Publié le 14 décembre 2022 à 7h32 - Dernière mise à jour le 20 décembre 2022 à 16h22
Carlos Verkaeren, président du directoire de Scopelec, revient, dans l’entretien qu’il vient d’accorder à Destimed, sur l’incompréhension qui est la sienne face à la décision d’Orange d’écarter Scopelec des marchés de sous-traitance sur le territoire national. En effet, le 2 décembre le groupe avait annoncé qu’il allait apporter son soutien au projet de reprise de Scopelec qui est « Newscope ». Projet porté par 70% des salariés et l’actuel président du directoire Carlos Verkaeren qui met en avant la solidité du projet, avec des atouts qu’est bien loin de présenter celui qui aurait les faveurs d’Orange, un fonds de pension britannique.
Destimed: peut-on faire un point sur l’évolution du dossier?
Carlos Verkaeren: Le revirement d’Orange priverait notre entreprise d’une part importante de son activité avant même que l’offre de Newscope ait pu être étudiée par le Tribunal de Commerce de Lyon. Et cela, alors que nous avons le dossier le plus solide tant sur un plan économique, social, juridique qu’opérationnel mais aussi en termes d’innovation et au niveau environnemental. Et, contrairement à notre concurrent, nous avons les effectifs, le savoir-faire permettant de reprendre l’activité immédiatement.
Mais qu’en est-il sur le plan financier?
Nous disposons de fonds propres avec l’apport de 1M€ des salariés de Scopelec, 1M€ apporté par les Scop de France, les Unions Régionales et les fédérations, un 1M€ émanant des outils financiers de la Confédération nationale des Scop, une levée de fonds réalisée en un temps record, et un million de la région Nouvelle-Aquitaine. Et, nous sommes éligibles au dispositif d’aide à la création ou à la reprise d’une entreprise (Acre) qui consiste en une exonération partielle de charges sociales, dite exonération de début d’activité, et un accompagnement pendant les premières années d’activité. Ce qui représenterait, là encore, un million d’euros. Et nous avions un accord avec le groupe Orange qui devait nous aider au redémarrage. Tout ceci nous permettant d’avoir un objectif de 17 millions d’euros de trésorerie en 2023. J’ajoute que le plan de financement a été validé par l’un des plus grands cabinets indépendants de conseil financier en France.
Les salariés vous suivent-ils vraiment?
Mais bien sûr, on le voit encore une fois avec le million que les salariés sont prêts à investir. 70% des salariés sont d’accord pour poursuivre leur activité dans une entreprise dont ils détiendront 51% des parts.
Mais comment analysez-vous ce revirement d’Orange?
Je ne la comprends tout simplement pas. Scopelec existe depuis cinquante ans et, depuis toujours, nous sommes partenaires d’Orange. Surtout, nous sommes compétents, là encore ce n’est pas nous qui le disons mais les indicateurs de qualité qui nous classent dans la bonne partie du peloton. J’ajoute que nous allons devenir la première Scop de la région Sud avec 341 salariés.
Comment qualifier alors ce choix qui serait fait ?
Je n’ai pas peur de le dire, il s’agit d’un choix de société, d’un choix politique entre une entreprise détenue par un fonds de pension britannique qui ne pourra pas reprendre l’activité immédiatement et une Scop qui, grâce à son alliance avec Quintus – un acteur des télécoms qui va reprendre une partie de l’activité de Scopelec- nous allons conserver 95% des salariés.
Vous avez donc l’offre la plus pertinente sur le plan social?
Oui, mais cela va bien au-delà, nous sommes une Scop, nous sommes donc avant tout une entreprise et nous avons le projet le plus solide en tant qu’entreprise. La seule différence c’est que nous, nous redistribuons nos bénéfices à nos salariés. Nous avons un savoir-faire que nous cultivons puisque nous avons un centre de formation en interne et si nous voulons toujours travailler avec Orange nous voulons aussi devenir un acteur de l’économie verte en installant des bornes électrique sur l’ensemble du territoire national. C’est un projet ambitieux, solide, qui s’inscrit dans la lutte contre le réchauffement climatique et pour lequel nous allons embaucher entre 100 et 200 personnes dans les deux ans.
Propos recueillis par Michel CAIRE