La CCI Aix Marseille Provence s’engage pour l’entrepreneuriat avec 6 structures de l’accompagnement. Jean-Luc Chauvin: « Jouer toujours plus collectif afin de savoir anticiper chaque transmission d’entreprise »

Publié le 27 juillet 2020 à  13h07 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h52

Par la voix de son président, la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence s’est engagée avec plusieurs structures accompagnatrices de l’entrepreneuriat local. A savoir : l’Institut Régional des Chefs d’Entreprise, le Réseau Entreprendre Provence, Le Carburateur, le Pays d’Aubagne La Ciotat Initiative, la Délégation Régionale des Sociétés Coopératives et Participatives de Paca-Corse (Scop) et Provence Création d’Entreprises. L’ambition est de forcer tous ces acteurs à collaborer pour faciliter et sécuriser la transmission d’entreprise. Explications.

Légende photo : Jean-Luc Chauvin, au centre, veste foncé, entouré jeudi 23 juillet à Marseille des responsables des 6 structures d'accompagnement de l'entreprenariat local (Photo Bruno Angelica)
Légende photo : Jean-Luc Chauvin, au centre, veste foncé, entouré jeudi 23 juillet à Marseille des responsables des 6 structures d’accompagnement de l’entreprenariat local (Photo Bruno Angelica)

«Nous sommes depuis la loi Pacte l’agence du développement économique de la métropole», rappelle Jean-Luc Chauvin qui précise: «Ici, au sein de notre Chambre, ce qui unit tout le monde et davantage avec ces conventions, aujourd’hui, c’est à la fois la création, la reprise, la transmission d’entreprise. Des idées fortes qui sont le lien commun entre nous. Un lien normal, si je peux dire, qui représente avec ces trois étapes la vie d’une entreprise.» En matière de reprise d’entreprise, poursuit-il: «Nous avons sur ce territoire besoin d’être plus performants. Il faut comprendre qu’un grand nombre d’actuels entrepreneurs de notre métropole sont proches de la retraite. Il faut savoir les aider, les accompagner au mieux et davantage pour qu’ils puissent transmettre, les prochaines années, leur société dans de meilleures conditions.» Il met en exergue que nombre de chefs d’entreprise au niveau de la métropole et de la Région doivent en effet partir d’ici les cinq prochaines années à la retraite. «Nous devons ensemble jouer toujours plus collectif afin de savoir anticiper chaque transmission. Notre défi commun est de tout mettre en œuvre, ensemble, pour diminuer le nombre de pertes d’emplois dans nos sociétés», insiste-t-il. L’autre idée clairement définie à l’occasion de cette signature commune est la volonté affirmée de sécuriser à l’avenir de manière plus collective la transmission, la vente d’une société, grâce à une plus grande collaboration pour pouvoir repérer en amont les situations de chaque boîte où l’entrepreneur entend passer le relais. La CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence, dans cette optique, entend se présenter comme «chef d’équipe, avec les 6 acteurs du territoire, afin d’aider au mieux la cession d’entreprise, suivant chaque cas.» Défendre l’idée, aux côtés du chef d’entreprise, de repérer et identifier plus en amont les repreneurs. Florence Dibon, la présidente de l’Institut Régional des Chefs d’Entreprise, a reconnu que sa structure, comme toutes les autres, avait «toujours un grand mal à smasher le vendeur d’entreprise et le cédant ». La principale raison évoquée? «Une peur clairement affichée le plus souvent par le chef d’entreprise de faire connaître son envie de vendre, et ce par rapport à ses concurrents sur le marché. Montrer qu’il est en vente est mal perçu, et surtout peut jouer des tours dans le mauvais sens autour de lui, comme à ses salariés. Il faut défendre l’idée, à ses côtés, par nos actions davantage dirigées dans ce sens, que les repreneurs se retrouvent mieux identifiés en amont. Sans ce travail réalisé, il est très dommageable de voir plusieurs entreprises mourir…» Jacques Dor, le vice-président du Pays d’Aubagne La Ciotat Initiative, va dans le même sens. Comme Pascal Tanguy, à la tête du Réseau Entreprendre Provence (REP). «Notre structure a 50 lauréats en cours d’accompagnement, avec des projets d’entreprise en attente d’être labellisés. Lorsqu’on décide de lever des fonds et quand on prête un euro à nos entreprises aidées, chacun est capable par la suite en moyenne de lever 13 euros. Le taux de survie à 5 ans de nos entreprises est de 90 %. Depuis 20 ans, sur le terrain de la métropole, avec notre écosystème de 250 personnes, nous pouvons dire que nous avons réalisé des choses positives.» Marie-Laure Guidi, présidente associée du REP, témoigne : «Notre ADN est vraiment l’accompagnement. Il est temps aujourd’hui de mettre de côté nos querelles individuelles pour pouvoir sauvegarder les emplois, et davantage en ce moment avec les effets de la crise sanitaire.» Muriel-Bernard Raymond, à la tête de la structure Le Carburateur ajoute : «Nous portons de notre côté des projets essentiellement dans les quartiers Nord de Marseille, et avons décidé de travailler beaucoup sur le mentorat. Notre ambition est d’accompagner et rassurer toutes celles et tous ceux qui entendent être entrepreneurs.»

Création d’un comité de pilotage

Jean-Luc Chauvin a ainsi lancé l’idée de créer au plus vite entre les différentes structures présentes un comité de pilotage qui devra coordonner et vérifier tous les 6 mois l’avancement des projets et le « jeu collectif » qui devra être prôné par tous. «Sur notre territoire métropolitain, développe le président de la CCIAMP, nous avions 94 000 entreprises lorsque notre équipe est arrivée en 2016. Fin 2019, nous en avions 20 000 supplémentaires. Et nous avons un potentiel encore plus important, le tout est de permettre aux entrepreneurs d’oser.»

«Comprendre que la vie économique est basée sur la confiance»

Questionné sur l’origine de la «peur» de vendre leur société présente chez bon nombre de chefs d’entreprises locaux désireux de prendre leur retraire et, ou passer la main, Jean-Luc Chauvin livre son explication : «Cette peur est avant tout liée aux peurs de perdre du même coup, avec cette annonce, à la fois des clients, des fournisseurs, ses propres salariés. Il faut en effet comprendre que la vie économique est basée sur la confiance. Avec le risque pris de perdre des clients, fournisseurs, le chef d’entreprise va préférer rester dans un marché caché, qu’on ne prépare pas, du même coup. Notre objectif commun est précisément de changer cela. Notre travail doit s’évertuer à préparer la confidentialité des négociations, à savoir maintenir ou impulser une véritable chaîne de confiance.» Il cite comme exemple le bâtiment. «Vous savez être à la tête d’une TPE-PME est le travail d’une vie pour son chef d’entreprise. Il faut qu’on le pousse afin de lui montrer que ce peut-être possible qu’il vende sa boîte et que son nom puisse perdurer. Il faut lui prouver qu’il est possible de lui trouver un successeur, solide, sérieux, qui existe ! Alors que se dégage trop souvent l’idée, dans son esprit, que l’entreprise fermera au moment où il décidera de ne pas poursuivre.» Jean-Luc Chauvin conclura son intervention : «La transmission, la vente toujours possible, doivent rentrer dans toutes les têtes désormais.»
Bruno ANGELICA

|Les spécificités de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur fait partie des deux ou trois premières régions du pays où le nombre actuel de chefs d’entreprise qui seront de futurs retraités d’ici les prochaines années est le plus élevé. Du même coup, la Région est l’une des premières où les actuels patrons des nombreuses TPE-PME disent vouloir vendre leur société d’ici les deux ou trois prochaines années.

|Les acteurs signataires de la convention avec la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence
Ont signé les conventions bipartites avec la CCIAMP et étaient présents ce jeudi 23 juillet à Marseille auprès de Jean-Luc Chauvin : Jacques Dor, le vice-président de Pays d’Aubagne La Ciotat Initiative, Muriel Bernard-Raymond, directrice de la structure Le Carburateur, Marie-Laure Guidi et Pascal Tanguy, présidents du Réseau Entreprendre Provence (REP), Florence Dibon, présidente de l’Institut Régional des Chefs d’Entreprise (IRCE), Benoit Nicolaï, directeur général de Provence Création d’Entreprises (PCE), et Alain Maissa, président de la Délégation Régionale des Sociétés Coopératives et Participatives de Paca-Corse (Scop).|

Articles similaires

Aller au contenu principal