Publié le 8 janvier 2020 à 14h47 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
La jeune chanteuse marseillaise, Lansky Namek, sélectionnée dans le best of international 2019 de Madame Rap, à l’occasion de la sortie de son premier titre Arkham, revient sur son parcours, ses sources d’inspiration, et ses aspirations. Le portrait d’une artiste généreuse et surdouée, à la voix puissante servant un texte engagé, appelée à marquer la scène musicale et au-delà…
Destimed: Lansky Namek on vous a découvert grâce à votre premier clip, Arkham, mis en ligne sur YouTube le premier décembre 2019 et déjà un second est annoncé. Mais qui êtes-vous donc, une météorite de la musique française ou un astre appelé à durer ?
Lansky Namek : Tout d’abord bonjour (petit rire). Je suis une artiste et pour la suite on verra. Je ne me considère pas uniquement comme une rappeuse ou une chanteuse. J’ai plusieurs facettes. Un jour vous me verrez faire du Rap, le lendemain de la soul ou du punk, le jour d’après, je taperai dans le ballon ou dans un punching ball. J’aime l’art graphique sous toutes ses formes, du street art au tatouage. Seule l’émotion compte. Et dans ce parcours, j’ai la grande chance d’être accompagné par le Kint Flosh crew ! Je suis polyvalente. Aussi, le terme d’artiste me convient parfaitement car je ne me laisse enfermer dans aucune case ou catégorie.
On sent bien dans votre clip cet aspect «multicarte» avec de nombreuses compétences. On retrouve plusieurs styles picturaux où se mêlent le noir et blanc et la couleur, une image très léchée, travaillée tout en retenue et en contrepoint quelque chose de plus transgressif. Et dans la musique il y a à la fois du Rap et des passages très mélodieux. Tout cela au service d’un texte qui est loin de laisser indifférent. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Pour en revenir à l’image, c’est un choix. J’aime les contrastes tant au niveau des couleurs que de l’expression corporelle où la danse contemporaine dialogue avec du Breakdance. Cette confrontation se retrouve également entre paroles et musique où j’oppose quelque chose d’assez mélodieux avec une « instru » qui intègre du piano, par exemple, portant des paroles assez franches traitant de folie, de flammes ou d’addiction. Je suis une personne entière et sincère qui n’a pas vraiment de curseur. Je n’essaye pas de brider mon expression artistique. Le fait d’aller d’un extrême à l’autre est ce qui caractérise le mieux ma musique.
Vous vous définissez comme excessive. Pourtant, votre premier clip est déjà un travail très maitrisé?
Être excessif, n’est pas synonyme de chaos, de désorganisation ou d’absence de repères. Je joue sur les contrastes. Je mets en connexion des expressions et des langages différents. Ce qui me permet de sortir des cadres habituels, des standards, d’aller au-delà. J’essaye de jouer avec toutes les cartes que j’ai dans les mains. Je ne me limite pas à un seul genre. Être transversale, c’est ma façon de faire passer un message, comme je le dis dans ARKHAM. Et si ça peut faire réfléchir, alors tant mieux.
Pourquoi avoir utilisé le noir et blanc, ce n’est pas un peu risqué pour un premier clip?
Le noir et blanc pour moi, c’est revenir aux fondamentaux, aux grands classiques. C’est une forme d’exigence car on doit capter l’émotion à travers des contraintes, des moyens limités, un camaïeu très restreint. L’absence de couleur impose de travailler les nuances qui elles sont infinies. A ce propos, je tiens à remercier Screenshot avec qui j’ai collaboré pour Arkham .
Vous jouez avec les extrêmes pour faire naître l’émotion?
Ma musique est faite d’ascenseurs émotionnels. Elle se nourrit de mes états d’âme. Mais elle peut naitre également, en regardant les gens évoluer autour de moi, dans leur quotidien ou dans des situations inattendues. Le contraste des personnes qui tôt le matin se lèvent pour aller travailler, alors que d’autres rentrent se coucher après une fête. Quelque chose d’apparemment très simple peut avoir un sens beaucoup plus profond. C’est cela qui m’inspire autant dans mes textes que dans la façon de réaliser mes clips, bien que ce soit un travail d’équipe. Et c’est un atout considérable que d’être entourée à ce niveau-là.
Vous travaillez en équipe et vous vous inspirez de ce que vous voyez autour de vous, des personnes que vous rencontrez?
Pour moi, le but du Hip Hop, c’est le partage. Exprimer en musique ses émotions telles les douleurs que l’on peut ressentir, les accidents de la vie, les causes auxquelles on croit et les partager. Se libérer des fardeaux de la société. Le Hip Hop, c’est apprendre à vivre avec tous. Avec ceux qui sont bien intégrés comme ceux qui n’y arrivent pas, l’Humain dans sa globalité.
Mentalité Hip Hop ou musique Hip Hop ?
La mentalité et la musique Hip Hop sont proches mais ne sont pas synonymes. Le monde du Hip Hop comprend le Breakdance, tout ce qui est art urbain comme le graffiti, les fresques. Cela va bien au-delà d’un gendre musical et cela évolue en permanence. Pour moi, c’est un mouvement.
Dans la façon dont vous vous exprimez, en parlant ou en chantant, ainsi que votre engagement, on a l’impression que vous avez déjà une solide expérience de la vie. Pourtant vous êtes très jeune?
(Rire) En effet, je me demande parfois si je n’ai pas déjà trente vies derrière moi pour avoir autant de colère et de choses à raconter. J’ai besoin de vivre intensément, de vivre tous les jours une aventure.
En vous écoutant parler et dans votre clip vous multipliez les références, vous devez avoir un solide bagage culturel?
J’ai un univers culturel assez large. J’ai grandi dans une famille où l’on écoute aussi bien du Rock’n Roll, du Jazz, de la variété que Brassens. Cela a éveillé ma curiosité. Je m’en inspire tous les jours et cela me donne envie d’aller toujours plus loin.
Vous faites cohabiter des mondes totalement différents. C’est une ouverture assez rare de nos jours, une sorte de grand écart culturel, voire transgressif au bon sens du terme?
J’ai un besoin physique de dépasser les cadres, d’aller au-delà des carcans. Déjà toute petite, j’étais le genre d’enfant qui ne voulait pas laisser ses deux pieds dans la poussette. Le genre d’enfant qui ne voulait pas jouer qu’avec les filles ou aux jeux traditionnels. Par nature, je me suis toujours opposée aux modèles qu’on a voulu m’imposer. Parce que je voulais développer ma propre réflexion, avoir mon propre avis. En restant sagement dans une case on ne peut pas se questionner, aller de l’avant. Et le questionnement, pour moi, est le but de l’existence. Quand on reste dans le même moule, on ne peut pas connaître d’autres univers. Découvrir, fait partie de la vie. C’est ce qui me pousse à toujours aller plus loin d’un point de vue artistique, de me renouveler, de ne pas être limitée à un seul domaine. Pour m’exprimer, j’aime avoir le choix de ce qui est le plus approprié quel que soit le style ou la discipline.
Et c’est cette palette d’expression qui a inspiré votre clip ?
Le fait de pouvoir mêler un univers imaginaire comme celui de Batman, d’où provient le titre de ma chanson Arkham (NDLR : hôpital psychiatrique fictif servant de prison), à l’horizon marseillais avec les Goudes et la mer, servant de cadre au clip, est pour moi essentiel. C’est cette rencontre improbable qui crée l’émotion. De la même manière, l’union à l’écran, d’une danse urbaine débridée avec une chorégraphie plus classique ou contemporaine que l’on pourrait voir à l’opéra, cette collision entre deux mondes très différents m’inspire. J’aime faire interagir les contraires, les faire dialoguer, créer des ponts.
Vous parlez de musique, d’image et de danse mais il y a une chose que vous n’évoquez pas, c’est votre voix. Elle est chaude, riche mais dans laquelle on sent comme une fragilité et paradoxalement aussi une grande force. Est-ce que c’est elle qui cimente cet édifice artistique complexe fait d’oppositions?
Avec ma voix, je me livre, je me montre telle que je suis, faites de contradictions aussi. Je les utilise pour m’exprimer et faire passer un message. Je crois que l’on est tous un peu comme ça. Et certains pourront se reconnaitre en moi et dans mon art. C’est un peu comme si je leur tendais la main. Comme d’autres artistes l’on fait pour moi, notamment mes amis du milieu musical , je pourrais citer le qdlz, ou les Kint Flosh qui m’ont confortée dans l’idée de me lancer.
Votre premier clip est une réussite. La rédaction de Destimed est unanime, on l’écoute en boucle. Et, on n’est pas les seuls à le penser…
C’est génial ! Malgré mon côté frondeur, j’ai besoin du soutien que l’on peut me manifester pour continuer. Cela me permet de maintenir un équilibre entre une attitude hors norme, si je puis dire, et malgré tout le besoin de me sentir entouré.
Après Arkham quels sont vos prochains projets musicaux ?
Je viens de tourner un nouveau clip très différent, là où l’on ne m’attendait pas, histoire de me remettre en question car j’ai tant de choses à dire… Ensuite j’organise des concerts avec mon «Crew», les Kint Flosh dont j’ai déjà parlé précédemment qui m’ont donné les rênes pour une scène féminine le 24 janvier au Makeda, 103 rue Ferrari à Marseille dans le 5e arrondissement. Je dis bien féminine et non féministe. Tout le monde est invité mais la scène sera composée exclusivement de chanteuses du monde Hip Hop et Rap. Je compte sortir régulièrement tout au cours de l’année d’autres titres dont certains en collaboration avec des artistes très talentueux, que je remercie pour leur confiance, pour ne pas perdre ce lien que je suis en train de tisser avec le public.
Que peut-on vous souhaiter pour cette nouvelle année 2020, la réussite bien sûr, mais encore ?
L’interaction avec le public est essentielle. Je veux continuer d’évoluer, j’ai envie d’aller plus loin. Je suis consciente de ne pas encore avoir atteint mon plein potentiel artistique.
Propos recueillis par Eyal NATHAN
Contacts et booking : lanskynamek.booking@gmail.com
Références : –Arkham le Clip : ICI –YouTube : ICI –Instagram : lansky.namek –Facebook : lanskynamek –Soudcloud : lanskynekma –Deezer : deezer.com/fr/album –Napster : lansky-namek –Spotify :open.spotify album –Apple music : music.apple.album/arkham |