Quand les nuages s’amoncèlent sur la scène politique internationale, le commerce mondial en pâtit. Il a stagné en 2023 sur le globe et a chuté en Europe. Pour contrer ces difficultés le port de Marseille Fos a choisi d’investir notamment dans la décarbonation.
Des volumes en baisse
Tous les indicateurs, sauf un, sont en baisse en 2023. Le volume de marchandises a chuté de 12%, les vracs solides de 24%. Seule éclaircie, le trafic passagers. Il a bondi de 36% pour dépasser les 4 millions. Un chiffre jamais atteint, lié en partie aux contraintes post-covid en Asie. Pour 2024, « On navigue à vue », constate Christophe Castaner, le président du conseil de surveillance du port de Marseille Fos. « Le contexte politique international n’est toujours pas très favorable. Guerre en Ukraine, conflit au Proche-Orient, paralysie partielle de la mer Rouge, tension en Asie, inflation, des éléments sur lesquels on n’a pas de prise ».
Décarbonation et énergies nouvelles
«Le port de Marseille-Fos va vivre sa troisième révolution», affirme Christophe Castaner. « Il y a 60 ans c’était la révolution du pétrole avec la volonté de faire de Fos le premier port européen en la matière. Puis voilà 40 ans on a eu la révolution de la chimie du pétrole avec de gros investissements et depuis plus rien. Or nous vivons une troisième révolution, celle de la décarbonation. Il faut la prendre en compte». Investir est devenu le leitmotiv du port de Marseille-Fos. « En 2024, on va investir 118 millions d’euros. C’est le double de 2022. Sur les dix prochaines années le privé investira 11 milliards sur la zone de Fos ». Trois grosses entreprises : Carbon, spécialisée dans les panneaux photovoltaïques, H2V avec des unités de production d’hydrogène et GravitHy, une usine de production de minerai de fer pré-réduit devraient voir le jour sur le site.
10 000 emplois à terme
Cette troisième révolution devrait être la source de nouvelles embauches. 10 000 emplois directs sont attendus sur le territoire dans les dix prochaines années. « Le port est un gros pourvoyeur. Il représente actuellement 42 600 emplois » insiste Christophe Castaner. « C’est 10% de la masse salariale privée des Bouches-du-Rhône ». Cette économie décarbonée va nécessiter des formations nouvelles. « On a déjà mis des formations en place. Si la France attire le plus grand nombre d’investisseurs étrangers en Europe c’est en partie liée à la bonne formation des salariés » résume le président du conseil de surveillance.
Ouvrir le port de Marseille
Cap vers les bassins Est à Marseille. La volonté est de libérer de l’espace et plus ouvrir le port au public. Les Terrasses du port sont un exemple, elles n’ont pas bridé l’activité industrielle et ont ouvert la structure au public. « On veut poursuivre dans cette voie. On a des garages et deux halles métalliques de type Eiffel, il faut qu’on puisse les ouvrir sur la Joliette. Il faut que les Marseillais retrouvent de la fierté par rapport à l’acteur économique majeur qu’est le port», estime Christophe Castaner.
Décarbonation, énergies nouvelles, ouverture, le port de Marseille Fos a compris que sa survie passait par une révolution. Une zone de 10 000 hectares est là pour accueillir les entreprises mais il faudra que l’intendance suive autour de la zone en matière de voiries, de logements et d’activités tertiaires.
Reportage Joël BARCY