Publié le 30 juin 2016 à 6h25 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h27
Jeudi 30 juin, c’est « Cosi fan tutte » de Mozart, qui frappe les trois coups de l’édition 2016 du festival d’Aix-en-Provence au théâtre de l’Archevêché. Christophe Honoré signe la mise en scène et c’est Louis Langrée (puis Jérémie Rhorer pour les deux dernières représentations) qui assure la direction musicale. Louis Langrée a bien voulu répondre à nos questions.
Il y a quelques semaines, à l’issue de la master-class de direction qu’il venait de dispenser au Conservatoire Darius Milhaud, Louis Langrée nous confiait : «Cosi c’est le plus difficile des trois Da Ponte. Don Giovanni est viscéralement le plus immédiat, Les Noces c’est la perfection de la structure avec urgence et sensualité mêlées, Cosi c’est l’exploration de tous les recoins de l’âme humaine avec une seule question: c’est quoi la fin ? Et je dois avouer que relever le défi de monter cet ouvrage est plus périlleux pour le metteur en scène que pour le directeur musical.»
La semaine dernière, Louis Langrée n’avait pas changé d’avis, bien au contraire. «Je mesure à nouveau ici le côté vertigineux de cette œuvre que je n’ai plus dirigé depuis 16 ans ; ça me fascine. Redécouvrir tous les soirs un océan de couleurs, de mises en lumière des sentiments, car la musique de Cosi ce n’est que cela : refléter l’état psychologique de ceux qui donnent vie à l’histoire. Il y a une multitude de nuances et de détails, comme le grain de la peau, des modulations qui vous bouleversent.»
Ce sont les musiciens du Freiburger Barockorchester qui sont placés sous la direction de Louis Langrée, pour cette production. «C’est un privilège de pouvoir travailler avec un ensemble d’une telle qualité qui exprime une vraie joie de jouer et de travailler. Avec ces musiciens, on peut aborder la musique de chambre dans le soin du détail, on peut passer du temps à expérimenter certaines choses, ce qui n’est pas chose courante avec d’autres formations. Le plus souvent le directeur musical arrive avec des réponses devant un orchestre. Avec le Freiburger on peut emprunter divers chemin qui mènent là où je veux aller. Je ne veux pas d’annotations sur les partitions, aucune indication de coups d’archet .C’est une musique fin 18e siècle et les archets sont différents, soit baroques soit plus moderne. Alors j’essaye de donner aux musiciens une idée musicale, une direction claire puis c’est à chacun d’eux de traduire techniquement les orientations musicales pour arriver à une homogénéité ; ce qui ne veut pas dire une linéarité sonore, mais un son homogène auquel chacun apporte sa pierre, sa personnalité, sa couleur. Les musiciens de cet orchestre sont d’une disponibilité exceptionnelle, mus par la même énergie.»
De la mise en scène de Christophe Honoré, Louis Langrée ne veut pas dévoiler les ressorts… « Il nous reste encore beaucoup de répétitions et les choses peuvent tellement évoluer. Ce que je peux dire c’est qu’il y a des surprises qui sont intéressantes et que le metteur en scène a une vision très claire, un propos et un angle très affirmés. Ce qui ne peut pas être le cas du chef confronté à la difficulté de mettre en équilibre tous les aspects rythmiques et harmoniques, toutes les particularités de l’ouvrage. Et il ne faut jamais oublier que le premier dramaturge de l’œuvre, c’est Mozart…» Place, donc, à Mozart, à sa musique, à son œuvre… Que la fête soit belle, que le festival délivre ses moments de bonheur !
Michel EGEA
Pratique – «Cosi fan tutte» au Théâtre de l’Archevêché à 21h30 le 30 juin puis les 2, 5, 8, 11, 13, 15, 17 et 19 juillet. Les représentations du 17 et 19 juillet seront dirigées par Jérémie Rhorer). Renseignements et réservations à la boutique du Festival, Palais de l’Ancien Archevêché, Place des martyrs de la résistance 13100 Aix-en-Provence.
Tél. : 0 820 922 923 (12 cts /min.) et sur la billetterie en ligne festival-aix.com