C’est à Lorient le 2 mars au théâtre Le City que Gwendal Audrain jouera « Ego »pièce qui raconte l’histoire d’un garçon qui a du mal à se remettre de sa rupture amoureuse avec celle qu’il croyait être la femme de sa vie.
« Être comédien fait-il de moi un artiste ? », s’interroge Gwendal Audrain dès les premières lignes de son livre « Musotio » Il s’agit ici pour lui de répondre à la question de la place de l’artiste interprète dont il se représente parfois l’activité de comédien de quatre façons : « Je suis un comédien « industriel », dit-il, lorsque j’accepte de pratiquer mon activité dans des projets qui laissent peu de place à la recherche et à l’interprétation et dans lesquels le comédien réalise davantage un travail robotique que réellement créatif. Ces projets peuvent être amateurs comme professionnels ». «Je suis un comédien « artisan », poursuit-il, lorsque je m’inscris dans des œuvres qui vont me demander de travailler mon personnage et d’affiner mes émotions. Je suis un un comédien « artiste » lorsque je ne prends pas part aux projets précédents mais que je crée de nouvelles choses pour moi et par moi-même avec l’ambition peut-être, un jour de rendre ce travail public et en me questionnant continuellement sur ce que je produis. » Et Gwendal Audrain de conclure non sans humour : « Je suis un comédien « rien du tout » lorsque je ne fais rien des choses précédentes. Lorsque je me dis être comédien mais que je ne le fais pas. Lorsque je me mens à moi-même et aux autres. »
« Créer, jouer, partager »
École de commerce à Rennes, séjour en Australie, Gwendal Audrain, né le 17 juillet 1982 a suivi une école de comédien s’appelant « L’entrée des artistes » dirigée par Olivier Belmondo le neveu de Jean-Paul. Sorti diplômé en 2011, il a participé à de nombreux courts métrages de structure commerciale, et a mené à bien de multiples projets. « Passionné par le jeu, je m’épanouis dans le travail de recherche que tout comédien se doit de mener par lui-même. Cette recherche personnelle n’empêche en rien la mise en place d’une collaboration de travail fructueuse avec son réalisateur / metteur en scène. La confiance liant un réalisateur à son comédien fait d’ailleurs partie des réelles gratifications apportées par ce métier. Cette confiance je souhaite la gagner sur chaque projet à travers mon professionnalisme, ma créativité, mon envie de me mettre au service d’une œuvre et d’un personnage. Passionné par l’art du Jeu, donc, l’acting est vraiment au cœur de l’ensemble de mes projets artistiques. Mon travail d’acteur passe par un goût prononcé pour la liberté de création, la recherche, le développement, la découverte, la prise de risque… Ainsi « Musotio » qui a donné naissance à un spectacle et un livre» , explique-t-il.
Puis insistons sur «Ego». C’est ici un dialogue entre le cœur et la raison et Gwendal Audrain y joue deux personnages : Jack Cœur et Jack Raison tandis que la comédienne Anne Fischer y incarne le souvenir de son ex. Jack est écrivain, et il aime mettre en scène ses histoires. Mais pourquoi ce titre Ego ? « J’ai toujours été fasciné, explique Gwendal Audrain, par le fait que lors d’une rupture amoureuse, on considère ce fait intime comme l’événement le plus important du monde. Tout tourne ici autour de Jack. Il est obsédé par sa souffrance. Il donne corps à une symphonie pathétique. Il souffre sur scène. J’y joue tous les personnages (entre huit et dix) accompagné par Anne, magnifique comédienne. »
« Être artiste, c’est transmettre des émotions »
Infatigable Gwendal Audrain fourmille d’idées. « Je pense qu’être artiste, c’est transmettre une émotion à quelqu’un d’autre par le medium du corps. Dans l’art il y a une promesse parfois impossible. J’aime l’émotion pure », indique ce passionné des Beatles, admirateur du comédien Daniel Day Lewis, et grand lecteur de Balzac, Hugo, Zola, ces auteurs qui ont su par leurs œuvres garder un lien social avec les gens. Mélanger plusieurs arts, tels que le cirque, la comédie, la photo, la danse, la poésie, avec cette idée que l’erreur demeure de vouloir plaire à tout prix au public, cet homme écrivain dans l’âme a fait de l’Ego de son narrateur une touchante expression de soi… qui ne demande qu’à entrer en communion avec autrui.
Jean-Rémi BARLAND