Publié le 11 juin 2019 à 7h25 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h47
Le Grand Port maritime de Marseille (GPMM) a signé une convention d’objectifs et de financement avec le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône. Ce dernier s’est engagé à financer à hauteur de 41 % dans la limite de 6M€ l’électrification de quatre postes à quai du futur terminal passagers du Cap Janet et l’extension du réseau jusqu’à la réparation navale. Cette promesse de financement devance le prochain projet stratégique, qui devrait être validé fin juin, dans lequel s’inscrira la généralisation de la connexion électrique des navires à quai (Cenaq) dans les bassins Est. Puis le GPMM se tournera vers la croisière, grand défi technique puisque les paquebots géants requièrent au moins 10 MW de puissance, contre 3 à 5 MW par ferry.
Pour Didier Réault, vice-président du département au budget, aux finances et à l’environnement l’objectif est de «développer la capacité d’alimentation des bateaux en électricité sur les quais du Grand Port Maritime», ce qui permet d’éviter «la pollution notamment aux particules». Souligne que «le Département ne peut pas être absent» et qu’il finance à hauteur de 6M€, ce projet d’un montant total d’environ 14M€, «pour une expérimentation d’abord, puis pour une mise en place complète», dans le cadre du Cenaq (Connexion Électrique des navires à quai). Cite en exemple l’action depuis plusieurs années de Marc Reverchon, PDG de La Méridionale qui a 3 ferries qui se branchent à quai, à Marseille, ce qui a été à l’époque une première.»… didier_reault_cenaq_5_06_2019.mp3 Les 3 bateaux de la Méridionale sont alimentés en électricité par un poste à haute tension du Grand Port Maritime, lors de leur escale. Le branchement se fait le matin en moins d’un quart d’heure et de même, le soir. Est ainsi évité la pollution de l’équivalent de 3 000 voitures qui font l’aller-retour Marseille-Aix dans la journée, pour chaque escale. Ces 3 ferries utilisent à peu près 2 Mégawatt (MW) de puissance mais les prochains ferries à être équipés seront d’une puissance plus importante, entre 3 et 5 MW. Le Cenaq est «particulièrement adaptée aux navires qui observent de longues escales» comme les ferries, qui sont d’ailleurs à l’origine de «presque 50 % de la pollution atmosphérique du port», selon Marc Reverchon. À la gare maritime d’Arenc, les trois navires de la compagnie seront rejoints par le « Paglia Orba » de Corsica Linea dans les prochains jours. Pour le «seul port en Méditerranée et en Europe, hormis le Nord, à avoir réussi son expérience de branchement à quai», la priorité est désormais de fournir des prises aux navires de la CTN, d’Algérie Ferries et de Corsica Linea desservant le Maghreb, en particulier le « Tanit », qui nécessite une puissance de 5 MW.» Sophie Rouan, chef du département voyageurs et énergie du GPMM souligne que le Port vise à se fournir en énergie renouvelable et même à produire lui-même son électricité à partir du photovoltaïque, si les études en cours sont concluantes. sophie_rouan_cenaq_5_06_2019.mp3 Hervé Martel, président du directoire du GPMM revient sur le Cenaq. Considère que cette technique est «la meilleure solution», la seule «qui supprime les émissions d’oxydes de soufre, d’oxydes d’azote, de particules fines et de gaz à effet de serre. Il n’y a plus aucune émission pendant l’escale du navire au port de Marseille». Aujourd’hui, le port a 3 postes à quai (pour les 3 navires de La Méridionale) mais prévoit avec le Cenaq, dans le futur, de nouveaux postes qui seront installés en trois phases, d’autres ferries des lignes de Corse et du Maghreb et à terme, la réparation navale et probablement la croisière. Côté investissement, cite ceux de La Méridionale à hauteur de 3,5M€ pour équiper 3 navires mais n’avance aucun montant en ce qui concerne l’investissement du port. «C’est un peu compliqué parce qu’il s’agit de développer un réseau électrique au port qui permet d’amener l’énergie jusqu’à chaque poste à quai et ensuite d’avoir un système de transformation qui lui-même dépend de chaque navire», explique-t-il. Rappelle que ce dispositif de lutte contre la pollution des navires est encore peu répandu parce que compliqué de par «la technologie» et «un coût non négligeable». «C’est la raison pour laquelle les collectivités de tout niveau nous aide sur ces investissements», souligne-t-il. Aujourd’hui, avec le Conseil Départemental, «ce soutien sera utile mais insuffisant», pour le nouveau président du directoire du port, qui en espère d’autres, évoquant ainsi «l’importance des financements publics, du niveau européen (Feder) à l’échelon local (région), en passant par le national (DGITM et Ademe) dans l’aboutissement des premiers projets de branchement à quai à Marseille.» herve_martel_cenaq_5_06_2019_.mp3 Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO