La chronique cinéma de Jean-Rémi Barland. «Cocorico» un film à mourir de rire, mais pas que…

Il faut avoir beaucoup de talent comme en possède Christian Clavier pour se glisser au cinéma dans la peau de franchouillards friqués, pas mal racistes, bornés, terriblement antipathiques  et parvenir à faire rire. Une mimique, une réplique, un air de tomber des nues face aux évidences, (sa marque de fabrique) et il met tout le monde dans sa poche…

Destimed COCORICO Photo WHITE AND YELLOW FILMS – SND – M6FILMS – BESIDE PRODUCTIONS
«Cocorico » est servi par des interprètes survitaminés. Photo White and Yellow films -SND-M6 Films – Beside Productions

Dans « Cocorico »  le nouveau film de Julien Hervé (le réalisateur des Tuche d’ Astérix et l’empire du milieu) le voilà servi. Sur le point de se marier, Alice (Chloé Coulloud), et François (Julien Pestel) décident de réunir leurs deux familles. Pour l’occasion, ils réservent à leurs parents un cadeau original : des tests ADN pour que chacun puisse découvrir les origines de ses ancêtres. Mais la surprise va virer au fiasco quand les Bouvier-Sauvage, (couple formé par Christian Clavier et Marianne Denicourt), grande famille aristocrate, et les Martin, (incarnés par Didier Bourdon et Sylvie Testud) beaucoup plus modestes, découvrent les résultats, pour le moins… inattendus. Sans spolier le contenu disons qu’aucun d’eux n’est français à cent pour cent. Catherine Bouvier-Sauvage a des ascendances portugaises. Gérard Martin a des racines… allemandes. Son épouse Nicole se découvre descendre de la reine d’Angleterre. Quant à Frédéric Bouvier-Sauvage il a du sang cherokee.

Après « Un indien dans la ville » voici « Un indien dans les vignes »

Lui, le grand propriétaire de vignobles il n’est pas « Un indien dans la ville » mais « Un indien dans les vignes ». Il se déguisera même en apache, explosera une voiture contre un Buffalo Grill, en signe de solidarité avec ses frères opprimés, et c’est désopilant. Chaque personnage d’ailleurs va développer un sentiment fusionnel avec ses découvertes ethniques, et voir Sylvie Testud se teindre en blonde platine, et se coiffer comme la reine d’Angleterre n’engendre pas la mélancolie. Le pire quand même c’est que les jeunes futurs mariés voient leurs parents s’envoyer à tort du « Cocorico » plein les mâchoires avec le risque que Monsieur Bouvier-Sauvage qui finira par boire du porto et danser un fado avec sa femme qui s’étant crue Italienne s’investit en Portugaise refuse le mariage. Mais comme on n’est plus au temps de Molière les deux amants, fidèles -en cela à la devise de Beaumarchais : « Si l’amour porte des ailes n’est-ce pas pour voltiger ? »- sont bien décidés à passer outre les intimidations de leurs parents respectifs. Et de continuer à rêver d’avenir ensemble, en se passant la bague aux doigts.

Une critique burlesque de la xénophobie et du racisme

Franchouillard le film ? Justement pas. Si Julien Hervé n’est certes pas un grand cinéaste comme on se les imagine à la Femis… il demeure en tout cas un as du scénario burlesque à tiroirs, du dialogue décapant, et de la mise en scène qui décoiffe. Dans « Cocorico » un mot d’auteur chasse l’autre, du genre à rappeler l’écriture d’André Roussin. Les nombreuses scènes improbables offrent aux comédiens, tous exceptionnels, du grand cru à jouer, et on sort de « Cocorico » fou de bonheur. En réfléchissant aussi sur le fait que nous avons tous dans chaque famille des ancêtres qui n’étaient pas…Gaulois. Et ça fait du bien en ce moment de l’entendre.

Jean-Rémi BARLAND

Articles similaires

Aller au contenu principal