Publié le 9 mai 2016 à 9h57 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h15
Le passage de la planète Mercure devant le soleil est un événement rare qui ne se produit qu’une dizaine de fois par siècle: Il est programmé pour ce lundi 9 mai.
Un phénomène que les astrophysiciens appellent le « Transit » de Mercure et que plus poétiquement nous avons qualifié de rendez-vous… Comme l’explique l’astrophysicien Michel Marcelin du Laboratoire d’Astronomie de Marseille (LAM) ce passage sera visible à Marseille entre 13h15 et 20h37, soit près de 7h30 de traversée sachant qu’il est impératif pour les non initiés qui ne disposent pas de lunettes astronomiques équipées d’une protection adéquate de ne surtout pas le faire avec de simples jumelles « bricolées ». Il est en effet très important de se protéger les yeux pour ce type d’observation du soleil. Prenez conseil auprès d’un professionnel. L’ombre projetée de Mercure sur le disque solaire étant forcément minuscule (Mercure est 180 fois plus petite que le soleil), ne pas se doter d’une protection maximale c’est prendre le risque de s’exposer à de graves lésions de la rétine. Graves au point d’entraîner une cécité irréversible. C’est dans cet esprit qu’un peu partout en France des clubs d’astronomie ont prévu un accueil du public ce lundi pour des observations commentées et effectuées avec un matériel de Professionnel. Le Club d’Astronomie Astroclub M13 convie ainsi le public à venir le rejoindre ce lundi 9 mai à partir de 13 heures sur le site de la Chapelle Notre-Dame des Marins à Martigues. Alors que pourra-t-on voir? Que sait-on de la planète Mercure ? Quelle est l’explication de ces passages de Mercure devant le soleil, autant de questions auxquelles répond Michel Marcelin.
Destimed: Que sait-on de la planète Mercure ?
Michel Marcelin: Mercure et Vénus sont les deux seules planètes plus proches du Soleil que ne l’est la Terre. De ce fait l’une comme l’autre peuvent transiter devant le Soleil. Pour la petite histoire, Mercure doit son nom au Dieu Romain du Commerce, fils de Zeus et de Maia représenté souvent chaussé de sandales ailées, signe de sa rapidité de déplacement.
Pourquoi ce transit attendu est-il si important ?
Comme Mercure reste toujours près du soleil, une observation comme celle que l’on pourra faire ce lundi est une chance à saisir. C’est rare un tel transit parce que, si Mercure tourne environ quatre fois autour du soleil chaque année, son orbite étant légèrement inclinée par rapport à celle de la Terre , elle passe soit en dessous soit au dessus du soleil. Et ce n’est que lorsque la Terre se trouve dans le bon alignement qu’un transit comme celui qu’on pourra observer ce lundi est possible. Cet alignement Terre-Mercure-Soleil, quasi-parfait, ne se reproduira pas avant 33 ans, même si deux autres transits sont annoncés pour 2019 et 2032 mais qui seront de plus courte durée. »
A quoi ressemble cette planète ?
Elle est un peu plus grosse que la Lune. On sait qu’elle est criblée de cratères, avec une surface assez semblable à celle de la Lune, mais ce sont là des connaissances relativement récentes que seules les sondes spatiales ont pu nous fournir. Même avec les télescopes les plus puissants il n’est pas possible d’obtenir de tels détails. Bien évidemment sa proximité avec le Soleil est à l’origine des températures très élevées de sa surface, avec une écart important entre le côté jour (où la température peut montrer jusqu’à 350° C) et le côté nuit où elle tombe à 160° C du fait de l’absence d’atmosphère.
Pourquoi cette absence « d’atmosphère » conduit elle à de tels écarts de température?
L’atmosphère permet à une planète d’avoir un système de régulation thermique qui lui permet de stocker une partie de la chaleur emmagasinée le jour en empêchant, la nuit venue, que celle-ci ne soit entièrement rayonnée vers le ciel et perdue par la planète. Comme une couverture nous permet de conserver une bonne partie de notre chaleur lorsque nous sommes dans un lit.
En dehors de ces rares périodes de transit spectaculaires est-il néanmoins possible d’apercevoir Mercure ?
Mercure étant très proche du Soleil, elle est de fait difficilement observable. Mais on peut néanmoins l’apercevoir lors de ce que nous appelons ses élongations maximales, c’est à dire lorsque son mouvement orbital vu de la terre l’amène à se trouver au plus loin du Soleil. C’est alors qu’on peut l’apercevoir comme un petit point lumineux perdu près de l’horizon dans les lueurs du couchant, juste après le coucher du Soleil ou, au contraire, dans les lueurs du levant, juste avant le lever du Soleil. La périodicité de ce mouvement orbital est de 4 mois. On a donc des chances d’apercevoir Mercure pendant quelques jours le soir, puis deux mois plus tard pendant quelques jours le matin avant le lever du Soleil. Et puis à nouveau deux mois plus tard de nouveau le soir et ainsi de suite. Mais cette observation reste difficile car il faut un ciel bien dégagé et Mercure n’apparaît jamais que comme un petit point lumineux. Rien de comparable avec l’observation que l’on pourra faire ce lundi où Mercure apparaîtra comme un point noir se déplaçant petit à petit sur le disque solaire. Par ailleurs, ce phénomène de transit planétaire est plus rare que les éclipses de Soleil par la Lune, mais il peut en revanche être aperçu de presque toute la surface terrestre qui se trouve au soleil au moment du transit.
Propos recueillis par Christine Letellier