Publié le 26 janvier 2022 à 20h28 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h30
Quel lien existe-t-il entre la découverte d’un cadavre éventré d’un astronaute américain flottant en impesanteur à 400 kilomètres de la terre, dans un des modules d’une station spatiale internationale et la macabre découverte elle aussi du corps éviscéré d’un biologiste américain retrouvé à trente mètres de profondeur dans un mystérieux réseau de galeries souterraines lyonnaises ? Apparemment aucun.
«Aliénés» de Fabrice Papillon est un thriller aussi glacial que la violence des deux meurtres commis. Qui a bien pu en vouloir à Bob Jenkins astronaute sans histoire et à Tony Jermal, ce cataphile journaliste américain, habitué des lieux, (la cataphilie est l’activité qui consiste en la visite clandestine des anciennes carrières souterraines de Paris), qui a trouvé la mort en France et donc très loin de son pays d’origine.
Deux enquêtes vont se superposer où apparaîtra avec force Louise Vernay, commandant de la DIPJ de Lyon, dirigée par Cyril Graziani, big boss psychologiquement assez brutal dans ses rapports avec ses «subalternes». De son vrai nom Louise Labé, née le 3 octobre 1980 d’un père architecte et d’une mère bibliothécaire, (soit le jour de l’attentat de la rue Copernic à Paris revendiqué par le groupe Abou Nidal, action ayant fait quatre morts et trente blessés), cette policière intrépide se retrouve interrogée de manière fort peu courtoise (on verra pourquoi et comment) par le divisionnaire Stern, et son collègue de l’IGPN (police des polices) un certain Thierry Parrain avec qui il forme un duo pas du tout Starsky et Hutch mais du genre Chevallier et Laspalès. Départ d’un autre roman avec courses poursuites, tentatives d’intimidation, portraits en creux de Khaled Kelkal, terroriste du groupe islamiste armé (GIA), de scientifiques aventuriers de l’espace, «Aliénés» va vite, et frappe fort.
Un spécialiste de l’exobiologie
Louise qui a deux fers au feu, découvrira que Tomy Jermal, le supplicié de Lyon s’intéressait à l’exobiologie, une science interdisciplinaire qui a pour objet l’étude des facteurs et processus, notamment géochimiques et biochimiques, pouvant mener à l’apparition de la vie, d’une manière générale, et à son évolution. C’est à dire la quête d’une vie d’origine extraterrestre. On verra qu’avant de mourir la victime avait rendez-vous avec un énigmatique jésuite, directeur de l’Obervatoire du Vatican, qui laisse entendre à Louise que des signes d’une présence extraterrestre se multiplie et que celle-ci pourrait bien être à l’origine de ces deux meurtres au final liés. On constatera que les souterrains lyonnais et les chemins du ciel empruntés par les spationautes partagent beaucoup d’éléments communs. Et que les protagonistes de ce thriller scientifique mené à la vitesse des fusées de la Nasa ou de l’ESA ne sont peut-être pas tout à fait ce qu’ils prétendent être.
Réflexion sur l’origine de la vie
Sérieux et circonstancié, documenté et précis mais néanmoins très facile d’accès «Aliénés » situé entre les aventures de James Bond et le roman Da Vinci Code, s’impose également comme une réflexion insolite mais très riche philosophiquement sur les origines de la vie. Producteur de nombreux documentaires scientifiques Fabrice Papillon, auteur de huit ouvrages de vulgarisation scientifique dont certains avec Axel Kahn, est un adepte de la vulgarisation scientifique doublé d’un conteur virtuose. Un moraliste aussi qui montre combien le pire danger pour l’Homme demeure… lui-même.
Jean-Rémi BARLAND
«Aliénés » de Fabrice Papillon paru aux Editions Plon – 507 pages -20,90 €