Publié le 24 novembre 2013 à 10h18 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h40
C’est avec un art consommé du verbe, de la diplomatie et donc des rapports de force que les 16 présidents des communautés urbaines et métropole (majoritairement de gauche) ont accueilli Anne-Marie Escoffier, la ministre déléguée à la décentralisation. Curiosité de ces journées, elles se sont déroulées à Marseille, le seul endroit où existe une opposition à la métropole, à laquelle aspire tous les autres communautés. Les présidents, par la voix du Dunkerquois Michel Delebarre, président de l’association des communautés urbaines, ont reconnu être entendus, mesurent les avancées, expriment des souhaits, déplorent de voir leurs communautés « fragilisées par des dispositions financières contradictoires ».
Mais il est vrai qu’avant toute chose, les présidents saluent « les avancées et la véritable armature de la France » que propose la loi « Modernisation de l’action publique et affirmation des métropoles ».
Ainsi, au côté des métropoles, à statut particulier, de Paris, Lyon et Marseille, de la Métropole Européenne de Lille, de l’Eurométropole de Strasbourg et de la Métropole de Nice, sont créées des métropoles dans les agglomérations les plus peuplées ou regroupant des fonctions de type métropolitain. Toutes sont dotées de compétences élargies en matière d’habitat, de mobilité durable, d’énergie, de développement économique ou encore d’enseignement supérieur et de recherche.
Mais, « l’effet cumulé de la baisse de la valeur ajoutée des entreprises, de la réforme de la cotisation foncière des entreprises et du repli des dotations de l’État, additionné à l’augmentation des dépenses contraintes conduira à une baisse significative des dépenses d’investissement et de fonctionnement en 2014 ».
Les interventions se succèdent, chacun insiste sur les questions financières. Ainsi, Jacques Bigot, le président de la communauté urbaine de Strasbourg avance : « Si nos recettes sont sans cesse amputées on ne pourra plus répondre aux besoins ». Vincent Feltesse, le président de la communauté urbaine de Bordeaux plaide en faveur d’avancées démocratiques et souhaite que le principe avancé de recours au suffrage universel en 2020, pour l’élection des représentants des métropoles, se traduise dans les faits. Il souhaite d’autre part qu’un travail soit accompli sur l’articulation entre les métropoles et les autres territoires. S’il apprécie lui aussi les avancées, un bémol s’impose aussi pour lui : « les finances ».
Michel Destot, le président de l’association des grandes villes de France juge : « Si on ne libère pas les territoires on va droit dans le mur. Et c’est dans les grands pôles urbains qu’on trouve le taux de développement le plus élevé, celui qui permet à notre Pays de ne pas tomber dans la récession ».
« Nos collectivités ont de l’argent… Mais ce n’est pas une raison pour nous en piquer tout le temps »
Puis vient le tour de Michel Delebarre, de prendre la parole, il rappelle : « Il y a un an nous avions parlé du texte de loi que nous espérions. Il est venu et cette année restera globalement positive. Tout n’est pas réglé mais les choses avancent ».
Il poursuit : « Il faudra que le gouvernement se rende compte que le destin de ce pays passe par le développement de la France urbaine ». Puis d’affirmer avec humour : « Bien sûr que nos collectivités ont de l’argent… Mais ce n’est pas une raison pour nous en piquer tout le temps. Alors le Premier ministre a le courage de dire qu’il faut revoir notre fiscalité. Et effectivement il faut faire de la transparence, voir jusqu’où l’on peut aller ». Selon lui : « C’est un chantier qu’il ne faut pas abandonner si on ne veut pas tuer la dynamique de la France urbaine ».
Alors, Anne-Marie Escoffier avance que « La France n’est pas un territoire unique et c’est de sa diversité que naît sa richesse comme vous en faites la preuve en innovant des recettes différentes, adaptées à vos spécificités ». Ce qui ne l’empêche pas d’admettre : « Oui, il y aura une baisse globale des dotations aux collectivités en 2014 de 1,5 milliard d’euros. Ce n’est pas neutre même si cela ne représente que 0,7% des dotations réelles de fonctionnement des collectivités ». Mais d’ajouter que les collectivités territoriales seraient associées au chantier de la réforme fiscale.
Finalement, au terme de ces deux jours de travail, Eugène Caselli, le président de Marseille Provence Métropole, se réjouit « de rencontres fructueuses lors desquelles s’est exprimée la volonté de faire avancer le fait urbain pour jouer la compétition entre territoires européens en première division ».
En 2014, les Journées des communautés urbaines seront accueillis par Dunkerque.
Michel CAIRE