Rien ne vaut une vie
Deux faits divers ont encore endeuillé Marseille, presque au même moment, le même jour, ce jeudi 9 mai. Même si dans les deux cas, un mort a été à déplorer, ils n’ont cependant pas eu droit au même traitement. Le premier homicide, dans le 15e arrondissement de Marseille, a fait la « Une » des médias avec moult détails et un rappel des différents assassinats ayant ensanglanté la cité phocéenne. Il vrai que ce « 6e mort de l’année » est un mineur de 17 ans. Il a été « criblé de balles dans sa voiture » et tout indique un règlement de compte. Manuel Vals, le ministre de l’Intérieur, s’est exprimé en pointant la mort d’un mineur et en excluant « toute forme de découragement face à la violence ». Le second, un homme de 34 ans, n’a pas survécu aux coups de couteaux dont il a été la victime, vraisemblablement « lors d’une rixe », à Noailles dans le 1er arrondissement, dont « on ignore les motifs ». N’ayant eu droit qu’à quelques lignes ou une brève citation, cette mort passe malheureusement inaperçue. Pourquoi ? Dans les deux cas, bien sûr, une enquête est en cours. Mais, en tant que citoyen, vivant à Marseille, et médecin de surcroît, je m’interroge. Quelle est la raison d’une telle différence d’intérêt ? Ces deux vies ne se valent-elles pas ? Serait-ce parce que l’une des affaires est « médiatique », renforçant encore plus l’image d’insécurité de la 2e ville de France, alors que l’autre paraîtrait un peu trop « banale » ? Ce n’est pas en appréhendant ainsi les choses que l’on résoudra le problème de la violence à Marseille. Il y a plusieurs causes et chacune doit être traitée avec des mesures appropriées, car chaque vie est précieuse.
Pr. Hagay Sobol