Publié le 24 juillet 2015 à 14h07 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 19h30
Avec Carlo Rizzi à la baguette, c’est l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée qui était à l’affiche du dernier rendez-vous de l’édition 2015 du festival d’Aix-en-Provence, ce mardi 21 juillet au Grand Théâtre de Provence. Au programme : l’ouverture de l’opéra de Verdi «Les Vêpres siciliennes», un concerto pour orchestre composé en 2007 par Ana Sokolovic et, après l’entracte, la quatrième symphonie de Mahler. Si l’interprétation de Verdi manquait un peu de précision, notamment chez les cordes, les jeunes musiciens allaient livrer avec passion le concerto d’Ana Sokolovic, une composition élégante, toute en finesse, une pièce avec une âme. On ne pouvait attendre moins de la part de cette compositrice qui signait, cette année, «Svadba», un opéra pour six voix donné au Jeu de Paume et qui restera une production marquante de cette édition. Pour Mahler, l’orchestre donnait sa pleine mesure sous la baguette du maestro Rizzi qui maîtrisait ses troupes tout en livrant une lecture fraîche et colorée de la partition. Une interprétation intéressante servie, aussi, par la soprano Ying Fang, voix nette, précise et lumineuse pour chanter «La vie céleste» dans le dernier mouvement. Le reprise des «Vêpres siciliennes» en bis, avec un peu plus précision, clôturait la soirée appréciée par une salle qui avait pratiquement fait le plein.
Un premier bilan chiffré qui interpelle
Avec une fréquentation totale de 78 370 spectateurs, l’édition 2015 fait moins bien que la précédente qui en affichait 81 469. C’est sur la programmation d’Aix en Juin, de l’Académie, des répétitions publiques et des projections en Paca que s’enregistrent les pertes puisque 47 551 places ont été vendues cette année pour les représentations d’opéras et de concerts (contre 46 435 l’an dernier) et 30 819 places pour le reste (contre 35 034 l’an dernier). Le taux de remplissage des opéras est de 95,3% cette année contre 98,2% l’an dernier et le taux de remplissage global de 93,7%. Des chiffres qui, s’ils sont loin d’être mauvais, marquent un pas. Et même s’ils devraient être affinés dans les jours qui viennent, on peut penser qu’ils sont le reflet de la diminution du nombre de rendez-vous proposés dans le cadre d’Aix en Juin et du nombre de concerts. La conjoncture est certainement à prendre en compte, elle aussi.
Un bon bilan artistique
Laissons de côté un «Enlèvement au sérail» très controversé de par la mise en scène, pour souligner l’énorme succès de la reprise du «Midsummer night’s dream» de Benjamin Britten 24 ans après. La mise en scène de Robert Carsen n’a pas pris une ride; elle est toujours aussi magique, servie pas un superbe casting. Énorme succès, aussi, pour la reprise de la «Lolanta» de Tchaikovski mise en scène par Peter Sellars. «Svadba», l’opéra pour six voix de femmes d’Ana Sokolovic fut une belle surprise. Puis il y a eu «Alcina» une production bien accueillie par la critique avec une Patricia Petibon triomphante. A souligner aussi la qualité des concerts.
L’année prochaine…
Mozart, encore et toujours, sera là en 2016 avec «Cosi fan tutte» mis en scène par Christophe Honoré et dirigé par Louis Langrée et Jérémie Rhorer avec un superbe casting féminin : Lenneke Ruiten, Kate Lindsey et Sandrine Piau. Le cycle Haendel se poursuite avec Krzysztof Warlikowski qui mettra en scène l’oratorio «Il Trionfo del Tempo et del Disinganno», dirigé par Emmanuelle Haïm et interprété par Sabine Devieilhe, Sarah Mingardo, Franco Fagioli, Michael Spyres. Katie Mitchel renouvelle son bail aixois pour «Pelléas et Mélisande» de Debussy avec Barbara Hannigan et Stéphane Degout dans les rôles-titres et Esa-Pekka Salonen à la direction musicale.
Peter Sellars prend goût, aussi, à la douceur des rives du cours Mirabeau, et retrouvera Stravinsky avec «Œdipus Rex» et la «Symphonie de psaumes», dirigés par Salonen. Signalons que «The Rake’s progress» sera à l’affiche à Aix-en-Provence en 2017. Créations, enfin, avec un cycle pour baryton et violoncelle de Gilbert Amy et deux opéras, «Seven Stones from the Tower of Babel» d’Ondřej Adámek sur des textes de l’Islandais Sjón, et «Kalila wa Dimna» de Moneim Adwan d’après un recueil de fables animalières d’origine indienne traduit ensuite en arabe. Cette pièce sera chantée en arabe, et les parties parmées le seront en français. Le Festival et son directeur Bernard Foccroulle restent tournés vers la Méditerranée et vers l’ouverture…
Michel EGEA