Marc Pena (non encarté, candidat NFP), a obtenu 27,5% des suffrages au premier tour et a bénéficié du désistement du député Modem sortant, Mohamed Laqhila (arrivé en 3e position). Il affrontera ce dimanche, pour le second tour des législatives dans la 11e circonscription des Bouches-du-Rhône, le candidat du RN Hervé Fabre-Aubrespy, arrivé en tête avec 38, 87% des voix. Marc Pena dans cet entretien revient sur les axes forts de sa campagne, insiste sur le fait qu’au-delà d’être NFP il est plus largement le candidat anti-RN dans cette circonscription.
Marc Pena comment se déroule cette campagne ?
Tout va très vite. Emmanuel Macron n’a pas commis un acte démocratique avec cette dissolution et en laissant si peu de temps pour s’organiser et mener campagne. Mais, malgré cela, la gauche a pu se regrouper et être présente dans nombre de circonscriptions pour faire barrage au RN. D’ailleurs avec le retrait, que je salue, de Mohamed Laqhila, un homme dont j’ai respecté l’action et qui, je ne l’oublie pas, n’a pas voté la loi immigration, je deviens le candidat, au-delà du NFP, de tous les démocrates. Je dois d’ailleurs dire que je sens un changement depuis que nous sommes en campagne pour le second tour.
Il y a dans la circonscription, mais c’est vrai aussi au niveau national, une prise de conscience du danger que représente le RN. Des électeurs me disent avoir voté Mohamed Laqhila au premier tour et m’annoncent qu’ils voteront pour moi au second. Alors je pense que les 10 points de retard que j’accuse ne sont pas un handicap insurmontable. Je regrette que le combat soit plus difficile pour Jean-David Ciot (NFP), dans la 11e circonscription, face au candidat LR-RN Gérault Verny, du fait du maintien de la députée sortante Ensemble Anne-Laurence Petel. Cette dernière va perdre et, si elle fait élire le RN, elle connaîtra en plus, pour reprendre la formule de Sabrina Agresti-Roubache, le déshonneur. Laurence Petel n’est pas à la hauteur des enjeux historiques. Je rends en revanche hommage à Édouard Philippe qui, au Havre, votera pour un candidat communiste pour battre le RN, comme des candidats de gauche le feront pour des candidats de droite ou du centre, comme je l’aurais fait en faveur de Mohamed Laqhila si cela avait dû se faire.
A ce propos peut-on faire un point sur vos forces et vos faiblesses sur le plan électoral lors du premier tour ?
J’ai obtenu d’excellents résultats sur Aix-en-Provence grâce notamment au vote du quartier du Jas-de-Bouffan, il en va de même sur Septèmes, en revanche le RN est en tête aux Pennes-Mirabeau et je suis en retard sur Cabriès-Calas et Eguilles mais une partie notable de la population a voté là en faveur de Mohamed Laqhila. Un premier tour lors duquel, bien sûr, j’ai entendu des interrogations sur la Nouveau Front Populaire, sur notre programme économique. Mais, dans la majorité des cas, l’accueil a été bon et j’ai pu mesurer combien l’espoir était grand dans les quartiers populaires. Je sais que Michel Amiel, le maire des Pennes me soutient et, plus largement je ne connais pas d’élus locaux qui veuillent la victoire du RN car tous souhaitent la réalisation du Marseille en Grand et ils savent que la victoire du RN aboutirait à sa remise en cause. D’évidence on peut critiquer Emmanuel Macron mais force est de constater que le Marseille en Grand existe, qu’un projet tel que le Pôle multimodal de Plan-de-Campagne est une nécessité pour ne citer qu’un seul exemple.
Ce programme du RN, si on le regarde au seul niveau économique, est catastrophique, c’est celui du tout bagnole, d’un monde dans lequel le changement climatique n’existerait pas. C’est aussi un programme qui nous ferait perdre des années précieuses dans la lutte contre le changement climatique. Le programme économique du RN c’est du Trump, du Orban, du Méloni. Et, en plus, ce parti a des racines nuisibles qui resurgissent avec la possibilité de prendre le pouvoir. On voit se multiplier les menaces, le racisme, les atteintes aux droits des Femmes.
Vous êtes historien du droit, que représente pour vous la volonté du RN de mettre en place le droit du sang en lieu et place du droit du sol ?
La France s’est construite sur le droit du sol. Être Franc c’est être libre et le Royaume se construit sur cette idée de rassembler les Hommes Francs, le territoire est plus important que l’origine des gens. Et cette idée va prendre toute son ampleur avec la révolution, avec l’idée de Nation qui ne se fonde pas sur une communauté ou une ethnie mais sur une volonté de vivre ensemble à partir d’un ensemble de valeurs. Ainsi, rien n’amène la France à avoir une spécificité si ce n’est qu’elle se construit à partir du droit du sol. Et, pour mesurer la gravité que représenterait ce passage au droit su sang je tiens à rappeler que même Vichy, malgré toutes les horreurs qu’il a pu commettre, malgré sa politique antisémite, n’a pas osé revenir sur le droit du sol. Le droit du sang c’est la fin de la citoyenneté, de la notion d’égalité. Le petit-fils de maçon espagnol que je suis est un professeur d’université, membre du conseil d’administration de la fondation du Camp des Milles et maintenant un candidat à la députation, c’est cela la France.
Propos recueillis par Michel CAIRE