Publié le 1 août 2013 à 12h04 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h07
La Méditerranée est une mer intérieure, une mer au milieu des terres comme ses racines étymologiques l’indiquent. Pour partie, son ambivalence réside dans le fait qu’elle soit tout à la fois considérée comme le berceau des civilisations – arpentée depuis des millénaires par les peuples des trois continents limitrophes – et qu’elle puisse demeurer si secrète et encore fortement méconnue. Des secrets que se propose de lever en partie l’exposition « Méditerranée mer vivante » qui se tient jusqu’au 29 septembre au Muséum d’histoire naturelle de Toulon.
« Méditerranée mer vivante » : c’est le thème de l’exposition qu’accueille jusqu’au 29 septembre le Muséum d’histoire naturelle de Toulon et du Var (*). L’exposition est construite selon un déroulé scénographique tripartite : les écosystèmes sous-marins méditerranéens, les programmes d’exploration et la recherche dans les hauts fonds marins, puis la présentation de quelques collections naturalistes. Ce cheminement scientifique s’est concrétisé grâce à des relations partenariales fructueuses avec le Parc national de Port-Cros et l’Ifremer. En se tournant vers la mer, le Muséum s’inscrit également dans l’événementiel « Tall Ships Regatta (TSR) », une course qui réunira une quarantaine de grands voiliers sur les bords de la rade du 27 au 30 septembre prochain. Une manifestation que le sénateur-maire de Toulon, Hubert Falco (UMP), aime à présenter comme « l’événement majeur du Grand Sud de la France en 2013 », taclant au passage la grande voisine marseillaise, Capitale européenne de la Culture, une année Capitale dont Toulon s’est retiré en cours de route.
Première partie : les écosystèmes
« Afin de replacer les événements dans leur contexte, il semble nécessaire de situer la genèse de la mer Méditerranée, et d’en comprendre les caractéristiques géologiques et biogéographiques », explique François Dusoulier, conservateur du Muséum d’histoire naturelle de Toulon et du Var, l’un des trois commissaires de l’exposition avec Ludovic Charrier et Sébastien Hasbrouck. Cette genèse est l’objet de la première partie de l’exposition consacrée aux écosystèmes. Ces traits hérités d’une longue histoire servent à expliquer pourquoi, avec une superficie de seulement 1% des mers et océans du monde, la Méditerranée accueille 10% de toutes les espèces marines vivantes connues. « A ce titre, les spécialistes de la biologie de la conservation considèrent cette zone marine comme un hot-spot de biodiversité », souligne le conservateur du Muséum d’histoire naturelle de Toulon et du Var.
Les biotopes sous-marins de la Méditerranée varient considérablement en fonction des facteurs physiques (profondeur, lumière, richesse en éléments organiques, température, etc.) et géologiques (type de substrat, nature des roches, etc.) des lieux.
Les principaux écosystèmes sont présentés à travers l’exemple du Parc national de Port-Cros. Dans chacun, les espèces caractéristiques sont illustrées. Si certaines d’entre elles peuvent paraître insignifiantes, d’autres véhiculent une symbolique tout à fait riche et intéressante.
Deuxième partie : l’exploration
La deuxième partie de l’exposition touche à la fois aux programmes de recherche de l’Ifremer, et aux techniques d’exploration contemporaine des hauts fonds marins. « Les résultats énoncés sont à la pointe de l’actualité dans ce domaine, même si de nombreuses questions demeurent en suspens », résume François Dusoulier.
Les panneaux illustrent également le lien existant entre le développement de la connaissance des fonds marins et l’évolution des technologies et outils robotiques d’accès aux zones de prospection. Un simulateur interactif invite le visiteur à une escale ludique via une immersion virtuelle et sécurisée dans les zones de hauts fonds.
Enfin, véritable pièce du patrimoine scientifique et technique, la maquette du Victor 6000 est présentée.
Troisième partie : vie sous-marine
Des collections d’histoire naturelle, inédites dans les vitrines du Muséum de Toulon et du Var, succèdent à ce volet technique axé sur la recherche. Une quinzaine d’espèces de « poissons* » mésogéens permet d’admirer la variété de leurs adaptations, formes et couleurs.
Il est alors opportun de mettre ces moulages contemporains à forte valeur pédagogique en parallèle des préparations traditionnelles de poissons des XVIIIe et XIXe siècles. Ces techniques sont matérialisées par l’exposition de quelques planches d’herbiers de poissons de la collection Barla & Fossat prêtées par le Muséum d’histoire naturelle de Nice.
Epilogue dans le jardin du Las
Le long du Las, au niveau du belvédère, des créatures du monde silencieux se dévoilent sur des photos grand format. Pur moment de contemplation ! Pourtant, rendre compte de l’exubérance de ces formes de vie et de leurs couleurs n’est pas chose aisée. « Formulons simplement le souhait que ces images instantanées et volées à la nature donneront l’envie à chacun de s’y intéresser d’un peu plus près… et ainsi, de la protéger », énonce le conservateur du Muséum d’histoire naturelle de Toulon et du Var.
Le Muséum d’histoire naturelle
Le Var est l’un des trois départements français à être doté d’un Muséum d’histoire naturelle entièrement consacré à la connaissance et la mise en valeur de son patrimoine naturel. « Conçue comme une promenade au cœur du département, la visite du Muséum dévoile quelques-unes des richesses naturelles parmi les plus remarquables de ce territoire. L’ensemble est traité à travers différentes disciplines qui composent les sciences de la vie et de la terre : géologie, paléontologie, préhistoire, botanique et zoologie », explique François Dusoulier.
Géré par le Conseil général du Var depuis 2003, le Muséum est résolument tourné vers le XXIe siècle. Les collections et les axes de recherche abordés permettent aux visiteurs d’accéder à une information actualisée sur la biodiversité et les enjeux de conservation.
Le Muséum est situé à Toulon dans le jardin du Las, classé « espace naturel sensible (ENS) ». Cette propriété départementale héberge un remarquable patrimoine végétal, provenant de plusieurs continents.
(*) 737, chemin du Jonquet à Toulon.
(**) Le concept de poisson : bien que très pratique et répandu, le concept de « poissons » n’existe pas dans le monde scientifique de la classification des espèces. Cela signifie qu’il n’y a aucun ancêtre commun à tous les « poissons » qui ne soit pas également un ancêtre des tétrapodes (mammifères, oiseaux…). En phylogénie, les « poissons » sont divisés en Myxinoïdes (poissons sans vertèbres, ni mâchoires), Pétromyzontides (lamproies), Chondrichthyens (poissons cartilagineux) et Actinoptérygiens (poissons osseux).
Autour de l’exposition
Visites guidées gratuites
D’une durée d’une heure, elles sont organisées pour les scolaires, centres aérés et groupes constitués. Inscription obligatoire au 04 83 95 44 20.
Conférences au Muséum (entrée libre et gratuite)
Jeudi 5 septembre à 18h : « Le mérou brun », par Marion Peirache, référent « milieu marin » au Parc national de Port-Cros.
Jeudi 26 septembre à 18h : « La vie dans les grands fonds méditerranéens », par Marie-Claire Fabri, ingénieur de recherche à l’Ifremer.
Evénement : spectacle tout public
Mercredi 25 septembre : « Une nuit, la mer ».
À quoi rêvent les marins la nuit quand les étoiles s’allument ? Que leur chuchote la mer quand l’obscurité s’éternise ? Des histoires folles, des magies ou des monstres ; des histoires de marins…
Ceux qui ont déjà passé une nuit en mer, à la barre, savent que, pendant que la main tient le cap machinalement, l’esprit vagabonde. Car seul, sous les étoiles, au milieu de nulle part, n’est-ce pas le lieu rêvé de l’imaginaire ?… Comme des bouffées de brise ressurgissent des histoires anciennes, des personnages, des souvenirs, qui vous accompagnent dans votre veille : les découvreurs du cap Horn, l’épopée des migrations polynésiennes, les souvenirs de petite fille quand, pour la première fois on voit neiger sur la mer, l’émotion de la dernière nuit à l’arrivée d’une course autour du monde…
Dans une ambiance de veillée, rythmée par la musique de Pascal Ducourtioux, Isabelle Autissier, qui a été la première femme dans la course autour du monde en solitaire – à laquelle elle a participé 4 fois et terminé 2e en 1998 – embarquera le public pour un voyage, pour une nuit en mer…
Places limitées. Réservation obligatoire au 04 83 95 44 20.