Publié le 9 avril 2015 à 22h27 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h48
Ces trois-là n’avaient jamais joué ensemble. Et pourtant à écouter en concert au Jeu de Paume le clarinettiste Andreas Ottensamer, le pianiste Adam Laloum et l’altiste Lise Berthaud, on pouvait légitimement croire l’inverse. Entente parfaite allant jusqu’à l’osmose, sachant s’écouter et se répondre, les instrumentistes ont porté haut et loin ce projet musical commun. Schumann tout d’abord -compositeur qu’affectionne tant Adam Laloum et qu’il sert avec une sensibilité rappelant le jeu de Radu Lupu- avec la «Fantasiestücke op.73» où les quatre mouvements convergent tous vers une unité rendue plus forte encore par le subtil apport de la clarinette. Ensuite Mozart, avec «Les quilles» une œuvre pour clarinette, alto et piano qui en dépit d’un troisième mouvement un peu long et répétitif, témoigne du génie du compositeur. Lieu parfait que le Jeu de Paume de structure moyenne et à l’acoustique confortable pour ce concert chambriste. Tandis que la clarinette de Ottensamer réussit des prodiges, le piano de Laloum ne surligne jamais les choses et l’alto de Lise Berthaud dessine les contours d’une succession d’images colorées. Même impression avec les «Récits et contes de fées» de Schumann donnés en fin de concert. Mais, le cœur du programme, moment le plus intéressant car le plus original, ce seront les pièces pour clarinette, alto, et piano de Max Bruch. Compositeur de la fin du XIXe (1838-1920) Bruch mêle musique romantique et plus moderne. Lise Berthaud en particulier servant l’œuvre avec dextérité souplesse et un grand sens des ruptures de rythme aide à mieux faire connaître ces morceaux un peu moins mis d’habitude sur le devant de la scène. Toujours aussi précis Andreas Ottensamer nous transporte par sa clarinette d’une pureté infinie et comme Adam Laloum fait des prouesses le concert s’achève dans la joie. Une magnifique soirée diversifiée et d’un classicisme inventif.
Jean-Rémi BARLAND