Publié le 10 juin 2018 à 21h02 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h49
Sabine Bernasconi, maire LR du 1er secteur, Présidente du Plie(Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi) Marseille-Provence Centre, Fabrice Alimi, vice-président de la CCI Marseille-Provence, délégué à l’Emploi et membre du Conseil d’administration de la Maison de l’emploi de Marseille et Pierre Allary, président du Conseil d’Administration d’Emergences association qui, depuis plus de 20 ans, anime le Plie Marseille-Provence Centre, viennent de dresser le bilan de leurs actions devant les députés LREM Saïd Ahamada et Mohamed Laqhila avec lesquels ils n’ont pas manqué de débattre de la pertinence et du coût des actions entreprises.
Un échange d’autant plus important que le cadre national et européen des dispositifs locaux d’insertion, d’emploi et de formation sont en train d’être rediscutés par le Gouvernement, le Parlement et l’Union européenne. Les discussions budgétaires qui en découlent posent des questions sur l’économie et la pérennité de ces actions et dispositifs clé. Sachant que, si la fin du financement des Maisons de l’emploi par l’État est programmée pour 2019, leurs actions se poursuivent…
«Si la situation de l’emploi s’améliore le noyau dur des exclus se durcit»
«Spécificités, entreprises et innovation sont les trois piliers du Plie, explique Sabine Bernasconi. Précisant: «car, il faut innover pour ramener des personnes vers l’emploi sachant que le public du Plie n’a cessé d’augmenter depuis cinq ans; car, force est de constater que si la situation de l’emploi s’améliore le noyau dur des exclus se durcit, d’où la nécessité d’avoir des programmes spécifiques et, les entreprises car, ce sont elles qui créent de l’emploi». «Aujourd’hui, observe-t-elle, nous ne dissocions plus l’emploi et le social, pourquoi ne pas fusionner des structures telles le Plie et la Maison de l’Emploi?». Pierre Allary se fait l’écho de la qualité du travail accompli par le PLIE. Les objectifs fixés ont, en effet, été atteints mais dépassés, tant sur les moyens que sur les résultats. Ainsi 5 910 personnes ont été accompagnées sur la période pour un objectif de 5 600 et 2 348 sont sorties positivement du PLIE avec des emplois de plus de six mois et des formations qualifiantes alors que l’objectif était de 2 200. Des résultats, est-il noté dans le rapport quinquennal: «qui ont été obtenus dans un contexte économique qui est resté atone sur la période 2013-2017, notamment pour les personnes de premier niveau de qualification».
Le public accompagné par le PLIE est constitué d’adhérents qui, pour 89% d’entre eux, ont un niveau inférieur ou égal au BEP/CAP
Pierre Allary ne cache pas sa satisfaction: «C’est la fierté d’Emergences d’avoir pu accompagner autant de personnes.». Il n’omet pas de signaler que le financement à hauteur de 50% provient de l’Europe: «Nous étions inquiets pour la pérennisation de ce système, nous le sommes un peu moins, le dispositif demeure et la France devrait en bénéficier». Rappelle que le public, accompagné par le Plie, est constitué de d’adhérents qui, pour 89% d’entre eux, ont un niveau inférieur ou égal au BEP/CAP. La répartition par genre est équilibrée, 55% d’hommes. Le public accompagné cumule les critères de fragilité en vue d’un accès à l’emploi: «Au-delà du niveau de formation, 33% arrivent au PLIE sans activité stable depuis plus de cinq ans, 60% sont bénéficiaires du RSA, deux tiers habitent les quartiers prioritaires de la Ville et la part des séniors, plus de 45 ans croît régulièrement pour atteindre 40% en 2017». Forte de son rôle de fédérateur, la Maison de l’Emploi poursuit et développe des missions d’accompagnement dans l’anticipation des mutations économiques, d’appui au développement de l’emploi local, d’animation territoriale. Elle est ainsi depuis plus de 10 ans au service du territoire, des entreprises et des actifs, aux besoins RH et en emploi, par une approche filières économiques et avec la méthodologie de Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences Territoriale (GPECT) dont elle est la spécialiste. A ce jour plus de 2 000 entreprises ont ainsi bénéficié de son expertise. Reconnue également pour sa gestion de la mobilité (qui constitue l’un des freins majeurs au retour à l’emploi), elle est tête de pont d’une centrale dédiée au public en recherche d’emploi et aux salariés en insertion. Elle propose et développe des services et des outils afin que la mobilité ne soit plus un frein au maintien et l’accès à l’emploi (5 800 personnes accompagnées) et dispose de conseillères dédiées à l’accompagnement des publics des quartiers prioritaires de la ville.
«Si le chômage est une question nationale et même internationale, les solutions sont locales»
Fabrice Alimi d’insister: «Si le chômage est une question nationale et même internationale, les solutions sont locales». Or, déplore-t-il: «Cela n’est pas entendu au niveau national». Et de prendre un exemple dans l’immobilier pour faire comprendre où se situe les blocages. «On a mis en place une réglementation thermique ce qui est une excellente idée. L’ennui c’est qu’elle est la même sur l’ensemble du territoire nationale alors que les conditions climatiques n’ont rien de comparables entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud». Puis d’en venir au territoire: «Il y a 470 acteurs, c’est un casse-tête. Chacun conserve son pré-carré, son financement. Il faut que cela évolue et, dans le cadre de notre rôle de fédérateur, nous faisons tout pour mettre en place plus de coordination, de transversalité et de visibilité». Il met en exergue la pertinence du parrainage: «Il s’agit de tendre la main, d’accompagner un jeune ou un moins jeune vers l’entrepreneuriat ou, le retour à l’emploi. Et cela marche, Au Canada ce système est entré dans les us et coutumes».
«Il n’existe peut-être pas assez d’outils pour mesurer l’impact des actions menées en matière d’emplois»
Sabine Bernasconi confirme le propos avant d’ajouter: «Mais certaines entreprises renoncent face à la complexité des démarches administratives. Une simplification favoriserait un retour vers l’emploi et des économies». Mohamed Laqhila prévient: «Les budgets de la politique de la ville et des territoires vont fortement baisser car, si des choses fonctionnent, d’autres sont moins pertinentes». Considère: «Il n’existe peut-être pas assez d’outils pour mesurer l’impact des actions menées en matière d’emplois. Nous allons simplifier mais je préférerais que nous dé-légiférions et nous devons arrêter de sur-interpréter les lois européennes ». Tandis que Saïd Ahamada avance: «L’emploi arrive en bout de course, il est précédé par l’éducation, l’environnement social et la mobilité. Partir sur un 11e plan banlieue aurait été une erreur. Il faut un changement de braquet et cela passe par le fait d’assumer une équité territoriale au niveau national. Cela passe par une co-construction, au plus près du terrain car, ce qui marche à un endroit ne fonctionnera pas forcément ailleurs».
«Nous sommes le premier et le seul Plie en France certifié Afnor»
Fabrice Alimi réagit sur les outils de contrôle qui serait insuffisants: «La culture du résultat, nous l’avons dans l’entreprise et nous savons que moins de chômeurs cela signifie moins de taxes pour les entreprises». Pierre Allary complète: «Nous accompagnons les personnes, nous vérifions quand une personne sort du chômage, nos chiffres sont donc tout à fait pertinents». «Nous sommes par ailleurs, ajoute-t-il, le premier et le seul Plie en France certifié Afnor et son action repose fondamentalement sur le triptyque : emploi-formation-accompagnement. Nous avons également lancé sur Marseille Provence Centre une équipe de « facilitateurs » afin de proposer aux donneurs d’ordre d’intégrer des clauses sociales dans leurs marchés. Le Plie, c’est enfin la création du 1er label local pour les entreprises qui s’engagent en faveur de l’insertion et de l’emploi : « Empl’itude ». A la fin de l’année, plus 100 entreprises locales seront labellisées pour leurs engagements sociétal, RH et solidaire».
Michel CAIRE