Publié le 2 novembre 2017 à 9h01 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 17h43
Et une claque, une, l’association MJ1, qui réunit les grands acteurs de l’attractivité du territoire, publics comme privés, vient de dévoiler la programmation prévue jusqu’à la fin 2017. Et c’est peu dire que le coup d’envoi a tout d’un uppercut tant il est fort, dense. Les 8 expositions venues des Rencontres d’Arles sous l’intitulé « Le Monde tel qu’il va » sont autant d’invitation à l’émotion, à la réflexion, à la lucidité. « Le monde tel qu’il va » offre, en effet, une plongée au cœur d’une géopolitique complexe et bouillonnante. Dans la foulée, à partir du 8 mars 2018, la photographie sera à nouveau à l’honneur dans le cadre de « Quel amour » avec une carte blanche donnée à JR et Korakrit Arunanondchai, deux artistes contemporains de dimension internationale.
Du territoire divisé de Chypre aux rives du Bosphore, en passant par les zones frontalières sub-saharienne, la Libye déchirée entre guerre et réfugiés. La folie des hommes n’est pas sans impact sur la nature, Gideon Mendel explore la dimension humaine du changement climatique en se concentrant sur les inondations par-delà les frontières géographiques et culturelles. Et comment ne pas être happé par le travail de Mathieu Asselin sur Monsanto? Des photos rappellent « l’apport » de cette société à la guerre du Vietnam, son repositionnement, avec la même efficacité, dans « l’agro-alimentaire ». Philippe Dudouit met en lumière une histoire tout aussi peu riante. Il a mené une étude photographique à long terme sur l’évolution sociopolitique de la zone sahélo-saharienne depuis 2008. Terrorisme islamiste, trafic d’êtres humains, de drogue et d’armes se combinent là avec une rivalité internationale pour remporter les concessions d’exploitation de pétrole, d’or et d’uranium. Alors, comment ne pas penser aux paroles de Lavilliers: «Comment va le monde? Il est rouge sang/ Et à mon avis, il l’est pour longtemps/ Comment va la vie? Il y a des endroits/ Elle vaut dix dollars combien je te dois». Et puis il y a la vuelta, 27 photographes et artistes colombiens explorent les mutations du paysage culturel, social et politique ainsi que l’histoire du conflit armé qui a duré soixante ans et qui a alimenté le trafic de drogue. Parmi eux, Juan Pablo Echeverri qui, à l’heure du selfie roi, revisite avec humour cette pratique, se montre en super-héros.
Le J1 a été un des lieux emblématiques de la Capitale européenne de la culture 2013, il en sera de même en 2018 avec « quel amour ». Kevin Polizzi, Président de Jaguar Network souligne: Nous nous sommes réunis à 19 acteurs publics et privés pour faire de ce J1 un pôle d’attractivité. Un J1 qui est un hangar de deux étages en béton armé de 22 000 m², construit en 1923 par la Société Eiffel, sur les quais du port de Marseille, à la Joliette (2e). Il rappelle que 8 événements publics et privés ont déjà été organisés par le MJ1 accueillant au total 8 000 personnes. Sandra Chalinet, directrice des Terrasses du Port se réjouit de voir le J1 offrir, gratuitement, cette exposition des Rencontres d’Arles. Elle précise qu’en 2018 le J1 accueillera l’artiste français JR qui imagine une installation monumentale. Pour les spectateurs, les possibilités de circulation sont démultipliées dans un cheminement tant physique que mental. Puis se sera au tour de l’artiste thaïlandais vivant à New York, Korakrit Arunanondchai, d’investir le grand plateau du J1. Il explorera ses thèmes de prédilection: la spiritualité dans un monde globalisé et le frottement entre animisme et technologies modernes.
Anne-Marie d’Estienne d’Orves, l’adjointe au maire de Marseille en charge de la culture se félicite pour sa part de ce partenariat avec les Rencontres d’Arles avant de rappeler: «Après le succès remarquable rencontré en 2013 lors de la capitale européenne de la culture avec plus de 300 000 visiteurs, il s’agit de réinvestir ce lieu pour en faire un lieu d’attractivité du territoire». Insiste sur le lien culture, économie, tourisme.
Sam Stourdzé, le directeur des Rencontres d’Arles se réjouit de venir au J1: «Nous dépensons beaucoup d’énergie à monter les expositions et, même si nous accueillons 110 000 visiteurs, c’est pour nous un crève-cœur de remballer l’exposition au bout de trois mois. Quel plaisir de prolonger de trois mois à Marseille. Si vous ne venez pas à nous c’est nous qui venons à vous avec 38 artistes».
Raymond Vidil, armateur marseillais, président de l’association MPCulture se souvient: «J’ai commencé en 75 dans le maritime, mes bateaux faisaient escale entre le J1 et le J4 et le J1 accueillait des marchandises ». Un J1 comme un lien entre deux temps de Marseille et d’en venir à 2018: «Un événement construit collectivement. Le collectif, la seule méthode pour que cela marche». «MP2018, ajoute-t-il, ce sera 200 événements sur tout le territoire et une déclaration d’amour aux arts, aux artistes et au territoire»
Michel CAIRE
Exposition le Monde tel qui va ouverte les vendredi, samedi et dimanche de 10h à 18h et pendant les vacances scolaires du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Entrée libre.