Le Festival Off d’Avignon perd 400 000 spectateurs cette année mais reste un rendez-vous incontournable

Le décalage calendaire lié aux jeux olympiques et les élections législatives ont sérieusement pénalisé le Off d’Avignon. La première semaine a été catastrophique et les deux autres n’ont pas pu permettre de rattraper le handicap. Dossier et entretien avec Harold David, coprésident d’Avignon Festival & compagnies.

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Harold David, coprésident d’Avignon Festival & compagnies (Photo Joël Barcy)

 1709 Spectacles

Le festival Off 2024 sera celui du record de spectacles : 1709 étaient à l’affiche. Soit 218 de plus que l’an passé. Mais ce nombre n’a pas rimé avec affluence. «En raison du décalage calendaire -3 au 21 juillet- lié au JO et au télescopage des législatives, les festivaliers étaient absents d’Avignon la première semaine», explique Harold David, le coprésident d’Avignon festival & compagnies. « On aura entre 1,4 et 1,6 million de spectateurs -au lieu de 2 millions l’an passé-, très peu de compagnies ont tiré leur épingle du jeu début juillet et certaines seront en difficulté ».

Un rendez-vous incontournable

 Malgré ce concours de circonstances préjudiciable, Avignon reste un rendez-vous incontournable pour les compagnies. « Cela leur permet de présenter leur travail, de rencontrer le public, la presse et des acheteurs potentiels qui leur permettront d’obtenir des dates de tournées les saisons prochaines ».  Environ un millier de programmateurs sillonnent les 141 théâtres durant ces trois semaines. «C’est l’une des rares occasion de se faire repérer et de tenter d’assurer l’avenir ».

 Vers 2 000 pièces à court terme

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Le Off Avignon 2024 sera celui du record avec 1709 spectacles à l’affiche (Photo Joël Barcy)

L’inflation de pièces ces dernières années n’est pas près de s’arrêter selon Harold David. « C’est un phénomène contre lequel on ne peut pas lutter ». Et un numérus clausus ? « On est dans le principe de la libre entreprise. On est incapable d’interdire à une compagnie de signer un contrat avec un théâtre ». Alors où va-t-on s’arrêter ? « Je pense que le nombre de pièces va continuer de croître au regard de la situation économique des troupes qui ont besoin de ce rendez-vous. Mais on va avoir un phénomène déjà très présent au « Fringe » d’Édimbourg (le parent d’Avignon en Écosse). Les compagnies vont se partager les créneaux, saucissonner un créneau de trois semaines avec deux ou trois compagnies qui vont présenter des spectacles différents. Donc mécaniquement le nombre de pièces va augmenter. Si on est passés de 1492 à 1709 spectacles en 2024 ce n’est pas parce que de nouvelles salles se sont ouvertes mais c’est lié aux rotations donc je ne serais pas étonné que dans deux à trois ans on ait 2000 spectacles à l’affiche ».

Le gain en qualité

On dit souvent que de la contrainte naît la créativité. C’est un peu ce qui est arrivé au festival Off. La crise des « subprimes » en 2008 et son corollaire, la restriction drastique des aides à la culture lui a permis d’acquérir ses lettres de noblesse. «On a vu arriver des compagnies subventionnées, qui n’avaient pas besoin d’Avignon pour vivre jusque-là, présenter des spectacles de haute qualité. Des salles ont vu le jour… Le bouche à oreille a fonctionné et parallèlement des producteurs indépendants se sont rendus compte qu’il n’y avait pas que Paris pour lancer ses spectacles et ils sont venus à Avignon ».

Intérêt général

Aujourd’hui les programmes humoristiques ne comptent que pour 16% et le théâtre classique ou contemporain 51%. « On est en train de reconnaître au Off sa fonction d’intérêt général, cela fait 25 ans que je me bats pour cela , affiche fièrement Harold David.

En 2025, en l’absence des JO, le festival devrait démarrer plus tard et se terminer le 27 juillet. Une manière d’oublier la première semaine horribilis de 2024.

Reportage Joël BARCY

 

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