Si Marseille n’existait pas, il faudrait l’inventer. Ville de tous les fantasmes, elle fascine autant qu’elle excite les peurs d’un pays qui a tendance à oublier que ce qu’on lui raconte de la cité phocéenne – l’expression revient comme un cliché ensoleillé sur toutes les lèvres – existe partout ailleurs dans ses départements.
Marseille la criminelle, Marseille la mafieuse, Marseille la pouilleuse ! Mais allons voir un peu ailleurs ce qui se passe. Dans cette bonne ville de Saint-Denis, où la municipalité communiste vient d’ordonner la fermeture d’une vingtaine de commerces après 20 heures. Dans cette bonne ville de Sevran, autrefois petit village de la plaine de France, où le maire écologiste ne cesse d’appeler l’État au secours. Dans ce charmant et exotique département de Guadeloupe, deux fois moins peuplé que Marseille, où 37 homicides ont été recensés depuis le début de l’année. Dans…
Mieux vaut arrêter là la liste des cités, des villes, des territoires, comme on dit aujourd’hui, où le trafic de drogue et la criminalité, les deux étant liés, font partie du paysage quotidien, ou presque. Et pourtant d’eux, on ne dit rien, ou si peu !
Alors pourquoi les projecteurs de l’actualité sont braqués sur Marseille ? Pourquoi, tout à coup, le ministre de l’Intérieur a décrété l’union sacrée de tous les élus, nationaux et locaux, droite et gauche confondue ?
Inutile de chercher bien loin, c’est que la mairie, où l’UMP Jean-Claude Gaudin vieillit doucement mais sûrement, est à prendre. Après mars 2014, quand le scrutin sera passé, on parlera beaucoup moins de criminalité. On pourra alors s’entretuer en toute tranquillité !