Il y a quelque mois, le Comité Nobel remettait sa prestigieuse distinction à l’Union Européenne (UE) pour sa contribution «depuis plus de six décennies à l’avancement de la paix et à la réconciliation, la démocratie et les droits de l’homme en Europe». Pourtant à la veille des élections européennes ses détracteurs sont de plus en plus nombreux et l’on anticipe une abstention record. A qui la faute, aux électeurs, aux hommes politiques, à l’Europe elle-même ?
A cette question complexe, et contrairement à certains esprits manipulateurs qui voudraient voir en la construction européenne la cause de tous les maux, nous sommes tous responsables de la situation actuelle !
C’est la faute aux électeurs ?
A force de vivre dans l’Union européenne, ce grand espace sans frontière et sans affrontement nous ne mesurons plus ce que cela a d’exceptionnel et ne voyons que les problèmes. Sans vraiment connaitre ses institutions, nous sommes prompts à condamner presque sans appel l’Union qui assure pourtant la stabilité si rare en cette période de grands tourments. Il n’est qu’à penser à la crise ukrainienne. Pour relancer l’économie, contrairement à ce que martèle le FN, ce n’est pas en sortant de l’Euro, par le protectionnisme ou le repli sur soi que nous serons plus compétitifs et produiront de la richesse. Ce faisant, nous perdrions de nombreux débouchés commerciaux, avec comme corolaire des pertes d’emploi en cascade.
C’est la faute des politiques ?
Il existe des Européens convaincus qui ont fait et continuent à faire l’Europe. Mais ils sont encore trop nombreux ceux pour qui ne comptent que les mandats nationaux. Si l’on veut restaurer la confiance des Français en la politique qui se décide à Bruxelles, si on veut les convaincre que l’on est plus fort à 27 que tout seul, c’est en mettant au sommet de la hiérarchie des postes politiques, les mandats Européens. Et en mettant tous les moyens et toute l’énergie nécessaire pour plaider nos dossiers devant les institutions européennes, ce que savent si bien faire nos amis britanniques qui ne sont pourtant pas les europhiles les plus convaincus.
C’est la faute à l’Europe ?
Pour la majorité des Français, l’Europe est une abstraction, un lieu d’où émane des règlements s’imposant en droit national et qui semblent détachés des réalités locales. Ainsi, l’Union est assimilée le plus souvent à une entité essentiellement administrative à vocation d’homogénéisation se faisant au détriment des pays, et à laquelle il est difficile de s’identifier. Cela génère en retour le rejet et une exacerbation des sentiments régionalistes et nationalistes.
Le paradoxe des élections européennes
Cependant, si l’Europe est devenue si distante et impersonnelle, c’est que nous n’en avons pas vraiment fait notre «Maison». Ce constat est valable aussi bien pour les électeurs que pour les élus. Si l’on mesure l’importance d’un scrutin à l’intensité de la campagne qui est menée, on est en droit de penser que l’élection qui se jouera le 25 mai n’est pas une priorité majeure. Dès lors, comment mobiliser les électeurs si on ne fait pas tout pour démontrer que se joue là notre avenir et que dans un monde globalisé, il ne peut plus se limiter à nos seules frontières ?
Le paradoxe est que si les démocrates semblent peu mobilisés, les extrêmes et les anti-européens de tous poils sont au contraire très actifs. On voit des alliances européennes de la haine se constituer utilisant la peur de l’UE comme levier fédérateur. A l’image du parti néonazi « Aube Dorée » en Grèce, l’avenir qu’ils nous réservent nous ferait revenir 60 ans en arrière à l’époque des nationalismes belliqueux responsables de deux conflits mondiaux et leur cortège de désolation.
L’absence d’une Europe forte, la cause de tous les maux !
Ce qui se passe en Ukraine ce n’est pas à cause de l’UE. C’est bien le contraire. Si l’Union était plus forte, ses États plus unis, en un mot une Europe plus crédible, Vladimir Poutine n’aurait jamais osé revendiquer la Crimée sous prétexte qu’il y a là-bas des habitants qui parlent le russe ! Que dirait-on si la France revendiquait à la Belgique et à la Suisse leurs régions francophones ? L’Ukraine est un État souverain siégeant à l’ONU, et en négociation avec l’UE. Nous devrions être en mesure de faire appliquer le droit international. Malheureusement c’est l’incohérence de notre politique étrangère conjuguée à l’insigne faiblesse de l’Amérique d’Obama qui donne des ailes aux nouveaux Tsars.
Le monde a besoin de règles et pour les faire respecter il faut des gendarmes. Pour ma part, même si je considère que le modèle européen est largement perfectible, je préfère de loin un gendarme partageant ses valeurs humanistes, plutôt que celui de Poutine ou de l’Iran.
Ce n’est qu’en nous investissant conjointement électeurs et élus que nous pourrons faire barrage aux extrêmes et que nous remettrons l’humain au centre des institutions. Aussi, ce 25 mai, c’est en tant que citoyen français responsable que j’irai voter pour une Europe forte, unie et solidaire des peuples qui la composent et de tous ceux qui aspirent à la rejoindre.