Publié le 7 avril 2015 à 16h47 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h48
C’est la première fois, à notre connaissance, qu’il y avait autant d’exécutants, près de 300, réunis sur le plateau du Grand Théâtre de Provence. C’était lundi soir devant une salle archicomble pour la Symphonie n° 2 «Résurrection» de Mahler. Pour donner cette œuvre, le compositeur lui-même demandait «le plus large contingent possible de cordes». Avec l’effectif du Gustav Mahler Jugendorchester, la consigne était respectée. Lorsqu’il compose cette symphonie, Mahler est en perpétuel questionnement sur la vie et la mort. En assistant aux obsèques de Bülow, il trouve sa solution. «L’état d’esprit dans lequel j’étais là, pensant au défunt, correspondait exactement à celui de l’œuvre qui me préoccupait sans relâche. Le chœur à ce moment précis entonna le choral de Klopstock « Résurrection » ! J’en fut frappé comme l’éclair, tout était devenu limpide, évident.» La résurrection sera donc la résolution du problème entre la vie et la mort, et le titre de cette deuxième symphonie qui fait partie des œuvres significatives de l’histoire de la musique. Lundi soir, alors que certains cherchaient encore les œufs de Pâques dans leurs jardins, Jonathan Nott, le directeur musical, avait choisi de semer quelques musiciens dans les coursives et les coulisses du Grand Théâtre de Provence; histoire de donner une dimension spatiale à une interprétation tellurique de la symphonie. Car pour transposer son ressenti sur la partition, Mahler ne fait pas dans l’économie de moyens ; aux cordes pléthoriques de l’effectif s’ajoutent les percussions et toute la partie des vents avec des sections de cuivres impressionnantes. Instruments servis par de jeunes musiciens européens qui vont éblouir leur auditoire par leur puissance collective, mais aussi par leur attention et leur précision individuelle. Si les cuivres tonnent, les pizzicati des violons savent aussi être fins et soyeux; si les percussions font trembler les murs du théâtre, les flûtes et les hautbois sont tout de délicatesse. Jonathan Nott dirige l’ensemble par cœur. Omniprésent, il est un peu comme le créateur qui maîtrise les éléments, comme Jupiter qui jouerait avec les coups de foudre tour à tour célestes ou amoureux. Au volume et au son hors du commun de cet orchestre, il convient de rajouter la qualité des chœurs régionaux Paca et Vittoria d’Ile-de-France qui sont aussi entrés sans problème, préparés par Michel Piquemal, dans la démesure maîtrisée de cette interprétation. Enfin, comment ne pas saluer les prestations des deux solistes, la soprano Chen Reiss et l’alto Christa Mayer, qui sont entrées sans faillir et avec beaucoup de personnalité dans ce maelström musical dont le public est ressorti secoué, lessivé mais visiblement très heureux et prêt à remettre ça. Alors pourquoi pas le «Requiem» de Verdi pour une prochaine édition ?
Michel EGEA