Publié le 24 mars 2013 à 2h00 - Dernière mise à jour le 10 août 2023 à 10h48
Pas question de faire escale à Borély !
Si la pluie, le froid et le vent ont découragé les spectateurs, ils n’ont en rien rafraichi les ardeurs des milliers de concurrents du marathon de Marseille.
Il est neuf heures moins vingt ce dimanche 24 mars à l’Escale Borély. A cette heure matinale les premiers concurrents du marathon de Marseille n’ont pas montré le bout de leurs baskets. Pourtant, tout est déjà prêt pour les accueillir entre le « point éponjage », installé devant le « Quick » et le point ravitaillement de l’autre côté de la route, qui a pris place à la sortie de la boucle que les coureurs effectueront dans le Parc Borély. La pluie, le froid et le vent ont découragé les spectateurs. Car les personnes qui se sont mises à l’abri sous le porche du « Quick » ne sont autres que celles chargées de tenir le « point éponjage » et de tendre à chaque concurrent une éponge pour se rafraîchir, bien que le temps semble déjà y suffire largement. De l’autre côté, les « tee-shirts orange » ont moins de chance : pas d’abri à l’horizon et c’est sous la flotte qu’ils attendent les coureurs au point ravitaillement.
Mireille, Stéphanie, Claudine, Agnès et Chloé ont quant à elles choisi de se mettre à l’abri à l’arrêt de bu « Hippodrome Plage ». « On vient participer. On attend du relais. Nous sommes les 3e relayeuses de notre équipe », clament-elles en cœur. Elles courront ainsi 10 km, de l’hippodrome Borély au théâtre de la Criée, avant de transmettre à leur tour le flambeau à la dernière relayeuse, qui en ira quitte pour 12,195 km avec une arrivée sur le Vieux-Port. En attendant, elles se sont mis à l’abri de la pluie, ce qui ne les empêchent d’encourager « les copines qui vont passer ». Avant d’entrer en piste, chacune est confiante, même si Mireille est le seul qui avoue s’être préparée pour ce relais. « J’ai fait la course une première fois l’an dernier. J’espère faire 50 minutes », précise-t-elle.
« On est venu pour se faire plaisir »
Stéphanie, qui court ce relais pour la première fois, a pour sa part fixé son objectif à « 58 minutes ». Ce sera un baptême du feu pour Agnès qui s’est fixé un objectif d’« à peu près une heure ». « Je n’ai pas fait cette course, mais j’en ai fait d’autres, j’ai l’habitude de courir. On est venu pour se faire plaisir. Avec le soleil ce serait plus agréable. Là, ça décourage un peu pour l’année prochaine », souligne-t-elle. Même si elle se souvient du très beau soleil qui a accompagné sa première l’an dernier, Mireille n’a pas d’état d’âme. « On n’a pas le choix », résume-t-elle. Il faut dire qu’elle en a vu d’autres. « Je me souviens d’un Marseille-Cassis, vers 2004-2005, il y avait ça d’eau dans Cassis, se souvient-elle en mimant avec ses mains. Juste au virage, il y avait un courant d’eau. J’ai été emportée. Heureusement, deux personnes m’ont retenue. » Claudine se rappelle elle aussi d’un Marseille-Cassis sous la pluie, « il y a 3-4 ans ». « C’était pas très plaisant », se remémore-t-elle.
Il est à peine lorsque les quatre Ethiopiens, qui ont dominé la première heure de course, passent devant le Quick de l’Escale Borély. A l’image de la majorité du peloton de tête, ils n’ont pas une geste pour les éponges que leur tenaient les bénévoles au « point d’éponjage ». « Leur donner une éponge pour se rafraîchir avec ce temps-là, faudra m’expliquer le concept », ironise l’un d’eux. Soudain, un coureur saisit enfin l’éponge miracle saisie par une jeune fille. « Il l’a pris parce que c’était une fille », renchérit-il. A deux pas de lui un spectateur est inquiet alors que les vingt premiers sont passés. « Je n’ai toujours pas vu mon copain. D’habitude, s’il est court, il est dans les meilleurs, et là il n’est pas encore passé », s’inquiète-t-il.
« Les mecs sont courageux »
Plus loin, Issam regarde les concurrents passés, installé au volant de son camion. Cela fait déjà longtemps que sa matinée à commencer. « Comme toutes les années, je fais le ravitaillement. On commence à 4 heures du matin où on se rend à un lieu de chargement à Vitrolles. Et on nous donne un « point d’éponjage » et un « point de ravitaillement » à desservir », témoigne l’employé de la société Fan Transports, sous-traitant sur la course de la société MB Trans. Et la matinée d’Issam est encore loin d’être finie. « On est ensuite obligé de rester sur place pour laisser la course passer sans la perturber. Après que le dernier soit passé, on commencera à tout ranger », précise-t-il. De la cabine de son camion, il est impressionné. « Les mecs sont courageux. Je ne cours pas mais ça donne envie », sourit-il.
De l’autre côté de la route, au point ravitaillement, Denis du Club des Coureurs de Couteron et Puyricard (CCCP), « un club de copains », vient d’en finir avec son relais. Il est satisfait de son temps « 37 minutes 19 secondes » pour faire les 10 km du rond-point du Prado à l’hippodrome de Borély, via l’Obélisque de Mazargues et une boucle vers la pointe Rouge. « Dans mon équipe, on a mis les deux meilleurs relayeurs au début. Maintenant, ça va aller moins vite », témoigne le coureur, vite saisi par le froid une fois l’effort achevé. « Chez nous, c’est l’inverse, les meilleurs sont à la fin », enchaîne Guillaume de l’Athlétic Club Miramas qui vient d’en finir en 37 minutes 2 secondes. Ce militaire de la base d’Istres a taillé la route avec Benoit, du bataillon des Marins-Pompiers de Marseille. Arrivé depuis seulement un mois dans la cité phocéenne, il a agrémenté son baptême du feu d’un chrono très correct en 37 minutes 5 secondes.
Derrière les premiers gros bataillons du peloton commencer à débouler sur l’Escale Borély alors que les quatre Ethiopiens ont depuis longtemps déjà tourné les talons après leur boucle dans le Parc Borély. Mais les encouragements plus pressants des bénévoles qui tiennent les stands ne s’y trompent : tous sont à féliciter et forcent le respect.
Serge PAYRAU