La chronique du 4e festival de Pâques d’Aix-en-Provence – Anne-Sophie Mutter et ses virtuoses font la pluie et le beau temps au Grand Théâtre de Provence

Publié le 3 avril 2016 à  17h59 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  22h11

C’est en 2011 que Anne-Sophie Mutter crée l’ensemble des Mutter’s virtuosi pour donner l’occasion, aux plus talentueux des jeunes musiciens qui fréquentent sa fondation, de se produire collectivement sur les plus grandes scènes du monde en sa compagnie. A l’invitation du Festival de Pâques, la dame et ses virtuoses ont donc été reçus pour la première fois à Aix-en-Provence avec un programme qui comportait, en plat de résistance, Les Quatre Saisons de Vivaldi. Étonnante destinée pour ces quatre concerti du prêtre roux qui ont traversé le temps demeurant parmi les œuvres les plus jouées, et appréciées, de l’histoire de la musique.

On ne compte plus les interprétations qui ont marqué, scandalisé, décoiffé, au fil des ans et des enregistrements. Et voici que dame Mutter remet le couvert. Que dire après cette interprétation festivalière aixoise sinon qu’elle fut de belle tenue, emplie de dynamisme et de joie de vivre, servie avec ardeur par les jeunes virtuoses et leur icône. De la virtuosité, une entente parfaite entre les musiciens, entre orage et chaleur estivale, entre frimas et feuilles qui tombent à l’automne, Anne-Sophie Mutter et ses «enfant » ont fait la pluie et le beau temps au Grand Théâtre de Provence avec quatre saisons vivantes et bien vivantes. Ce qui leur vaudra un réel triomphe ponctué de bis, piochés chez Vivaldi, donnés avec le même entrain que l’original. En première partie Anne Sophie Mutter avait choisi de donner «Nonet» pour deux quatuors à cordes et contrebasse d’André Prévin, pianiste et compositeur avec lequel elle partagea sa vie pendant quelques années. Une œuvre publiée en 2014, composition solide et savante, témoignant de la qualité d’écriture d’André Prévin. Suivait le concerto pour deux violons en ré mineur de Bach joué avec élégance par la dame et les siens.
Michel EGEA

Sofi Jeannin touche au cœur avec la maîtrise de Radio France et ses mélodies françaises

Dans le chœur de l’une des plus belles églises baroques de la région, le Saint-Esprit à Aix-en-Provence, la maîtrise de Radio France a enchanté son public (Photo Caroline Doutre)
Dans le chœur de l’une des plus belles églises baroques de la région, le Saint-Esprit à Aix-en-Provence, la maîtrise de Radio France a enchanté son public (Photo Caroline Doutre)

Fondée en 1946 par Henry Barraud et Maurice David, la Maîtrise associée aujourd’hui à Radio France réunit un chœur d’enfants et d’adolescents selon des critères artistiques et pédagogiques puisque, en plus d’être un ensemble vocal c’est une école où chacun découvre le chant et des matières générales d’enseignement. Se donnant corps et âme à la tête de la Maîtrise depuis 2008, année de sa nomination, Sofi Jeannin proposait de nous faire entendre ce samedi en l’église Saint-Esprit des mélodies françaises chantées par sa chorale qui, accompagnée au piano par Corine Durous partaient du profane pour atteindre au plus sacré. Splendide et bouleversant «Le cantique de Jean Racine», dernier morceau du concert, repris en rappel brillait de mille feux, et faisait apparaître une qualité des chœurs aussi bien masculins que féminins. Pour l’agencement de ce beau programme retravaillé, furent choisis des airs signés Chausson, Franck, Berlioz, Debussy, avec un éclat particulier. Tous centrés sur le thème de la pastoralité, ces grand moments que furent le début de «Réveil» de Chausson, de César Franck (Ernest Chausson), Chaminade ne laissèrent rien dans l’ombre ou l’on écouta des pépites musicales et où, se retrouvèrent emportés par le fruit du hasard.
On retiendra de ce très beau programme la bouleversante «Les feux de La Saint-Jean» de Chaminade et ce splendide «Ruisseau» de Fauré, ainsi que «La mort d’Ophélie» de Berlioz. Tous au diapason, formant un groupe homogène à la perfection vocale indéniable, les chœurs enchanteurs et enchantés visiblement très touchés ont décliné ici toutes les couleurs de ces mélodies françaises évoquant la nature et l’ancrage dans la terre, ainsi qu’une vision du sacré. Simple et directe mais devant se garder à la fois des excès de trop et de trop peu, la maîtrise a su trouver des gestes de poète au moment de jouer si divinement bien. Un après-midi porteur de joie.
Jean-Rémi BARLAND

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