Publié le 31 mars 2016 à 19h38 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 22h06
Le propre d’un festival de musique étant de proposer au public parmi ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle sur la planète classique, la soirée de mercredi au Grand Théâtre de Provence est à inscrire en lettres d’or au grand livre de Pâques ouvert il y a quatre ans par les sieurs Bluzet et Capuçon avec le mécénat du groupe Crédit Mutuel-CIC et la bénédiction de son Président d’alors, Michel Lucas. Cette soirée exceptionnelle donnait à entendre la première d’un concert repris ce jeudi à Dijon et qui retrouvera la scène en fin d’année 2016 en Allemagne. Un grand moment de musique «orchestré» par la violoniste Isabelle Faust jouant et dirigeant en même temps les instrumentistes du Mahler Chamber Orchestra. A leur programme, «Les Hébrides» et le concerto pour violon en mi mineur de Mendelssohn et un moment alternant les contrepoints 1 et 3 de l’art de la fugue de Bach spécialement arrangés pour eux par les musiciens du M.C.O. avec la fantaisie en do majeur pour violon et le quatuor n°1 en la mineur de Schumann.
D’entrée de jeu, avec «Les Hébrides», la barre était placée très haut, le Mahler Chamber Orchestra se positionnant immédiatement dans l’excellence. Des cordes de velours aux exquises sonorités faisant preuve d’une précision de tous les instants, offrant des attaques limpides, des vents chaleureux, développant eux aussi des sonorités idéales, des cuivres brillants et un timbalier au top niveau, il n’en fallait pas plus pour nous séduire et nous faire basculer dans l’enchantement avec une interprétation sensible, voire sensuelle, imposée avec justesse par Isabelle Faust qui tenait la place de premier violon assurant la direction du regard seulement. Tâche pour le moins facilitée pour la virtuose qu’elle se trouvait à la tête d’un ensemble de grand luxe. Le jeu de ping-pong entre Bach et Schumann qui suivait était des plus intéressants, les œuvres étant données dans la continuité.
Fort apprécié, le contrepoint 3 de l’art de la fugue permettait à un octuor de bois de mettre en valeur la solidité du jeu de ce pupitre. Un moment agréable suivi par le quatuor n°1 en la mineur pour l’interprétation duquel Isabelle Faust était rejointe par Julia-Maria Kretz au violon, Béatrice Muthelet à l’alto et Jens Peter Maintz au violoncelle. De la solidité dans le jeu de ces quatre musiciens mais aussi de la passion et de l’envie pour servir cette œuvre enjouée, dédicacée en son temps à Mendelssohn par Schumann. Mendelssohn dont était donné le concerto pour violon après l’entracte. Et comme rien n’avait bougé quant à la qualité des interprètes, ce fut encore un bijou frisant la perfection, Isabelle Faust faisant ici aussi preuve de sensibilité et offrant au public les sonorités assez étonnantes de son Stradivarius de 1704. C’est désormais un lieu commun que de le dire (et l’écrire) mais cette soirée fut encore divine. Qui s’en plaindrait ?
Michel EGEA
Les rendez-vous du 1er avril
-Sol Gabetta, violoncelle et Il Giardino Armonico dirigé par Giovani Antonini jouent Haendel, Bach et Telemann au Théâtre du Jeu de Paume à 18 heures. Tarif de 10 à 43 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com.
-L’orchestre National de Lyon dirigé par Leonrd Slatkin et le pianiste Seong-Jin Cho au Grand Théâtre de Provence à 20h30. Au programme l’ouverture du roi Lear et le Scherzo de la Reine Mab de Berlioz, Iberia de Claude Debussy et le concerto pour piano n°3 en ré mineur de Rachmaninov. Tarif de 10 à 68 €. Soirée Premium : 100 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com.
Au programme du samedi 2 avril
-Master classes de Sol Gabetta, violoncelle, de 10 à 13 heures et d’Ivry Gitlis, violon, de 14 à 17 heures au conservatoire Darius Milhaud. Entrée libre sur réservations au 08 2013 2013.
-La Maîtrise de Radio-France dirigée par Sofi Jeannin chante des mélodies françaises à 18 heures, en l’église du Saint-Esprit, rue Espariat. Tarif de 10 à 35 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com.
-Anne-Sophie Mutter et ses Mutter Virtuosi jouent au Grand Théâtre de Provence à 20h30. Au programme : Prévin, Bach, Penderecki et Vivaldi. Tarif de 10 à 68 €. Soirée Premium : 100 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com.
« Cantus », le 3e CD de l’Aixois Christian-Pierre La Marca
Quelques semaines après son frère Adrien et son « English Delight » pour alto unanimement salué par la critique, Christian-Pierre La Marca publie son troisième opus, «Cantus», chez Sony Classical. Pour son premier CD, le violoncelliste aixois avait transcrit des mélodies françaises pour son instrument ; quant à son deuxième CD il était consacré aux suites de Bach pour violoncelle seul. Avec «Cantus» Christian-Pierre La Marca renoue avec les transcriptions proposant 17 pièces vocales sacrées adaptées pour le violoncelle. De Bach à Eschaich en passant par Fauré, Pergolèse, Mozart, Vivaldi , Piazzolla et d’autres, c’est un programme éclectique qui est proposé par le musicien. «Un voyage à travers la musique sacrée, confie-t-il, qui me replonge dans mon enfance, lorsque j’accompagnais mon père à la cathédrale Saint-Sauveur d’Aix-en-Provence où il était maître de chapelle.» Lorsqu’on lui parle de l’éclectisme des pièces proposées, Christian-Pierre La Marca avance sans détour qu’il lui permet d’exploiter toutes les ressources sonores de son instrument. Et comme la jalousie ne fait pas partie des défauts de l’artiste, ce dernier a ouvert cet enregistrement à son frère Adrien et à son alto (chez les La Marca, la famille ça compte !) mais aussi à Philippe Jaroussky et Patricia Petibon «des amis» (Adrien La Marca qui est au programme de la «carte blanche» de Renaud Capuçon, dimanche en fin d’après-midi au Grand Théâtre de Provence). Il y a aussi la participation de Thierry Escaich qui a composé «Enluminures» spécialement pour cet enregistrement comprenant donc une création mondiale ! Sans oublier Alexis Kossenko et son ensemble «Les Ambassadeurs» sur lesquels le violoncelliste ne tarit pas d’éloges.
L’enregistrement est de grande qualité et propose un long moment de paix pouvant déboucher sur la méditation. Par les temps qui courent, c’est fort appréciable.
M.E.