Publié le 3 avril 2015 à 17h35 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h47
Il n’y a pas un long chemin à parcourir pour aller du Grand Théâtre de Provence jusqu’à l’Auditorium du Conservatoire. Il suffit de traverser l’avenue Mozart… C’était une première, jeudi soir, pour le Festival de Pâques qui voyait l’un de ses rendez-vous décentralisé dans cette nouvelle salle dont on ne cesse de louer l’acoustique et où Renaud Capuçon a décidé d’enregistrer ses CD de musique de chambre. Et, pour la circonstance, c’est de la musique de chambre qui était à l’affiche avec la présence du Quatuor Modigliani et du pianiste Michel Dalberto. Au programme, c’était chacun pour soi en première partie avec, d’un côté, le Quatuor à cordes n°1 de Camille Saint-Saëns et Images de Claude Debussy et c’était tous pour un après la pause autour du Quintette pour piano, deux violons, alto et violoncelle de César Franck.
Pour Saint-Saëns, les Modigliani ont sorti leur plus beau son, leur grande technique et leur personnalité. Ils font de la musique comme les volcans crachent de la lave. Leur interprétation de ce Quatuor n°1 est puissante, charpentée, n’offrant aucune prise au vulgaire et à l’approximatif. C’est Philippe Bernhard, le premier violon, qui mène les débats musicaux suivi au millième de seconde par ses compères Loic Rio, violon, Laurent Marfaing, alto et François Kieffer, violoncelle. Un beau moment.
Pour Debussy et ses « Images », Michel Dalberto ouvre la boîte à rêves. «Cloches à travers les feuilles», «Et la lune descend sur le temple qui fut», «Poissons d’or» autant d’invitations au voyage, autant de propositions oniriques servies par le jeu subtil et aérien du pianiste. Passion et couleurs caractérisent son interprétation d’un soir à Aix-en-Provence. Place, ensuite, au Quintette de César Franck, composé pour Saint-Saëns et, fort apprécié à sa création par Debussy. Dalberto et les Modigliani s’en emparent sans une seconde d’hésitation. Belle osmose entre eux pour servir une partition torturée parfois, puissante en permanence à l’exception de l’attaque du deuxième mouvement où le dialogue piano-violon est un peu plus apaisé. Mais cela ne dure pas longtemps et l’orage de notes revient, inlassablement, pour laisser l’auditeur ému, secoué, épuisé, mais heureux, après une quarantaine de minutes d’interprétation. Après la Sonate pour piano et violon de la soirée d’ouverture c’est une autre facette de Franck qui a été mise en lumière ce jeudi soir au conservatoire par cinq musiciens dont il convient de louer le jeu et la classe.
Michel EGEA