Il monte, il monte dans les sondages, Stéphane Ravier, le candidat frontiste à la mairie de Marseille. L’homme n’est certes pas un inconnu dans la ville. Il a failli battre la députée PS, Sylvie Andrieux, aux législatives de 2012. Mais on parlait peu de lui jusqu’à ces dernières semaines, tellement le cas Gaudin tenait alors tout le monde en haleine. Et puis, quelques assassinats et visites gouvernementales plus tard, il est partout Ravier. Sur toutes les bouches, dans tous les journaux, sur fond d’insécurité. Au point d’éclipser le match de la candidature, à gauche.
Le « phénomène » Ravier est symptomatique. Sans doute résume-t-il l’état des lieux dans nombre de villes, petites et grandes, en France. Où, contrairement à ce qui est dit, le candidat de gauche a peut-être plus à craindre du FN que celui de droite. Les législatives partielles de l’Oise, en mars, et du Lot-et-Garonne, en juin, ont d’ailleurs, à chaque fois, opposé un UMP à un FN, le PS étant éliminé dès le premier tour.
Anticipation n’est pas raison, mais la tendance pourrait se confirmer aux municipales. Pour deux raisons : fiscale et sécuritaire, les principaux motifs d’inquiétude des électeurs, si l’on en croit les sondages. La première est imputable à François Hollande et au gouvernement, champions des hausses d’impôts et de taxes depuis quinze mois. Lesquelles ne touchent pas que les riches, mais surtout les classes moyennes qui n’ont que leurs yeux pour pleurer. La seconde découle du projet de réforme pénale de Christiane Taubira, laxiste, irréaliste et irresponsable aux yeux de beaucoup, toutes sensibilités confondues.
Autrement dit, le PS pourrait tout autant que l’UMP faire les frais de la montée du Front national aux municipales. Et devrait se poser quelques questions sur la fuite possible de son électorat sous d’autres cieux plutôt que se gausser des guéguerres internes à son adversaire entre le « ni ni » de Copé et le « moins sectaire » de Fillon.
En 2002, on a souligné que la candidature de Christiane Taubira à la présidentielle avait en partie causé l’élimination de Lionel Jospin au soir du premier tour. Et si un nouveau « 21 avril » se profilait pour 2017, avec cette fois François Hollande dans le fossé ? Taubira serait-elle la pire ennemie du PS ?