Publié le 15 juin 2017 à 23h34 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 16h55
Rencontre avec l’ingénieur Claire Pitollat et son suppléant Michel Giusti qui, sous l’étiquette La République en Marche, ont créé la surprise dans la 2e circonscription des Bouches-du-Rhône en arrivant en tête du premier tour des législatives avec 36,49%, loin devant le député (LR-UDI) sortant Dominique Tian (25,22%) qui brigue ainsi un quatrième mandat. Marseillaise, Claire Pitollat, est ingénieur dans l’industrie de l’énergie, diplômée de l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace (Supaero) de Toulouse. Mariée, mère de trois enfants, elle a eu son premier emploi en Norvège avant de rentrer en France: «où j’ai intégré un grand groupe pour lequel j’ai travaillé à Paris, Lyon et enfin Marseille, chaque fois dans un secteur différent, mais toujours dans le domaine de l’énergie», précise-telle. Son suppléant, Michel Giusti, 67 ans, militant associatif, est un ex-Administrateur Général des Finances Publiques. Tous deux se sont engagés en politique avec la création d’En Marche. Entretien.
Destimed: Comment êtes-vous entrée en politique?
Claire Pitollat: je n’avais jamais fait de politique, j’avais plutôt des engagements personnels. Je dois dire que j’ai été marquée par mon séjour en Norvège où j’ai apprécié l’esprit pragmatique de la population et le souci du collectif dans le travail, deux éléments qui ne font pas partie de la culture française. Et, lorsque En Marche! s’est créé, j’ai eu le plaisir de retrouver les valeurs que j’entends faire passer auprès de mes enfants: se donner les moyens de faire aboutir ses envies en tenant compte de l’intérêt général et de l’environnement. Je me suis reconnue dans la démarche pragmatique et participative d’En Marche, dans son programme concret et réaliste. Puis, comment ne pas être sensible au fait que voilà enfin un politique qui s’inscrit dans une démarche d’espoir. Alors, lorsque j’ai entendu l’appel de Macron aux femmes et à la diversité, sa volonté de voir des députés représentatifs de la société j’ai eu envie d’y aller et ma candidature a été retenue.
Michel Giusti: Je n’avais jamais fait de politique lorsque La République en Marche s’est créée, un mouvement auquel je me suis senti obligé d’adhérer car je trouve pertinent le fait qu’un mouvement parte du terrain. Je dois dire que, Administrateur Général des Finances Publiques, Emmanuel Macron était un peu mon patron ce qui fait que je m’étais déjà intéressé à lui car, il était jeune et, surtout, décapant. Dès l’automne 2016, j’ai créé un comité local qui compte aujourd’hui 170 adhérents. Nous avons toutes les tendances dans le comité et nous travaillons sur des questions telles que la formation, l’emploi, le mieux vivre ensemble, la solidarité… Nous avons travaillé, réalisé des synthèses que nous avons transmis aux experts du mouvement et cela sans nous taper dessus. Et, dans la République contractuelle que nous voulons construire les syndicats seront plus forts, auront plus d’adhérents et d’impact dans le cadre d’un dialogue constructif.
Que représente pour vous Emmanuel Macron?
Michel Giusti: Pour moi c’est un humaniste réactif, un philosophe du XVIIIe siècle. C’est en plus, et j’y suis sensible, quelqu’un qui a très tôt pris des positions on ne peu plus claires contre le FN. Il a une approche libérale de l’économie mais, dans le même temps, il entend protéger. Aujourd’hui nous avons des textes d’une telle complexité que même les experts ne s’y retrouvent pas. cette prolifération nuit à la sécurité juridique
Comment se lance-t-on dans une première campagne?
Claire Pitollat: Nous nous sommes inscrits dans la démarche pragmatique et participative. Nous sommes donc allés sur le terrain, à la rencontre de la population, entendre leurs attentes, leurs positions. Nous avons vu des personnes qui, parfois, ont exprimé un rejet du politique mais qui, lorsqu’on leur propose simplement d’échanger, s’apaisent, discutent dès lors que l’on sort de la vieille politique. Une expérience qui m’a transformée certes, mais qui a aussi renforcé ma volonté d’être une députée de terrain.
Justement, si vous êtes élue n’avez-vous pas une appréhension, député c’est un métier?
Claire Pitollat: C’est un nouveau métier, effectivement et, plus que cela, je mesure la responsabilité que cela représente d’être élue. Mais ma formation m’a appris à collecter des données, les synthétiser et restituer des décisions en prenant quotidiennement des décisions. De plus, j’ai changé cinq fois de métier alors, avec humilité et rigueur, je pense pouvoir, comme nombre de nouveaux élus, faire valoir ma différence, mon expérience. Et, si je suis élue, je souhaiterais travailler sur les questions scientifiques, sur l’enseignement, je suis passée par l’IUT, l’Université et une école d’ingénieur, je connais donc les forces et faiblesses de chaque institution.
Si vous êtes élue, vous serez une élue nationale, cela n’empêche pas d’avoir un regard sur Marseille. Quel regard portez-vous sur cette ville?
Claire Pitollat: Marseille est riche de son positionnement, de sa diversité, des facteurs qui lui donnent un fort potentiel. Il est temps que ce potentiel se traduise en source de richesse et d’innovations. Pour cela, il importe de rattraper le retard que connaît la cité, en matière de logements, de transports, d’infrastructures, de scolarité, de garderie, d’équipements sportifs… Il faut avancer sur le développement durable en commençant par le basique, la propreté des rues.
Propos recueillis par Michel CAIRE