L’OP du Levant invite à consommer du poisson local

L’Organisation des Pêcheurs Producteurs (OP) du Levant, coopérative maritime, acteur incontournable de la filière pêche sur le littoral méditerranéen était présente à la Foire de Marseille pour promouvoir les engagements sociaux, environnementaux et économiques d’une filière en transition et engagée. Les pêcheurs veulent être un acteur impliqué de la souveraineté alimentaire. Ils ont présenté leurs actions, leurs ambitions avec Christophe Madrolle, président de la Commission Biodiversité, mer et littoral, Parcs Naturels Régionaux, Risques de Provence-Alpes-Côte? d’Azur qui a insisté sur l’importance de cette filière.

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C’est en présence de Christophe Madrolle que L’Organisation des Pêcheurs Producteurs (OP) du Levant a présenté les engagements sociaux, environnementaux et économiques d’une filière en transition et engagée (Photo Michel Caire)

Franchement, les membres de l’OP du Levant ont la pêche pour défendre leur profession, souligner la qualité des produits qu’ils proposent et leur inscription dans une logique de développement durable. Mettre en avant l’engagement des pêcheurs et structurer la filière pêche en Méditerranée sont les missions premières de la coopérative maritime du Levant. Cette jeune Organisation de Producteurs, présidée par Daniel Defusco et dirigée par Clara Hénissart, avec Jean-Gérald Lubrano comme secrétaire général, regroupe aujourd’hui plus d’une centaine de pêcheurs.

Créée en 2019 à l’initiative d’un groupe de pêcheurs, elle assure la gestion et une aide à la commercialisation des produits de la pêche garantissant les intérêts économiques de ses adhérents. Force vive et ambassadrice d’une nouvelle génération de pêcheurs, elle se mobilise pour promouvoir une pêche durable.

A son échelle, l’organisation de producteurs participe à la souveraineté alimentaire de son territoire. Jean-Gérald Lubrano indique : « Nous avons créé cette structure pour combler l’absence d’organisation de producteurs en Région Sud  et en Corse ». Il insiste sur la dimension développement durable indiquant que la profession est impliquée dans l’application des quotas de pêche, quotas qui ont eu un rôle prédominant pour la reconstitution du stock et la préservation de l’espèce du thon rouge en Méditerranée ».

Christophe Madrolle rappelle que « la filière de la pêche c’est du développement durable, c’est de l’emploi. C’est un secteur que nous soutenons avec la Région. Il faut consommer des poissons de la Méditerranée pêchés dans le respect des normes sociales et environnementales par nos pêcheurs ». Il insiste sur la différence qui existe entre la Méditerranée et l’océan : «Sur nos rives il n’y a pas de gros bateaux». Affirme lutter depuis des années, auprès de l’État, pour obtenir une reconnaissance de cette spécificité et des soutiens plus importants : «Car la Bretagne et la façade Atlantique bénéficient de soutiens bien plus importants que la Méditerranée ». Il conclut en évoquant l’importance « de créer, sur le site de Saumaty, un village des pêcheurs incluant la mise en place d’une filière de transformation du poisson».

Pas de fritures sur la ligne pour Didier Ostré, le directeur du Marché d’intérêt national (MIN) : « En plus de maintenir l’activité de pêche qui souffre, l’idée est de développer d’autres projets pour recréer une filière de pêche » Il met l’accent sur deux points : « Le poisson est la ressource la plus contrôlée en Méditerranée et la pisciculture n’est pas encore positive sur un plan écologique ». Daniel Defusco confirme que les pêcheurs travaillent avec des scientifiques pour préserver la ressource : « Mais quand un poisson est en danger on tape sur les pêcheurs alors que, par exemple, en ce qui concerne les anguilles, 18% de la mortalité est liée à la pêche et donc 82% à d’autres facteurs. Est-il normal de ne regarder que la pêche ? ».

Christine Poncharreau-Amsellem, armatrice du port de Carro (13), présidente du comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Paca est également présente. Elle soulève un autre problème : « Nous n’avons pas une criée aux poissons dans la région. Et la journée du pêcheur commence à 2-3 heures du matin. Il part tirer les filets, prend le poisson, le conditionne, remet les filets, rentre au port. Une nouvelle journée commence, la vente directe aux clients pour nous sur le port de Carro et la livraison des restaurants, sans oublier les documents à remplir ». Elle insiste sur l’importance d’avoir une criée. Elle pourrait voir le jour à Saumaty. « Les pêcheurs doivent pouvoir ramener la pêche du jour, la vendre sur place, mais aussi la transformer en cas de surproduction, pour la congeler ou la conditionner en bocaux » considère Gérald Lubrano.

Didier Ostré rappelle qu’au MIN : « Nous travaillons avec les pêcheurs sur le développement de l’activité pêche.» Annonce être favorable «au développement de la distribution mais aussi à la création d’une activité transformation et à la congélation. La métropole nous a demandé de travailler sur l’achat de friche, à côté de Saumaty ». Des locaux qui permettraient de développer ces nouvelles activités mais aussi d’accueillir une formation aux métiers de la pêche qui manque actuellement dans la région Sud. Une opération qui devrait voir le jour en 2025.

Michel CAIRE

Une pêche de bon thon

La filière de la pêche au thon rouge s’est transformée en utilisant de nouvelles technologies et règlementations qui ont permis de concilier ressources marines et ressources humaines. « Nous sommes passés de l’ère de la surproduction à celle de la précision », précise Jean-Gérald Lubrano, producteur de thon rouge, gérant de l’armement familial Lubrano et auteur du documentaire « Pêcheur 2.0 ». La pêche au thon rouge est florissante aujourd’hui. L’OP du levant souhaite obtenir l’écolabel FranceAgriMer. Promouvoir les circuits courts.

Les pêcheurs, maillons essentiels de la chaîne alimentaire, favorisent le circuit court en adoptant un modèle économique centré sur la proximité. De l’étal des marchés aux restaurateurs, en passant par les mareyeurs, ils valorisent les produits locaux issus de la pêche méditerranéenne. En ce sens, l’OP du Levant fourmille de projets qui verront le jour en 2025 : distributeur automatique pour faciliter la vente auprès des consommateurs sur tout le littoral méditerranéen ou encore, monpecheurdulevant.fr, plateforme de commercialisation entre les pêcheurs et les consommateurs. A son échelle, l’organisation de producteurs participe à la souveraineté alimentaire de son territoire.

M.C.

 

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