Publié le 5 juin 2015 à 22h30 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
«Nous sommes la première génération à avoir conscience des enjeux du réchauffement climatique et la dernière à pouvoir agir», lance ce vendredi à Marseille le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius en clôture de la MedCop 21, à six mois de la conférence COP21 de Paris. Avant de rappeler que les débats sur cette question sont nombreux, les angles d’approche divers, puisque, en même temps que ce forum a lieu, à Bonn se tient une réunion des délégués de toutes les parties qui travaillent sur le texte qui sera présenté à Paris. Et lors de la réunion du G7 qui va se dérouler dans les jours qui viennent en Allemagne, la question du changement climatique sera également à l’ordre du jour. Et de prévenir: «Si la Cop 21 est un échec, ce sera très difficile pour l’ensemble du processus. Il faut que le texte soit préparé bien en amont, que le G7 prenne les décisions qui s’imposent».
Trois réunions, le travail ne manque pas, précisant: «le document comprend aujourd’hui, 80 pages et, surtout beaucoup de décisions ne sont pas tranchées». Alors que l’objet de la Cop 21 «est de parvenir à un accord, si possible universel, différencié, ayant une force juridique, afin de ne pas dépasser une augmentation de 2 degrés». Laurent Fabius insiste à ce propos sur l’importance de la réunion du G7 qui comprend les pays les plus producteurs de gaz à effet de serre et les plus riches. «Or, lorsque je vais en Afrique on me dit qu’on est d’accord pour réduire les émissions de gaz à effet de serre mais que l’Afrique n’est que très peu émettrice alors qu’elle est la première victime du réchauffement». Et les pays africains «d’attendre des financements et des transferts de technologies». «Les pays qui ont le plus de moyens, poursuit-il, doivent être les principaux financeurs». l’objectif étant de parvenir à 100 milliards de dollars par an en 2020. Considérant: «Il est très important que le G7 donne un sentiment de confiance à tous les pays».
«De puissantes raisons d’être très inquiets mais aussi d’être optimistes»
Il en vient au Forum méditerranéen : «J’aime ce slogan : nous sommes Tous Méditerranéens». Pour lui : «Cela veut dire que ce qui est fait par un a une conséquence pour l’autre. A l’heure où on parle d’économie circulaire nous sommes là devant la conscience d’une société circulaire. Nous avons un avenir commun, alors bâtissons-le ensemble». «Il y a aujourd’hui de puissantes raisons d’être très inquiets mais aussi d’être optimistes, et parfois pour les mêmes raisons», reprend le ministre, qui présidera en décembre le sommet parisien. Le premier motif d’optimisme avancé : le «grand scepticisme» qui entourait la question du réchauffement climatique «y compris en France», il y a encore quelques années, n’est plus d’actualité «grâce au travail des scientifiques». en revanche, «la situation s’est détériorée». Et de se féliciter de l’accord survenu entre les États-Unis et la Chine «inimaginable voilà 2, 3 ans» ou encore des grandes entreprises «qui prennent maintenant des engagements en matière de lutte contre le réchauffement climatique». «C’est une grande bataille. On ne sait pas qu’elle va être l’issue. Mais on sait qu’il faut aller vers une société décarbonée», conclut le ministre.
Au préalable Michel Vauzelle revient sur la notion de «Tous Méditerranéens». Insiste sur le fait que la société civile doit s’inscrire pleinement dans le processus de lutte contre le changement climatique.
Hakima el Haite, la ministre marocaine de l’Environnement affirme être fière d’être méditerranéenne et salue l’intervention de François Hollande à la Medcop 21: «Nous sommes tous méditerranéens et pour cela nous allons nous faire remarquer parce que nous devons nous démarquer. La Méditerranée est une région qui a toujours dialogué, nous devons nous inscrire dans cette histoire». Elle avoue être optimiste : «On voit du pragmatisme, une énergie positive pour parvenir à un accord à la COP21, une volonté d’intégrer tous les partenaires, notamment deux acteurs clés : les territoires et les entreprises. Nous partons vers Paris solidaires, en gardant à l’esprit les objectifs et les défis. Nous savons que la route vers Paris est difficile mais elle n’est pas impossible». Et la Méditerranée entend prendre toute sa place dans ce processus : «Nous avons créé de nombreuses civilisations, nous allons continuer».
«Considérer la Méditerranée de manière particulière»
En conclusion de leur forum, les participants à la MedCop21, dont la prochaine édition devrait avoir lieu dans un an à Tanger au Maroc, ont adopté une déclaration dans laquelle ils jugent qu’«il est naturel de considérer la Méditerranée de manière particulière» car il s’agit «d’un point chaud du changement climatique». La Méditerranée est aussi «un espace géopolitique où par-delà les contingences de l’Histoire les pays riverains sont inscrits dans une communauté de destin, confrontés à une même réalité environnementale qui nécessite des engagements contraignants et ambitieux».
Le texte avance d’autre part que «les pays riverains peuvent faire converger leurs besoins pour devenir une référence en matière de transition écologique et énergétique et ainsi saisir pleinement les opportunités de nouveaux modes de développement pour les sociétés, les territoires et leurs habitants». Ils ont élaboré 27 propositions concrètes «parmi lesquelles nous mettons l’accent sur : la tenue annuelle d’une Medcop; la création d’un groupe d’experts sur les changements climatiques globaux en Méditerranée; la création d’une plateforme d’échange de projets; la mise en place de partenariats agriculteurs-consommateurs; la création d’un méta cluster méditerranéen pour le bâtiment; la création d’un pôle de formation sur les métiers de l’eau… ». Ils avancent enfin 133 «bonnes pratiques». «Ces travaux de la Medcop 21 matérialisés par notre agenda positif méditerranéen, témoignent de la nécessité d’une intensification des échanges d’expériences et des coopérations multi-acteurs pour relever les défis du changement climatique».
Michel CAIRE