Rendez-vous était pris sur les plateaux de la Friche, ce samedi, pour le dernier concert d’une riche édition du festival « les musiques », puissant mélange d’un quatuor à cordes très classiquement formé et d’un trio de jazz expérimental et électrique. Autrement dit, le quatuor Béla et le Trio Jean-Louis, le tout au service exclusif de musique signées Benjamin de la Fuente.
Mais avant ce déferlement de décibels rageurs, il y avait eu vendredi au Temple Grignan un moment passé avec Françoise Rivalland, son cymbalum, ses « textes », partitions musicales et performance verbale, logorrhée d’onomatopées, borborygmes, éructations et autres phonèmes. Car la percussionniste avait choisi de s’exprimer en toutes formes de sons: pages de Schwitters, Aperghis, Kurtag, Beckett et Cage. Mais la musique n’est pas toujours où on l’attend. Absurdité souvent, emballement parfois, conviction et performance de mémoire et de diction toujours. Spectacle étonnant où les cordes vocales de l’artiste sont mises à rude épreuve mais, en quelques gestes, Françoise Rivalland donne vie à différents tableaux ou le cymbalum devient presque un moment apaisant;
Aucune paix avec la musique de Benjamin de la Fuente, tendue, intense, où la contrebasse peut devenir un élément de percussion, où le geste est souvent brutal mais qui peut aussi prendre des rythmes tendres, des modulations de la trompette. La sonorisation et le travail de la console viennent lier le tout. Bref, entre quatuor et trio, l’osmose se fait bien, les univers se heurtent mais s’incorporent. Réalisent ce que souhaitait Christian Sebille dans son petit mot de clôture, «inventer une société de demain… de partage». Avant de retrouver ce moment fort des « musiques » au printemps prochain et, tout au long de l’année les activités du Gmem-CNCM- Marseille.
Gisèle Féral