La dissolution entrouvre la porte à la cohabitation.

Emmanuel Macron est-il un joueur de poker ? En tout cas il a fait tapis hier soir et a misé tous ses jetons dans la partie en annonçant la dissolution. Dans la foulée, il pulvérise le jeu politique. Pour quelle issue ? C’est toute la question.

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La dissolution de l’Assemblée nationale : coup de Poker? © Assemblée nationale

Le pari du président de la République

Emmanuel Macron veut rester le maître des horloges. La dissolution de l’Assemblée nationale y obéit. Devoir, courage, irresponsabilité, prise de risque, suicide… Les commentaires fleurissent sur ce choix du prince. La dissolution, il est vrai, ne s’imposait pas. La majorité et Emmanuel Macron en personne minimisait d’ailleurs le rôle de ces élections européennes. Même la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet estime qu’«il y avait un autre chemin».

Coup de poker

 Le moins que l’on puisse dire est qu’Emmanuel Macron a sidéré tout le monde hier soir. Même si Jordan Bardella réclamait une dissolution de l’Assemblée nationale, personne au RN n’imaginait cette décision du Président. Son intervention a pris tout le monde de cours. C’était le but. Ne pas laisser le temps à la gauche de se reconstituer et imposer aux LR de se situer sur l’échiquier politique. Une manière de siffler la fin de la récréation et d’imposer un appel à la raison contre le RN.

Passade ou choix profond

En dissolvant l’Assemblée nationale, Emmanuel macron entend clarifier les choses. Ce faisant il s’en remet aussi au hasard. Les électeurs ont-ils voté massivement pour le RN hier parce que ces élections européennes ne représentaient pas d’enjeu ? Était-ce une simple passade ? A les écouter, en sortant des bureaux de vote, il y a une vraie volonté de changement.  « Il faut que les choses bougent » était l’antienne entendue le plus fréquemment. Pas sûr donc qu’ils changent d’avis à trois semaines d’écart.

Un pied dans la porte

Depuis des années Emmanuel Macron impose le duel nationalistes contre progressistes, RN contre majorité. Avec un certain succès. Il veut rééditer l’opération en juillet prochain. Mais ce schéma fonctionnera-t-il éternellement ? En cas d’échec lors des législatives, le chef de l’État pense qu’il a une autre carte dans son jeu. La certitude qu’en plaçant Bardella à Matignon, le RN montrera son incapacité à gouverner et signera la défaite de Marine Le Pen en 2027. Mais quand il a un pied dans la porte il n’est pas toujours facile de déloger l’intrus. Le Président est-il un savant tacticien ou un apprenti sorcier. Le peuple français tranchera.

Joël BARCY

 

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