Publié le 1 décembre 2015 à 18h20 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 20h54
Lorsqu’il a une idée derrière la tête, Roland Hayrabedian aime bien la concrétiser. Les cantates policières, il en rêvait depuis longtemps. Et lorsqu’en 2011 il franchit la porte du rêve, c’est à Sylvain Coher qu’il confie l’écriture d’un ouvrage à la fois roman, synopsis, livret. Trois cantates policières; la digitale, la douce-amère et la dame-d’onze-heures naissent dans l’imagination de l’auteur distingué cette année, et entre autres, par le prix Ouest-France – Étranges voyageurs pour son roman «Nord, Nord-Ouest» paru chez Actes Sud. Et c’est la même maison d’édition établie sur les bords du Rhône, à Arles, qui vient de publier les fameuses cantates sous la couverture noire bordée de rouge rendue célèbre par un best-seller «interplanétaire», ou presque : «Millénium».
Mais qui mieux que Roland Hayrabédian, créateur et directeur musicale de l’ensemble Musicatreize et instigateur du projet, peut le mieux parle de ces « Cantates » ? Laissons lui la parole… «Aux amateurs de polars, aux fous d’opéra, à ceux pour qui le suspense est moteur de vie, à ceux qui aiment la voix dans tous ses états, aux curieux, ceux qui regardent par le trou de la serrure, aux impatients qui attendent avec envie le deuxième tome, aux passionnés des trilogies policières, à ceux qui débutent toujours par le troisième tome pour connaître l’ultime vérité, aux riches qui ont peur de se faire voler, aux pauvres qui ont tout à gagner, aux voleurs, aux gendarmes… Trois cantates policières mises en scène, jouées et chantées pour tous ceux-là et bien d’autres !»
«Trois compositeurs, Juan Pablo Carreño, Alexandros Markéas et Philippe Schoeller pour planter le décor sonore de trois opéras de chambre d’une heure chacun environ. Tous d’une génération différente, ils ont le goût de l’insolite, ils se prennent au jeu pour former avec l’écrivain Sylvain Coher un groupe des quatre détonnant. Le public pourra bien sûr entrer par n’importe quel « tome », tenter d’assister aux trois spectacles, ou n’en voir qu’un. Comme dans toute bonne trilogie, chaque spectacle forme un tout, mais l’envie de voir l’autre devrait être irrésistible !»
«À la mise en scène, Sybille Wilson pour animer l’action et donner à l’atmosphère changeante de ces trois opéras de chambre la couleur appropriée et l’unité indispensable. Un seul scénographe également, Jim Clayburgh, pour rendre cohérents et palpables les éléments qui composent le décor. Une équipe de chanteurs rompus au théâtre musical, et parmi eux, un ou plusieurs assassins dont il faudra bien prouver la culpabilité. Mais comment ?… »
Sylvain Coher : «J’ai accepté le projet en courant !»
Tout de go, le romancier a l’honnêteté de reconnaître qu’«il ne dispose pas de compétences particulière en musique» et que sa première expérience d’opéra c’est à Aix-en-Provence qu’il l’a vécue, pour l’inauguration du Grand Théâtre de Provence il y a quelques années en assistant à une représentation de «La Walkyrie» dans la mise en scène de Stéphane Braunschweig.
«D’entrée de jeu, confie Sylvain Coher, je connaissais les contraintes qui m’avaient clairement été signifiées par Roland Hayrabédian. Et j’ai accepté le projet en courant car depuis toujours j’essaye que mon écriture ait un rendu sonore ; j’ai toujours eu l’idée d’une écriture en trois dimensions qui fabrique des sensations en jouant le jeu de la phrase.» «Je me suis aussi défendu d’aller voir ailleurs, poursuit-il, il me fallait avoir une vision spontanée et il me fallait inventer le moyen de donner leur sonorité aux dialogues tout en ne perdant jamais de vue la compréhension immédiate du texte qui procure son efficacité à la phrase. Car dans l’opéra, il faut aller à l’essentiel. Chaque seconde est comptée. La temporalité de l’opéra exige la concision, l’impact en terme d’émotion ; il faut toujours se poser la question du bavardage qui risque de manger quelques minutes.»
«Alors, indique-t-il, je me suis lancé en ayant conscience de tout cela mais sans trop me poser de questions. Au bout du compte je suis assez fier car lorsque Juan Pablo Carreño, qui signe la musique du premier opus La Digitale a lu le texte il m’a dit que c’était parfait et qu’il voyait du premier coup les notes qui pouvaient l’accompagner ! »
S’il est impossible de préjuger du rendu musical qui sera dévoilé le 11 décembre, il est, en revanche, recommandé de dévorer les quelque 120 pages regroupant ces «Trois Cantates policières». Des bijoux d’écriture et de suspense qui s’avalent d’une seule traite tant le texte est rythmé et la trame cohérente. Une recommandation : évitez de prendre connaissance des synopsis en fin d’ouvrage si vous voulez profiter pleinement de ces cantates à la lecture. Quant à Sylvain Coher, il découvrira lui aussi le texte de La Digitale mis en musique le 11 décembre à La Criée. Et il a hâte… Nous aussi !
Michel EGEA
Pratique – «La Digitale», cantate policière, opéra, création au Théâtre de La Criée, 30, quai de Rive-Neuve à Marseille (7ème) les 11 et 12 décembre à 20 heures, le 13 décembre à 15 heures. Coproduction Opéra de Marseille, Musicatreize et La Criée. Réservations : 04 91 54 70 54 – plus d’info: theatre-lacriee.com