Comment transformer des bâtiments complexes en un schéma simple pour les passagers ? C’est le défi auquel étaient confrontés les architectes. A l’arrivée c’est une refonte totale du terminal 1 . Le 25 juin l’Aéroport Marseille Provence (AMP) sera au standard des aéroports européens. Visite en avant-première.
Un bâti chaotique
« Le plus difficile a été de travailler sur trois côtés, entourés de 10 millions de passagers annuels. Le challenge il était là », estime François-Pierre Curato architecte associé, agence Norman Foster et Partner. « Il a fallu un phasage précis pour travailler tout en maintenant l’activité ». Pour transformer cet aéroport, peu fonctionnel, avec des édifices disparates, l’idée a été de venir « rassembler toutes les pièces en un seul mouvement simple et compréhensible », explique l’architecte qui précise: «On a construit cette pièce manquante qui relie tous les autres satellites existants. Ce nouveau bâtiment de 20 000 m3 est la clé de voûte de l’ensemble.»
« On pourrait se passer de signalétique »
Le nouvel aéroport est tellement simple d’utilisation « qu’on pourrait se passer de signalétique», indique Philippe Bernand, président du directoire de l’Aéroport Marseille Provence. « Au rez-de-chaussée on a les 75 bornes d’enregistrement, puis vous avez 18 lignes de sûreté à l’étage avant d’accéder au duty-free puis aux salles d’embarquement. C’est tellement simple ».
De nouvelles technologies
Réorganisation mais aussi évolution technologique inédite dans les aéroports nationaux pour un meilleur confort des passagers. « En matière de sureté on a mis en place le premier EDS cabine (un scanner 3D) pour les voyageurs », annonce Denis Corsetti membre du directoire AMP. « Il détecte les explosifs liquides et solides ainsi que les ordinateurs. Plus besoin de sortir son appareil électronique de sa valise cabine ni de limiter la quantité de produits liquides ». La crème anti-rides ou solaire ne sera plus jetée avant de décoller car elle dépasse les 100 ml ! Des capteurs vont par ailleurs saisir l’empreinte biométrique contenue dans les téléphones portables afin que « le passager puisse circuler les mains dans les poches ».
Une grande audace
Ce chantier a été un pari sur l’avenir, une audace même. L’opération a été lancée alors que l’on sortait à peine de la crise Covid. « En juillet 2021 l’aéroport avait à peine retrouvé la moitié de son trafic de 2019 », se remémore Philippe Bernand. « Beaucoup d’experts prédisaient un retour à la normale pas avant 2028-2029. Nous, nous avons choisi de lancer cet investissement, à contre cycle, pour être prêts pour une reprise du trafic plus rapide que prévue. Aujourd’hui l’histoire nous donne raison ». Au passage il a fallu gérer la guerre en Ukraine et la flambée de l’acier.
12 à 13 millions de passagers
L’Aéroport de Marseille Provence entre désormais dans la catégorie des aéroports de 10 à 25 millions de passagers. Cela implique des standards élevés de qualité. La croissance devrait se poursuivre. « Dans 5 ans on aura un nombre de passagers entre 12 et 13 millions », avance Philippe Bernand qui ajoute que: «d’ici 5 ans, voire moins, il faudra aussi penser à s’occuper du terminal 2. Il devra être rénové et être relié à l’ensemble. C’est ici qu’on enregistre la plus forte croissance ».
Le 25 juin, les passagers vont se retrouver dans un tout autre aéroport nettement plus lisible et fonctionnel.
Reportage Joël BARCY