que l’essentiel de l’installation de recherche repose sur la fourniture de composants de la machine fabriqués par chaque pays partenaire de l’organisation internationale.
En 2013, un rapport d’audit a pointé sans complaisance les faiblesses du projet en particulier dans le domaine de la gestion du projet et recommandé le changement de directeur général. C’est dans ce contexte que la candidature de Bernard Bigot a été présentée aux membres du conseil sur la base du plan d’actions qui a été élaboré avec toutes les parties concernées. «Arrivé à une étape clé avec le démarrage de la phase d’assemblage, le projet est face à l’heure de choix et de contraintes. Près de 2000 personnes travaillent aujourd’hui dans le monde pour la réalisation d’ITER, ce qui représente un coût de 200 millions d’euros par an environ. Certaines questions techniques sont débattues depuis plus de six ans sans que de réelles décisions aient été prises. Or chaque jour où nous ne prenons pas de décision, cela coûte un million d’euros de plus. Mon rôle est de mettre en œuvre le plan d’actions élaboré et partagé par tous les partenaires pour trouver des solutions, optimiser et gérer les surcoûts engendrés notamment par le glissement du calendrier», a-t-il expliqué.
Tout en glissant une allusion sur la symbolique du chiffre 7, il a pris soin de détailler ces actions déployées depuis début avril :
– La première action concerne le mandat de confiance que lui a accordé le Conseil ITER qui lui permettra de faire les choix nécessaires;
– la deuxième s’est traduite par la mise en œuvre d’une nouvel organigramme simplifié;
– la troisième concerne la mise en place d’un Executive Project Board, véritable organe de décision et d’arbitrage, qu’il dirige ;
-la quatrième a permis de créer une réserve financière centrale qui permet à l’organisation de mettre en œuvre des décisions rapidement ;
– la cinquième se traduit par la création d’équipes intégrées qui mixent les personnels de toutes les structures (organisation internationale et agences domestiques) pour n’avoir qu’un seul interlocuteur ;
– la sixième vise le développement d’une culture nucléaire au sein du projet avec en particulier la nomination de François Gauché à compter du 15 juin 2015 qui pilotait le programme Astrid au CEA et qui a dirigé l’Agence ITER France de 2006 à 2010;
– et, la septième passe par la mise en œuvre de nouvelles règles administratives et de gestion du personnel.
Mais pour l’heure, aucune date de mise en route de la machine ne sort. « Je veux être sûr que tous les partenaires sont en mesure de tenir un calendrier réaliste avant de pouvoir annoncer une date fiable»,indique-t-il. En revanche, les élus présents ont été soulagés d’apprendre qu’il n’est pas prévu de solliciter de nouveau les collectivités locales qui se sont engagées à hauteur de 467 millions d’euros alors même que le territoire d’ITER a déjà engrangé près de 1,5 milliard d’euros de contrats.
M.S Energymed