Publié le 18 juillet 2018 à 12h02 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h55
C’est l’histoire d’une sphère transparente qui pourrait fort conquérir le monde… en tout cas, celui souffrant de stress hydrique. Helio, c’est le nom de la technologie mise au point par Marine tech, vise la potabilisation de l’eau de mer. Et son grand plus, c’est qu’elle s’opère à moindre coût. Des arguments qui lui ouvrent aujourd’hui les portes des Émirats, du Liberia et de l’Afrique du Sud.
L’objectif d’Helio, solution dédiée à la potabilisation de l’eau de mer mise au point par la start-up Marine Tech, était de conquérir les pays se heurtant à la problématique du stress hydrique. Et, force est de constater, que la Varoise se fraye un chemin certain outre Méditerranée. Pour preuve, son innovation, reposant sur le principe de la distillation -(dans le détail, l’eau de mer, mais encore les eaux usées ou croupies, est pompée et arrive dans une enceinte. Elle est distribuée ensuite dans différents modules grâce au rayonnement du soleil, ce qui génère un phénomène d’évaporation. La vapeur d’eau, nettoyée de toutes ses impuretés, coule alors sous forme de gouttelettes le long de la paroi des modules. Une eau collectée qui est propre à la consommation) vient de séduire des institutionnels de Masdar City, cité verte au pays de l’or noir. La ville des Émirats arabes unis se positionne en effet comme une éco-cité expérimentale, vitrine mondiale du développement durable… et elle compte donner de l’écho à la solution née aux abords de Saint-Raphaël. «Il s’agit d’une opportunité que nous avons saisi, explique Thierry Carlin, président de Marine Tech. «Je me suis rendu dernièrement au Sommet international de l’eau à Abu Dabi en simple spectateur et je me suis arrêté sur le stand de Masdar City. Je me suis rendu compte que les projets qu’ils soutenaient à travers le monde consistaient en technologies liées au bien-être des populations. Un esprit qui correspondait tout à fait à ce que nous développons nous-mêmes…»
Rationalisation des coûts
De fil en aiguille, la discussion s’est engagée et Thierry Carlin présente Helio, qui a aussi l’avantage de reposer sur un principe de rationalisation des coûts… Plusieurs raisons à cela : matériels peu coûteux, affranchissement des énergies fossiles, simplification du système, par essence sphérique, transparent, facile à entretenir et à transporter… et durée de vie de 20 ans, réduisant de fait les coûts de maintenance et offrant une autonomie d’utilisation. «La séduction a opéré. Mes interlocuteurs m’ont demandé ce qu’ils pouvaient m’apporter. J’ai formulé le vœu d’être soutenu à travers leurs actions de promotion, déployées à l’échelle mondiale», indique Thierry Carlin. Un accord visant à l’installation en octobre 2018 d’un démonstrateur à Masdar City est donc conclu. Soit une ferme pilote de 5 à 10 unités couvrant les besoins en eau potable pour 50 personnes, installée pour au moins une année. L’objectif étant de toucher les pays dans lesquels il serait possible de lancer la technologie de Marine Tech. Dans le viseur, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie.
Offensive en Afrique du Sud et au Liberia
Mais l’équipe varoise ne se repose pas uniquement sur les potentialités de la vitrine, certes prestigieuse, offerte par Masdar City. «Parallèlement, on travaille sur certains pays, en tenant compte d’éléments contextuels pour cibler nos offensives commerciales. C’est ainsi que nous avons discuté avec des autorités locales en Afrique du Sud, victime il y a quelques mois d’une sécheresse de grande ampleur. Le gouvernement n’avait pas anticipé ce fléau et a subi la vindicte de la population, qui s’est trouvée rationnée en eau. Un phénomène inédit dans un pays riche… Dès lors, les autorités cherchent des solutions alternatives en matière de gestion de l’eau. L’ambassadeur de l’Ile Maurice en Afrique du Sud nous a sollicités afin que nous exposions les potentialités de Helio, nous sommes en pourparlers pour l’installation de 25 000 unités, peut-être d’ici l’été prochain». De quoi permettre à la Varoise, en cas de signature effective, d’engranger un CA à huit chiffres… Autre opération commerciale, celle réalisée actuellement au Liberia, qui pourrait aboutir à un contrat pour la fourniture de 10 000 à 20 000 sphères Helio. «Le pays bénéficie d’aides européennes et américaines en vue de son développement et notre technologie y est éligible. Nous avons entamé des pourparlers en remontant jusqu’à la présidence du pays». Un accord qui pourrait trouver une concrétisation à la fin de l’année 2018, pour un contrat représentant là encore entre 50 et 70 M€ de chiffre d’affaires…
Prendre en charge tous volumes de production
Marine Tech mène actuellement aussi des opérations au Maroc, en Chine, en Australie et en Californie. «Le premier démonstrateur installé à Saint-Raphaël nous a apporté une médiatisation importante. Il devait être implanté trois mois, au final il y est resté cinq de plus. Nous avons reçu de nombreuses délégations étrangères, enregistré des appels de pays lointains que l’on n’avait pas forcément ciblés au départ. Iran, Émirats arabes unis, Polynésie Française, Colombie… » Les retours positifs des fermes installées devraient permettre de connaître une accélération des contrats. «Le démonstrateur de Masdar aura encore plus d’impact que celui de Saint-Raphaël mais c’est véritablement la première ferme commerciale, en principe celle installée au Liberia, qui jouera le rôle de levier de croissance». Reste qu’il faut faire face à une industrialisation de masse… Mais tout est d’ores et déjà prévu. «Grâce à des fonds Feder (Fonds européen de développement régional NDLR), nous disposons d’une ligne de production permettant de fabriquer 200 unités par an. Si la demande est plus importante, nous faisons appels à des partenaires industriels basés sur le territoire français, à la capacité de production allant jusqu’à 2 000 unités. Au-delà, c’est avec des usines chinoises que nous avons conclu des accords. Elles peuvent fabriquer jusqu’à 20 000 unités par an», égrène Thierry Carlin. A contrario, Marine Tech peut aussi répondre à la demande de particuliers et vendre sa sphère de potabilisation à l’unité, même si la start-up est plutôt structurée pour faire face à de gros volumes en termes de commandes. «Notre objectif est de vendre 2 000 unités de notre solution par an». Hormis si des contrats tels ceux en pourparlers avec le Liberia ou l’Afrique du Sud entendent jouer les accélérateurs de performance… Mais l’avenir devrait le confirmer rapidement.
Carole PAYRAU