Publié le 24 août 2013 à 22h52 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h12
Entre un Jean-Vincent Placé ou une Éva joly extrêmement critiques sur la première année de gouvernement, et des ministres écologistes qui défendent leur action au gouvernement, le débat de ce vendredi soir 23 août, animé par Daniel Schneidermann, fondateur d’@rrêt sur images, n’a pas manqué d’électricité, surtout lorsqu’il a été question du nucléaire.
Pascal Pavageau, secrétaire confédéral FO interrogé sur le bilan de la première année tonne: « La non renégociation du traité d’austérité pose problème. Cela impose un triptyque austérité, flexibilité et compétitivité. La destruction des services publics se poursuit, la modernisation de l’action publique (MAP), n’est rien d’autre que la révision générale des politiques publiques (RGPP), sous un autre nom. Si le gouvernement poursuit cette réforme de l’administration territoriale, la France, entre 1997 et 2017, aura subi la destruction de plus des 2/3 de ces services. Et puis, même si le texte n’a pas été présenté nous pouvons être inquiet en matière de retraite. Depuis 1993 nous avons déjà eu à subir cinq contre-réformes en ce domaine, et le gouvernement, pour faire plaisir au marché, semble bien vouloir nous en mettre une sixième. Parti comme ça, c’est parti pour la retraite de la mort ».
« Le positif c’est bien sûr la mariage pour tous »
Daniel Schneidermann se tourne alors vers François de Rugy, co-président du groupe écologiste à l’Assemblée Nationale, pour lui demander à quel moment il a été le plus fier de son soutien au gouvernement et celui où il a éprouvé la plus grande frustration. « Le positif, c’est bien sûr le mariage pour tous. Et rares sont les lois qui font descendre nos concitoyens dans la rue, contre certes, mais aussi pour. La frustration réside dans les promesses non tenues : le manque de choix clairs du gouvernement, les difficultés à trancher politiquement. On parle d’une fiscalité écologique, mais pour 2016 ; d’une loi sur le cumul des mandats, mais en 2017 ».
Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat cite également le mariage pour tous en positif. Concernant les frustrations, cela va encore plus loin : « Cette première année a été gâchée par sa politique sociale et écologique qui n’est pas celle que nous attendions ». Daniel Schneidermann lui arrache finalement que des avancées ont eu lieu, en matière de rénovation thermique, dans l’action conduite par Pascal Canfin, ministre chargé du développement. Mais Jean-Vincent Placé tient, immédiatement, à revenir sur « sa plus grande insatisfaction ». « Les rendez-vous manqués avec le Traité européen. Bruxelles est ultra-libérale, ultra-antidémocratique, il fallait dire non à ce Traité « Merkozy » qui implique la politique de rigueur. Là, réside l’échec durable du gouvernement ».
« nous agissons dans un champ de contraintes »
La parole est donnée à Pascal Canfin pour qui des avancées ont bien eu lieu en un an. « Après, il est vrai que nous agissons dans un champ de contraintes, mais c’est la noblesse du politique de faire bouger les lignes dans un contexte complexe ». Concernant Bruxelles, la rigueur, il indique: « Un débat tactique a eu lieu pour savoir si nous prenions de front le Pacte européen où si nous faisions avec, pour desserrer l’étau. C’est cette deuxième position que nous avons choisi et je pense que nous avons eu raison car nous n’avions pas de majorité en Europe pour une attaque frontale ».
« rétablir un équilibre entre les salaires et les profils »
Derrière lui, c’est Alain Lipietz qui demande la parole. « Je pense que le pacte ne sera jamais appliqué, en revanche, son esprit est mis en œuvre avec la compression sur les dépenses publiques. Nous sommes aujourd’hui face à une politique qui est l’équivalent de celle menée par Laval dans les premières années de la crise de 1930, alors que ce qu’il faut c’est rétablir un équilibre entre les salaires et les profils. Et cette politique de pression sur la dépense publique se met en place alors que nous sommes face à deux crises écologiques majeures : le changement climatique et la crise alimentaire qui imposent un énorme niveau d’investissement public. C’est pour cela que je demande au gouvernement de changer de cap ».
C’est au tour de Cécile Duflot d’intervenir. « Nous ne menons pas une politique austéritaire lorsque nous engageons des politiques sociales qui nécessitent des fonds publics. Après, oui, nous avons des regrets, oui il manque un vrai cap et il reste nécessaire de clarifier certains débats. Mais je peux aussi vous dire que, parfois, même si cela ne se voit pas, nous sommes efficaces ».
Le deuxièmement temps du débat portera sur les questions énergétiques, à savoir, surtout, sur le nucléaire.
« il faut convaincre la population, c’est ça la démocratie »
Karine Gavand, Greenpeace, estime qu’aucune mesure n’a été prise en un an sur le nucléaire. Elle s’en prend à EELV en leur disant qu’ils ont oublié l’accord qu’ils ont signé avec le PS et qui comprend notamment un volet sur la réduction de la part du nucléaire.
Denis Baupin, EELV, trouve la critique injuste. Une action est selon lui mené et « elle porte ses fruits » puisque le ministre de l’écologie est venu, la veille, annoncer que le pouvoir de décider des fermetures des installations nucléaires va revenir au politique. « Alors oui, nous n’avons pas gagné sur tout, mais nous, nous avons fait le pari du politique ».
Ce qui n’empêche pas France Nature Environnement de considérer également que sur le nucléaire il y a un vrai problème de cohérence. Pascal Durand, secrétaire national EELV, intervient : « Voilà trente ans que je manifeste contre le nucléaire, que je dis que c’est le pire. Après, il faut convaincre la population, c’est ça la démocratie ».
Pascal Pavageau, sera sifflé lorsqu’il juge que la méthode utilisé pour la fermeture de Fessenheim n’est pas la bonne. « On prend une décision dogmatique sans savoir si on peut fermer, sans savoir ce qu’on va faire en terme d’emplois. Et c’est pareil pour la filière nucléaire qui compte, avec les emplois induits, entre 300 et 400 000 emplois. On peut siffler, mais c’est une réalité, des gens sont dans l’angoisse, ne savent pas ce qu’il va advenir d’eux. Et il n’entre pas dans notre mission d’être les garants de l’intérêt général , nous sommes un syndicat qui est là pour défendre les salariés ».
Puis Eva Joly d’exprimer sa déception sur cette première année de mandat. « Ce gouvernement ne résiste pas aux lobbies. Et sur ce point, nous avons peu fait bouger les lignes ». Puis de signifier: « Nous avons une ministre de la Justice extraordinaire, nous devons être avec elle pour obtenir l’indépendance du Parquet ».
Daniel Schneidermann s’étonne : « On n’a pas parlé d’énergie, juste du nucléaire. Les vrais débats sur la transition semble difficile à avoir. Des questions se posent pourtant. Ainsi j’étais persuadé que la transition en Allemagne se construisait à partir des énergies renouvelables, or elle s’accomplit aussi avec le charbon et le lignite ». Une Verte allemande lui répond: « Le plus important c’est de dire non au nucléaire, ce qu’a fait l’Allemagne. Après, le charbon, c’est une décision condamnable de Merkel ».
Michel CAIRE