Publié le 19 janvier 2021 à 19h06 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h23
Les agriculteurs des massifs de Corse et des Alpes, notamment du Sud, se sont associés à ceux du Jura, du Massif central, des Pyrénées et des Vosges afin d’agir de concert pour définir une action collective pour la prochaine Politique Agricole Commune. De leur réflexion conjointe est née un livre blanc intitulé : « Quelle politique pour l’agriculture de montagne dans la future PAC» ?
Forts de leurs multiples atouts, les agriculteurs des massifs français sont bien décidés à relever le défi du Président de République : concilier souveraineté alimentaire et durabilité. Pour cela, leurs exploitations familiales et herbagères produisent, chaque jour, une multitude de produits d’excellence, tout en rendant des services inégalables en matière d’entretien des paysages, d’animation des territoires et de protection de l’environnement.
Le revenu des fermes françaises va reculer de 6,5%
Pour mener à bien leur mission, faut-il encore que les exploitants arrivent à vendre leurs produits à des prix couvrant leur coût de production et ainsi, sortir d’une situation économique et humaine préoccupante. En 2019, le résultat agricole moyen par actif avait chuté de 8,6 %, selon les résultats de la Commission des comptes de l’agriculture de la nation (CCAN). Les explications de ce recul sont diverses, mais pour le syndicat agricole il faut retenir des «des situations alarmantes dans beaucoup de filières, qui cumulent baisse des volumes et des prix alors qu’augmente le coût des consommations intermédiaires» (énergie, engrais, pesticides). Il faut dire qu’en parallèle, selon l’Insee, le tarif de l’électricité avait augmenté de près de 4 %, l’alimentation animale était plus coûteuse (+3,5 %), tout comme les frais vétérinaires (+2,4 %). Au final, la valeur ajoutée agricole a diminué dans 8 régions sur 13, avec un recul de 6,4 %. Et sur 2020, le bilan ne devrait pas être meilleur, il sera même pire. Selon les premières prévisions, le revenu des fermes françaises va reculer encore de 6,5%. Pour exprimer leurs attentes, leurs craintes et surtout leurs préconisations, ils se sont donc concertés pour la production de ce « livre-blanc » révélateur et inspirant.
De nombreuses proposition pour une PAC logique et rémunératrice
On y retrouve les contours précis de la future PAC, seule politique à même d’assurer, à ce jour, la pérennité de leur secteur :
• Maintenir à leur niveau actuel les aides couplées, dont dépend entièrement, aujourd’hui, la survie de leurs exploitations familiales. Et à travers elles, de l’ensemble des « biens publics » qu’elles génèrent.
• Renforcer l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) et la cibler sur l’élevage, pour mieux compenser les sur-coûts subis par les agriculteurs de massif, qui nuisent à la compétitivité de leurs produits.
• Rémunérer en priorité les services environnementaux réels et existants rendus par les exploitations herbagères et les surfaces pastorales (stockage de carbone, préservation de la biodiversité, …) dans le cadre du futur « schéma vert » («eco-scheme ») du premier pilier. En cohérence avec le Green Deal européen et la Convention Citoyenne pour le Climat, la première ambition de la PAC doit être de pérenniser les exploitations agricoles les plus durables !
• Maintenir l’éligibilité des surfaces agropastorales aux aides surfaciques en consolidant notamment les modalités de déclaration et de contrôle de ces surfaces qui prennent en compte leurs spécificités.
• Permettre aux exploitations de massifs de renforcer leur « autonomie » fourragère et protéique, à travers une conditionnalité principalement orientée vers cet enjeu.
• Garantir la présence d’actifs sur les territoires de massif à travers un paiement redistributif fort.
• Soutenir l’installation en zone de massif, à travers le maintien d’une majoration de la Dotation Jeunes Agriculteurs.
• Déployer, sur certains territoires, des aides utiles à l’accompagnement de la structuration de certaines filières pour la création de valeur ajoutée.
• Assurer le maintien d’aides à l’investissement spécifiques adaptées aux projets d’exploitations des territoires de massif, ciblées prioritairement vers la modernisation des bâtiments et les grands enjeux structurant de l’économie agricole de montagne.
• Doter les agriculteurs d’outils de gestion des risques efficaces, entièrement mutualisés, notamment en ce qui concerne le risque climatique.
Consultez le livre blanc : « Quelle politique pour l’agriculture de montagne dans la future PAC »