Publié le 29 octobre 2021 à 22h39 - Dernière mise à jour le 2 novembre 2022 à 9h13
Le Conseil communal de Santé s’est tenu pour la première fois ce vendredi 29 octobre. Ce dispositif de concertation sanitaire, inédit en France, est destiné «à co-construire avec les acteurs de terrain une politique de santé publique plus égalitaire et transparente avec et pour les Marseillaises et les Marseillais», assure le maire de Marseille.
«L’accès à la santé pour tous est un droit, nous le garantirons»
Le Conseil communal de Santé (CCS) de la ville de Marseille, qui a été entériné en Conseil municipal, répond au besoin «de développer une expertise scientifique, professionnelle et citoyenne locale en matière de santé et d’aide à la décision publique» Cette nouvelle instance est composée de 39 membres répartis dans 4 collèges, dont la coordination est assurée par un comité de pilotage, «afin de favoriser une meilleure concertation sur les problématiques de santé et bien-être à Marseille.» Le CCS est porté par des associations, fondations et mouvements citoyens; des chercheurs scientifiques; des acteurs médico-sociaux et des professionnels de santé. Le maire de Marseille, Benoît Payan, précisera: «Marseille est une ville pionnière : nous lançons aujourd’hui notre Conseil Communal en santé. Une instance participative, scientifique, professionnelle et citoyenne, qui guidera nos choix en matière de santé publique. L’accès à la santé pour tous est un droit, nous le garantirons».
Marseille, ville pionnière : nous lançons aujourd’hui notre Conseil Communal en santé. Une instance participative, scientifique, professionnelle et citoyenne, qui guidera nos choix en matière de santé publique. L’accès à la santé pour tous est un droit, nous le garantirons. pic.twitter.com/Vp6M2XHD5n
— Benoît Payan (@BenoitPayan) October 29, 2021
Mettre en valeur le travail collectif
Michèle Rubirola, Première adjointe au maire de Marseille, en charge notamment de la santé publique, de la promotion de la santé, du sport santé, du conseil communal de santé préside le comité de pilotage du dispositif et coordonne les membres du CCS dans leur mission d’expertise, de diagnostic et d’élaboration de préconisations. Elle porte la voix de cet organe de concertation au sein de l’équipe municipale et des instances de décisions. «La structure fonctionne selon une méthodologie mettant en valeur le travail collectif, avec la composition de groupes thématiques de travail, se réunissant afin d’échanger et formuler les préconisations du Conseil à l’attention des pouvoirs publics.»
Permettre une meilleure égalité devant les soins
Michèle Rubirola souligne encore: «Le Conseil communal de Santé de la ville de Marseille est un projet ambitieux qui se réalise. Il s’agit d’un pas de plus vers la démocratie sanitaire et une politique locale transparente et concertée en matière de santé. Profiter du vivier local d’experts, de professionnels de santé, d’acteurs associatifs, est une chance que Marseille saisit pour permettre aux Marseillaises et Marseillais de profiter de décisions publiques adaptées qui prend en compte les réalités du terrain marseillais, ses spécificités, pour permettre une meilleure égalité devant les soins. Présider ce conseil est une mission que j’honorerai de toute ma volonté, car je crois dans la démocratie sanitaire qu’il prône.»
Un référent santé dans tous les secteurs politiques de la ville
L’ambition affichée est de taille car il s’agit d’œuvrer pour la santé à tous les niveaux: «La santé va être transversale et on va réfléchir à ce qu’il y ait un référent santé dans tous les secteurs politiques de la ville de Marseille», développe Michèle Rubirola, convaincue qu’en matière de santé il faut réfléchir plus large. « Le réchauffement climatique, les politiques vis-à-vis de l’hôpital public et les inégalités sont aussi responsables et impliqués dans notre santé », insiste-t-elle.
Elle dévoile que «les habitants des quartiers populaires vivent en moyenne neuf ans de moins que les autres ». Avec ce Conseil communal en santé, la ville se dote d’un outil supplémentaire pour « recoudre la ville ». «Nous avons du pain sur la planche pour quelques années », a conclu Michèle Rubirola.
Prise en compte des problématiques de santé des quartiers populaires
Le CCS est régi par trois principes directeurs qui orientent son action : l’approche globale des questions de santé; le développement d’une démocratie sanitaire, la réduction des inégalités territoriales et sociales de santé. Khadidja Sahraoui-Chapuis représentante du collège Associations, Fondations et Mouvement citoyen, directrice de l’association Réseaux 13 (prévention des conduites à risques et promotion de la santé) indique pour sa part: «Je vois dans le Conseil communal de santé la garantie de la prise en compte des problématiques de santé des quartiers populaires, mais aussi un groupe de travail décloisonnant les champs et disciplines d’intervention. Lorsque l’on vise la réduction des inégalités en matière de santé, le travail collectif interdisciplinaire est la façon la plus efficiente de travailler.»
L’accès universel aux soins se pose depuis de nombreuses années
Fabienne Orsi, membre du collège Chercheurs et Scientifiques, économiste et chercheur rappelle: «A Marseille en particulier, la question d’accès universel aux soins se pose depuis de nombreuses années tellement les obstacles sont nombreux, liés à la fracture sociale et aux inégalités en santé. Ça fait de nombreuses années que nous, chercheurs et associatifs de terrain, disons qu’il est impératif de travailler ensemble avec les élus et les services pour trouver des solutions et lever les obstacles à l’accès universel aux soins. La création de ce Conseil communal de Santé est une situation inédite et je suis particulièrement ravie d’y participer».
Participer à la vie de la cité est primordiale
Cyril Farnarier, membre du collège Acteurs Médico-Sociaux, socio-anthropologue au Lassa et coordinateur du projet Assab (à destination des personnes sans-abri) se félicite: «Dans mes différents engagements professionnels, mon intention et ma volonté de participer à la vie de la cité est primordiale. La mise en réseau inter-associative mais aussi inter-institutionnelle autour de l’accès aux soins, de leur continuité, de l’accès au droit et sa continuité pour les personnes en situation de grande précarité font partie des causes que je défends au quotidien. Fort de ces deux aspects de ma vie professionnelle, c’était un peu comme une évidence de répondre positivement à la sollicitation qui m’a été faite de participer à ce Conseil Communal de Santé.»
Proposer des actions innovantes pour lutter contre les inégalités en santé
Jessica Lavigne, membre du collège Professionnels de santé, infirmière libérale (15e arrondissement), présidente et coordinatrice de la communauté professionnelle territoriale de santé labellisée Actes Santé (association de professionnels de santé libéraux), explique: «Au quotidien, nous organisons les parcours de soins des patients en ville, nous menons des actions de prévention, et améliorons le lien ville-hôpital. J’ai accepté d’intégrer le Conseil Communal de Santé, car à mon sens il permet de réunir autour d’une même table, les différentes expertises capables de proposer des actions innovantes pour lutter contre les inégalités en santé, et notamment dans les quartiers prioritaires de la Ville.»
Le Conseil communal de santé va définir les axes de travail de la politique sanitaire de la Ville, afin d’établir des propositions concrètes et transmettre des préconisations aux décideurs publics.
Anna CHAIRMANN