La Navale. Mémoire vive de l’activité maritime marseillaise fête ses 40 ans

Publié le 21 octobre 2022 à  8h30 - Dernière mise à  jour le 11 juin 2023 à  17h51

Ils sont en quelque sorte les compagnons du devoir et de la mémoire. Depuis 40 ans une bande d’anciens salariés des entreprises navales de Marseille tente de faire revivre une époque que les jeunes générations n’ont pas connue. Jusque dans les années 70, le port comptait environ 35 000 emplois dans la construction et la réparation navale. Cette dernière représentait 70% du chiffre d’affaires de l’activité au plan national. Au fil des ans mécaniciens, grutiers, ajusteurs ont rassemblé des centaines d’objets et de documents retraçant cette période. Un musée, trop confidentiel, visitable sur rendez-vous, a vu le jour. L’ambition est aujourd’hui de lui offrir un nouvel écrin. Un projet baptisé «Imertium».

Photos Joêl Barcy
Photos Joêl Barcy

Le poumon de Marseille

Brevets, spécialités techniques, dispositifs de sécurité, la cité phocéenne a souvent été en pointe en matière d’innovations durant les 30 glorieuses. Bien en amont les titres de gloire abondaient «en 1932, on a mis en service le plus gros ponton grue au monde capable de soulever 540 tonnes. Le système est dans notre musée», indique Bruno Terrin, le président de l’association. «On a aussi effectué des réalisations exceptionnelles avec la « jumboïsation », cela consistait à couper un car ferry en deux et à ajouter un tronçon pour augmenter sa capacité. Ce n’était pas si simple à faire. Tout cela appartient au passé mais les chantiers navals c’est aussi l’avenir avec la réparation des yachts et toute une somme de métiers».

Bruno Terrin

La plus grosse hélice du monde

Les anciens salariés de l’industrie navale sont intarissables. On sent une pointe de nostalgie tant cette époque les a marqués. Le port était une fourmilière, le métier une fierté. « Il y avait la poussière, la fumée, le froid l’hiver et l’étuve l’été» raconte Robert Ravetti qui participait à la construction des hélices. «En 69 on a construit la plus grosse hélice du monde. Quand on en coulait une on venait même avec une fièvre de cheval. On était comme des acteurs, pas questions de rater le lever de rideau. On était tous là». Pierre Cucherat, mécanicien ajusteur hors pair, se rappelle ces journées non-stop. «On travaillait nuit et jour. On ne comptait pas les heures. Pour les armateurs le temps c’est de l’argent et il fallait bosser vite. C’est ce qui a fait notre force durant les 30 glorieuses. Les bateaux c’est comme une ville flottante, il y a mille et une chose à faire à bord». «Le port grouillait de partout», enchaîne le grutier Gérard De Meo. «Il y avait quand je suis arrivé 120 grues sur le port. L’homme avait encore une grande place. Il y avait une grande solidarité, une grande fraternité. On ne se connaissait pas forcément tous de nom mais on se reconnaissait».

Le projet « Imertium »

Pour garder cette mémoire intacte et inciter les jeunes à travailler dans l’industrie navale, l’association veut s’engager dans un vaste projet :« Imertium». «L’idée est de donner beaucoup plus de visibilité à ce patrimoine industrielle » indique Marie-Charlotte Belle, ingénieure culturelle. «On souhaite un lieu attractif où le grand public puisse découvrir les collections. La gare de la Major serait l’idéal pour installer un centre d’immersion du patrimoine maritime et la presqu’île de la Lave pourrait être le pendant avec rassemblement des chantiers navals, des associations et des professions maritimes ».

Marie-Charlotte Belle

Si le cap est maintenu l’ouverture serait envisagée pour les jeux olympiques en juillet 2024. Reportage Joël BARCY

Diaporama

(Photo Joël Barcy)
(Photo Joël Barcy)
(Photo Joël Barcy)
(Photo Joël Barcy)
(Photo Joël Barcy)
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(Photo Joël Barcy)
(Photo Joël Barcy)
(Photo Joël Barcy)
(Photo Joël Barcy)
(Photo Joël Barcy)
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