Publié le 17 décembre 2013 à 22h13 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h11
Michel Cadot, préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a présidé la 2e session du comité régional « biomasse ». L’objectif de cette instance est de permettre à la région de tirer le plus grand bénéfice de son potentiel de production de biomasse forestière et de déchets verts , actuellement sous-exploité, afin de la transformer en une énergie renouvelable générant chaleur et électricité. Ce comité veille également à proposer un développement important, harmonieux et concerté de la collecte de la biomasse locale , à garantir la compatibilité des plans d’approvisionnement des projets retenus dans le cadre des appels d’offre nationaux et à favoriser la mobilisation des acteurs locaux. Ce comité régional a réuni des acteurs professionnels de la filière et des élus ainsi que des services de l’État d’autres régions principalement concernées par le périmètre des prélèvements de la ressource.
En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la biomasse, qu’elle soit d’origine forestière (bois- énergie), agricole ou issue des déchets verts, représente actuellement plus du tiers (36% en 2012) de la production d’énergie renouvelable que nous utilisons, ce qui en fait une composante majeure du mix énergétique régional. A ce jour, à peine un tiers de la capacité renouvelable de production de bois est récolté dans la région. Ainsi, le gisement supplémentaire potentiel de bois-énergie a été estimé à environ 580 000 tonnes annuelles dans une forêt qui représente 48% de la surface régionale.
Au regard de ce potentiel et de sa place au sein de la transition énergétique, l’énergie produite par la biomasse va être amenée à se développer dans les prochaines années, que ce soit pour la production de chaleur ou d’électricité. En effet, au-delà des petites installations domestiques ou collectives permettant le chauffage d’habitations ou d’équipements publics, la biomasse peut aussi alimenter des centrales produisant de l’électricité (notamment en cogénération). Si les objectifs de production d’énergies renouvelables à l’horizon 2020 sont définis au niveau national, les objectifs et les moyens de production à mobiliser sont déclinés au niveau local, en particulier au travers du Schéma Régional Climat Air Énergie (SRCAE) arrêté par le préfet de région et le président du Conseil régional.
Cette 2e édition du comité régional a été notamment l’occasion de faire le point sur la démarche de développement de la filière et l’état d’avancement de deux projets de production d’électricité : la centrale de Provence (EON), à Gardanne et la centrale INOVA Var Biomasse, à Brignoles. Autre point à l’ordre du jour : la mise en œuvre d’un plan d’actions comprenant 47 propositions et dont les principaux objectifs sont une plus grande récolte de bois, l’augmentation des surfaces forestières gérées de manière durable, participant ainsi à la prévention du risque incendie, et le développement d’une synergie entre les professionnels.
A l’instar du potentiel énergétique de la filière force est de constater qu’elle est aussi un gisement d’emplois qualifiés et durables (plusieurs centaines de bûcherons, conducteurs d’engins, techniciens forestiers, scieurs, transporteurs). Mais pour que ces emplois forestiers soient créés dans de bonnes conditions, le préfet de région a souligné la nécessité d’une structuration interprofessionnelle forte de la filière, à même de garantir une bonne répartition de la valeur ajoutée, d’entériner des engagements précis et exigeants de qualité des coupes, de relations commerciales bénéficiant à toutes les parties, de systèmes permettant la valorisation optimale des bois, de circuits de transport minimisant les nuisances, d’une sensibilisation massive des propriétaires… Des engagements ont ainsi été pris pour aboutir, dans l’année 2014 à une structuration interprofessionnelle opérationnelle, à même de répondre aux enjeux rencontrés. Un processus que l’État pilotera et accompagnera. Au cours de cette réunion le préfet de région a également a souligné que l’ accompagnement et le suivi de la filière étaient indispensables pour intégrer les deux grands projets régionaux EON et INOVA et pour préserver à la fois la pérennité et le développement des petites et moyennes structures comme les chaufferies et les scieries.
La forêt de Paca en chiffres
A ce jour, la forêt en Paca (48% de la surface régionale – 1 500 000 ha environ) est largement sous- exploitée ; moins d’un tiers de l’accroissement biologique annuel est récolté, en comptant l’économie parallèle. Or, le gisement supplémentaire potentiel de bois-énergie est estimé à environ 580 000 tonnes annuelles (source : étude Mission régionale bois énergie 2009 : Synthèse des gisements de bois disponibles pour une valorisation énergétique en Paca). Les difficultés d’exploiter davantage de bois sont liées notamment au fait qu’environ 40% de la forêt régionale est difficilement accessible (relief accentué et dessertes en routes et pistes forestières insuffisantes).
Privée pour un peu moins de 70% de sa surface, la forêt en Paca appartient à de très nombreux propriétaires (environ 225 000 propriétaires privés, dont un peu moins de 4 000 possèdent toutefois plus de 25 ha, représentant environ 27% des surfaces de forêts privées (source CRPF Paca). La question de la rémunération de la ressource, devant prendre en compte la régénération des forêts dans la perspective des évolutions climatiques, est un facteur clé de la mobilisation des bois.