Publié le 14 avril 2021 à 19h39 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 15h51
Depuis début avril, c’est officiel : la SNCF a signé, auprès du constructeur ferroviaire Alstom, sa première commande française de trains à hydrogène pour le compte de quatre régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie. Douze trains sont donc prévus, dans un premier temps, pour une addition d’environ 190 millions d’euros.
Cette technologie consiste à remplacer les « historiques » moteurs diesels par des piles à combustible, des réservoirs d’hydrogène, et des batteries pour une traction sans émission de gaz à effet de serre. L’hydrogène stocké dans les réservoirs est mélangé à l’oxygène présent dans l’air ambiant, dans la pile à combustible située en toiture du train, pour obtenir de l’électricité. Par ce mélange, la pile produit l’électricité nécessaire à la traction de la rame. Au niveau de l’environnement, le seul résidu obtenu lord de cette réaction est… De l’eau !
Un moyen de transport propre qui a fait ses preuves
Ces rames, fabriquées par Alstom, dites « bimodes » peuvent aussi se brancher sur une caténaire, lorsque la voie est électrifiée. Elles sont composées de quatre voitures embarquant jusqu’à 218 passagers, à 160 kilomètres/heure, avec une autonomie de 400 à 600 kilomètres. «Le train à hydrogène, contrairement à la voiture à hydrogène, est une vraie réponse car c’est un transport à gros roulage qui effectue quotidiennement un certain nombre de kilomètres. En matière de business plan, c’est assez facile à modéliser. L’estimation est beaucoup plus aisée que pour un véhicule particulier», explique Ludovic Parisot, Directeur Régions Sud, Corse et Principauté de Monaco d’Engie.
Si en France, on parle là d’une réelle évolution, voire une révolution, chez les voisins allemands, ce moyen de transports est en circulation, depuis un moment déjà. «L’histoire des trains à hydrogène a commencé en Allemagne, dans la Forêt noire. On parle là de 6 lignes équivalentes à des TER, pour de la connexion entre Landers. Le concept a rapidement intéressé les Français, avec des élus qui ont commencé à se dire pourquoi pas nous», souligne Ludovic Parisot.
L’hydrogène la solution écologique à la place du diesel
En France, les premiers trajets sont programmés à partir de 2023 sur des lignes régionales dont l’électrification n’a pas été achevée ou destinées à être rouvertes. Tout cela dans une optique : éviter l’utilisation du train diesel, bien trop polluant. «Il ne faut pas faire l’erreur de le mettre en concurrence avec les lignes électriques, car les infrastructures sont déjà existantes et amorties. En revanche, dans le cadre d’une substitution de trains diesel, dont le coût d’installation d’une électrification serait vraiment très onéreux, il existe un réel créneau économique. Sans oublier, qu’il ne faut pas perdre de vue la dimension environnementale et le fait que l’hydrogène est infiniment plus propre», ajoute Ludovic Parisot. Le projet est donc sur les rails (sic) et six des quinze sites français d’Alstom participent à la livraison de la commande, dont Reichshoffen (Bas-Rhin) pour la conception et l’assemblage, et Tarbes (Hautes-Pyrénées), pour la technologie de traction hydrogène.
Un dossier complexe pas si évident à appréhender
Ce dispositif connaît un engouement de plus en plus important dans l’Hexagone ou la filière hydrogène est portée par un plan d’État de 7,2 milliards d’euros lancé en septembre 2020. Les Présidents de région se sont fortement intéressés au dossier, car ils restent sur des territoires ruraux, avec certaines zones non-électrifiées. Quid de la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur ? De source sûre, le dossier est à l’étude depuis un moment maintenant et certaines lignes ont clairement été identifiées. On pense notamment à celle de la Côte Bleue ou encore le Marseille-Briançon crachant «noir» dans les vallées.
Des hommes qui se connaissent bien
Cependant, il faut rester prudent, car ce n’est pas un marché simple entre le fait que l’Hydrogène reste une niche de marché et que la SNCF reste quelque peu frileuse sur ce « nouveau » sujet qu’elle ne maîtrise pas encore parfaitement. En somme, nous sommes encore dans une période d’hésitation, d’autant qu’il y a peu la Région était légèrement en froid avec la SNCF… Fort heureusement, Jean-Aimé Mougenot, anciennement patron des TER en PACA et fraichement promu au niveau national, connait bien… Renaud Muselier le Président de la région PACA, mais également des Régions de France. On peut donc aisément imaginer que cela contribue à une accélération sur ce dossier, même au niveau national.
Ce qui est en revanche certain, c’est qu’il faudra attendre encore quelques temps avant de voir circuler ces nouveaux trains dans le sud de la France « Les premiers qui ont signé auront un avantage conséquent sur les autres ! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il existe une saturation des lignes de production chez Alstom. Donc se seront les premiers servis », conclut le directeur d’Engie.
Mathieu Seller
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