Publié le 9 avril 2015 à 13h47 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h48
Témoin et acteur de la vie politique et sociale en tant qu’historien et professeur des universités, auteur, entre autres, de plusieurs ouvrages sur l’immigration, Benjamin Stora qui a gardé de fortes attaches avec son ancestrale ville natale de Constantine, vient de publier «Les clés retrouvées» aux éditions Stock.
Un livre très intime qui ressuscite son enfance et sa propre histoire familiale depuis ce moment où il a retrouvé, dans un tiroir, après le décès de sa mère en 2000, « les clés», de l’appartement de famille de Constantine, quitté en 1962, lors de l’indépendance de l’Algérie. Sa mère avait jalousement gardé les clés. Pour que le départ ne soit pas définitif ? Pour ouvrir les portes de la mémoire? Une mémoire que Benjamin Stora met en partage. A travers ce récit, l’auteur raconte Constantine où il a grandi, son enfance, son itinéraire avec vue de l’intérieur du temps où enfant à peine âgé de 4 ans et demi -c’était en août 1955- des soldats français se sont installés dans la chambre de son appartement pour tirer sur des Algériens en contrebas de la rue. Il ne comprend pas. Mais avec le recul, ses souvenirs lui reviennent en mémoire. Rassemblés, il peut évoquer aujourd’hui mieux que quiconque l’image d’une coexistence pacifique et fraternelle entre les communautés juive, arabe, française qui ont façonné l’histoire de son pays où il est retourné le plus souvent possible. Benjamin Stora ne dissimule rien. La pertinence de son récit imprégnée d’une immense sensibilité profondément dosée n’est pas qu’une affaire de style. C’est avant tout une leçon d’humanité, dévoilant avec sincérité sa part de vécu. Avec ce livre, l’auteur vient d’offrir au grand public et avec ses mots à lui «ses souvenirs joyeux, visuels, colorés, sensuels» de son enfance juive à Constantine et au-delà son intégration en France.
Une histoire vraie, riche, mouvementée et généreusement ouverte depuis son enfance jusqu’à son installation en France. Aujourd’hui, toujours libre de parole et aussi exigeant envers lui même qu’envers les autres en tant qu’historien, Benjamin Stora conserve intacte cette élégance altière de l’écriture, se racontant dans ce livre avec modestie et humilité dans des pages bourrées d’anecdotes et de portraits comme celui qu’il fait de son père justifiant cette photo de la couverture de son livre pour avouer qu’«il se rappelle bien l’angoisse dans le visage de son père à côté de lui plutôt jovial et presque heureux.» Avec «les clés retrouvées et son enfance juive à Constantine», ce sont des mémoires nouvelles, sorties tout simplement d’un tiroir comme de sa mémoire car authentiques, forgeant sûrement des certitudes autour d’un certain espoir.
Jacky NAIDJA
*Benjamin Stora : Historien, Professeur des Universités, Président d’orientation du musée de l’histoire de l’immigration, est l’auteur de très nombreux ouvrages. Il a publié chez Stock: «La dernière génération d’octobre»(2003) «Les trois exils, juifs d’Algérie» (2006), «Les guerres sans fin» (2008) «Voyages en post colonies» (2012), «Le 89 arabe, dialogue avec E. Plenel» (2011) et «Camus brûlant», avec JB Péretié (2013).