« Les Blaize, six générations d’herboristes » racontées dans un ouvrage par Martine Blaize-de Peretti : »Un livre testament car l’herboristerie que j’ai connue risque de disparaître »

Publié le 29 mars 2018 à  12h42 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h58

Rousse aux yeux verts, un présage pour les anciens, Martine Blaize-de Peretti en d’autres temps aurait bien pu être qualifiée de sorcière. Par chance, c’est une contemporaine, pharmacien-herboriste qui a su préserver le savoir de ses aïeux au sein de la célèbre herboristerie marseillaise « Le Père Blaize », une institution qui a célébré ses 200 ans en 2015. Depuis, elle a tiré sa révérence et vient de publier « Les Blaize: une dynastie, six générations d’herboristes depuis 1815 », un troisième ouvrage qui se distingue par le nombre de souvenirs, d’anecdotes, documents et conseils de santé à partir de savoirs accumulés au cours de ces 2 siècles consacrés à la phytothérapie et à l’aromathérapie.

Martine Blaize-de Peretti lors de dédicaces de son livre au sein de son ancienne Maison le
Martine Blaize-de Peretti lors de dédicaces de son livre au sein de son ancienne Maison le
C’est toujours avec émotion que Martine Blaize-de Peretti raconte «l’histoire de cette famille qui, depuis Toussaint Blaize, « le Père Blaize », en 1815, s’est consacrée à la médecine par les plantes, l’aromathérapie, comme on la qualifie aujourd’hui. Mais aussi pour montrer une profession, une connaissance des plantes qui ne cesse d’évoluer». Un ouvrage tout aussi plaisant qu’utile racontant l’évolution d’une famille, une saga en quelque sorte, qui s’est mise au service de la santé par les plantes. «Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la recette d’une telle longévité familiale. C’est simplement parce que depuis l’ouverture, de génération en génération on a soigné, conseillé, les enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants de ceux que soignait mon aïeul», explique-t-elle. «J’ai toujours vu le magasin plein depuis mon enfance, poursuit-elle, du fait notamment d’effets de modes et, aujourd’hui, d’une prise de conscience mondiale de la nécessité de se prendre en charge, de se soigner autrement». «Certains me disent en plaisantant , ajoute-t-elle, que nous soignons les bien-portants et ce n’est pas faux: nous faisons de la prévention, nous permettons aux personnes de rester bien portantes. Pour cela, il importe d’avoir une bonne hygiène de vie et de s’entretenir ou se soigner avec des tisanes ou des huiles essentielles qui, pour moi, représentent une médecine à part entière. Lorsque l’on veut agir vite et bien on utilise ces huiles, mais avec précaution, sous contrôle médical». «J’ai voulu, reprend-elle, évoquer les plantes disparues, apparues, celles dont l’utilisation a changé tel le cucurma qui était utilisé pour le foie jusqu’à ce que l’on se rende compte voilà quelques années que c’est un excellent anti-inflammatoire». Martine Blaize-de Peretti nous accorde cet entretien au sein du « Père Blaize » qu’elle a cédé en 2015 partageant maintenant sa vie entre Marseille et la Corse. Elle donne toujours des conseils et propose d’ailleurs dans son ouvrage les réponses aux demandes les plus fréquentes lorsqu’elle intervient en radio: acné, arthrose, cholestérol, conjonctivite, calculs rénaux, crampes, etc. Et c’est peu dire si elle est toujours autant connue et reconnue. Un souvenir lui revient: «J’étais jeune, je travaillais à la pharmacie. C’était l’été, un soir je prends le bus avec mes blouses pour rentrer à la maison. Tout à coup deux femmes reniflent, se regardent et se disent: « Tu ne trouves pas que ça sent Blaize? »» preuve d’une Maison solidement ancrée dans sa ville, Marseille, mais, qui très vite, a su s’exporter, notamment avec les missionnaires. Derrière les anecdotes, l’Histoire et après avoir mis en exergue le fait que l’aromathérapie ne cesse d’évoluer, Martine Blaize devient grave en déclarant: «Ce livre est aussi un testament car l’herboristerie que j’ai connue risque de disparaître du fait d’une perte des connaissances». Point de défaitisme dans son propos, plutôt une alarme: «Il est paradoxal de voir un engouement se développer alors qu’il y a une perte de connaissances à la suite de la suppression du diplôme en 1941. Alors il se met en place des pseudo-écoles, des pseudo-diplômes. Je précise que je n’ai rien contre ces gens qui, parfois, ont de réelles connaissances. Mais, les plantes, trop longtemps reléguées par le tout chimique, reviennent sur le devant de la scène et cela doit se faire de façon scientifique. Vous vous rendez-compte, des plantes ont été libérées voilà dix ans, elles peuvent être vendues mais sans que l’on puisse donner de conseils aux clients». La mise en garde est forte et à retenir. In fine, il s’agit d’un livre qui se lit avec plaisir, instructif et qui, à travers cette saga familiale porte à la fois les plantes et leurs bienfaits mais aussi une partie de l’Histoire de Marseille. Un ouvrage à prescrire sans modération…
Patricia MAILLE-CAIRE

« Les Blaize: une dynastie », de Martine Blaize-de Peretti chez Edisud – Prix 20€
L’auteure dédicacera son ouvrage le jeudi 12 avril à 17h30 aux Arcenaulx – 25, Cours d’Estienne d’Orves à Marseille (1er)

Martine Blaize-de Peretti et Cyril Coulard -qui a repris en 2013 l'herboristerie Le Père Blaize à Marseille-  lors de l'inauguration en 2015 de la plaque du bicentenaire de cette institution marseillaise (Photo Robert Poulain)
Martine Blaize-de Peretti et Cyril Coulard -qui a repris en 2013 l’herboristerie Le Père Blaize à Marseille- lors de l’inauguration en 2015 de la plaque du bicentenaire de cette institution marseillaise (Photo Robert Poulain)

Diaporama Robert Poulain

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