Publié le 10 avril 2015 à 17h41 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h48
«Gérer un festival ce n’est pas comme organiser une saison. Il y a des surprises, et celle de ce soir en est une. C’est formidable en effet d’avoir un ami musicien, un co-réalisateur, un co-organisateur, un co-tout en somme pour qui jouer est une fête. Et merci donc à Renaud Capuçon d’avoir permis que le concert de ce soir ait lieu, après l’annulation pour raisons de santé de la pianiste Maria Joao Pires qui devait jouer avec le violoniste Augustin Dumay. Il sera accompagné de Frank Braley qui est son complice musical et avec qui il a beaucoup répété toute la journée. Et bonne soirée à tous qui sera une fête». C’est à peu près en ces termes que Dominique Bluzet a présenté cette soirée, pas comme les autres, dans un Grand Théâtre de Provence finalement conquis par le programme. On a pu remarquer nombre d’habitués et personnalités, fidèles à cette manifestation, à commencer par Pierre Bergé, féru de musique. Ce que l’on retiendra en priorité c’est l’entente parfaite entre le violoniste et le pianiste. «Quand on joue ensemble , indique Renaud Capuçon, on est comme à la maison». Cela s’entend, se voit, et procure à l’auditeur une joie d’autant plus grande que ce concert fut entièrement construit sur les sonates violon-piano de Beethoven, œuvres qu’ils connaissent par cœur, et qu’ils ont gravé dans leur intégralité dans un CD de référence. Pour commencer on eut droit à la sonate n°1 où le piano sait se montrer puissant sans paraître envahissant. Tout en nuances, le jeu de Renaud Capuçon trouve sa pleine mesure dès les premiers accords puis, nous envoûte avec la sonate n° 5 qui dans le programme fait suite à la première. Son violon est aérien et durant cette quinzaine, lors des différents récitals auxquels il a participé, il s’est inscrit comme l’un des plus grands violonistes. Outre une technicité sans failles Renaud Capuçon ajoute de l’émotion et une poésie de jeu assez inégalable. Un véritable empereur du violon qui trouve en Frank Braley le pianiste idéal pour jouer Beethoven. En deuxième partie la Sonate n° 10, la plus connue peut-être, une des plus compliquée sans doute, une des plus bouleversantes enfin. Là encore Capuçon et Braley font des merveilles et avec leur générosité offriront plusieurs rappels. Une soirée au final exceptionnelle saluée comme il se doit par des applaudissements chaleureux et nourris.
Jean-Rémi BARLAND