Publié le 9 janvier 2015 à 13h31 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h35
René Vautier, cinéaste, celui que l’on a surnommé le père du cinéma algérien célèbre pour la lutte anticolonialiste est décédé dimanche à l’âge de 86 ans dans un hôpital de Saint-Malo en Bretagne, sa terre natale.
Militant de la première heure, il avait soutenu la lutte armée pour l’indépendance de l’Algérie. En tant que cinéaste, il a consacré plusieurs de ses films en suivant les combattants algériens au maquis, ce qui a valu d’être censuré. Mais, la censure, il l’a déjà connue depuis son 1er film «Afrique 50» qui sera interdit pendant plus de 40 ans et une condamnation à un an de prison.
En 1954 c’est le film «Une Nation, l’Algérie» sorti juste après le déclenchement de la guerre qui le fera connaître et qui lui vaudra également une condamnation pour atteinte à la sûreté intérieure de l’État. Suivra «L’Algérie en Flammes», un autre film tourné en 1958 en pleine guerre aux côtés des combattants.
Des films qui restent inscrits dans la mémoire collective. Des chefs-d’œuvre notamment celui qu’il réalisera en 1963 et qui traite du bilan de la guerre d’Algérie en retraçant toute l’histoire de l’Armée de libération nationale (ALN), mettant surtout en images l’effort populaire dans la reconstruction du pays. Mais, c’est «Avoir vingt ans dans les Aurès», en 1972, son film le plus importante, pour lequel il recevra le Prix international de la critique du Festival de Cannes. D’autres films suivront depuis 1984 avec sa Société de production indépendante en France principalement tournée vers des documentaires sur l’immigration et la citoyenneté française comme «Immigration Amiens». Et dans la même veine «Le racisme en France» ou encore «Vous avez dit français?», sorti en 1990.
Beaucoup d’hommages lui ont été rendus mais le principal fut celui de Constantine en 2004 au milieu de retrouvailles importantes de bon nombre de témoins de ses activités cinématographiques ou encore celui rendu à l’occasion du 60e anniversaire du déclenchement de la lutte armée pour l’indépendance. Et la seule réponse qu’il donnera: «Je filme ce que je vois, ce que je sais, ce qui est vrai». En 1962, René Vautier met en place le Centre audiovisuel d’Alger destiné à la formation de la première génération de cinéastes algériens et de techniciens du cinéma qu’il dirigera jusqu’en 1966 avant de regagner la France avec l’Algérie au cœur.
René Vautier restera l’homme à la caméra qui a fait connaitre la lutte du peuple algérien au monde entier grâce à son film «Djazairouna» («Notre Algérie») projeté à l’ONU comme témoignage sur la lutte des algériens pour leur indépendance.
Jacky NAIDJA